L’importante contribution à la victoire des Alliés pendant la Seconde Guerre mondiale a permis à l’URSS de devenir une puissance de premier plan. Le changement d’attitude des autorités soviétiques à l’égard de l’Église orthodoxe russe a aussi permis un retour du patriarcat de Moscou, affaibli après la révolution russe. L’effort de mobilisation de la population s’est traduit par la fin des persécutions religieuses (du moment que les autorités religieuses n’appellent pas à des activités anti-soviétiques), avec notamment la reconnaissance de l’autocéphalie de l’Église géorgienne.
Sur un plan plus concret, le régime soviétique entend utiliser l’orthodoxie pour éviter que la religion ne devienne une source de contestation. Après l’annexion des pays baltes en 1940, l’URSS interdit les Églises locales rattachées au patriarcat de Constantinople et rétablit l’autorité du patriarcat de Moscou à travers un exarchat balte, dont l’autonomie de façade est supprimée lors de la reconquête de la région en 1944. Lors de l’effondrement de l’URSS, cela crée un conflit de juridiction en Estonie, dont le gouvernement autorise la réinstallation de l’Église orthodoxe rattachée à Constantinople et qui ne peut être soupçonnée de favoriser l’influence russe dans le pays.
La situation en Ukraine pendant l’occupation allemande montre bien les enjeux de cette question. Les Allemands ont mis en place un Commissariat du Reich (Reichskommissariat Ukraine) qui n’a pas pour objectif la création d’une Ukraine indépendante, mais la préparation de la colonisation allemande de la région. Du coup, ils passent à côté des problèmes religieux des Ukrainiens. Coupée de Moscou par l’invasion, la hiérarchie dépendant du patriarcat de Moscou s’organise localement dans l’esprit du précédent de 1920. On assiste aussi à une réinstallation de l’Église autocéphale ukrainienne avec l’aide de l’Église orthodoxe polonaise, et même à un rapprochement des deux hiérarchies ukrainiennes concurrentes. La reconquête de l’Ukraine par l’Armée rouge rétablit l’autorité du patriarcat de Moscou.
À la fin de la guerre, l’URSS fait du patriarcat de Moscou la seule autorité religieuse légitime du pays — sauf en Géorgie, où l’Église géorgienne a été autorisée en 1943 — ce qui entraîne des frictions avec l’Église roumaine, qui a étendu son autorité sur la Bessarabie (la République socialiste soviétique moldave pour l’URSS) pendant l’Entre-deux-guerres. On retrouve la politique menée lors de l’expansion de l’Empire russe, en particulier à l’égard des Églises dites uniates, qui sont contraintes de réunir des synodes de retour à l’Église orthodoxe, et ne survivent que dans la clandestinité et la diaspora. Cette politique est étendue à toute la zone d’influence soviétique : seules la Hongrie et la Yougoslavie laissent exister ces Églises. Néanmoins, l’URSS limite l’influence du patriarcat de Moscou à ses frontières : les orthodoxes de Tchécoslovaquie sont ainsi regroupé dans une Église spécifique, dont l’autocéphalie est proclamée par le patriarche de Moscou en 1951 ; elle n’est reconnue par Constantinople qu’en 1998.
On observe aussi une baisse des tensions au sein du monde orthodoxe : en 1945, la réconciliation entre le patriarcat de Constantinople et l’Église bulgare met fin au schisme bulgare qui dure depuis 1872 et permet la restauration du patriarcat de Bulgarie.
Cette carte a été élaborée comme support des cours et formations de l’Institut européen en sciences des religions.
Projection | projection azimutale équivalente de Lambert |
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Centre | 51°N et 35°E |
Datum | WGS 84 |
Hydrographie (côtes, cours d’eau, lacs) | GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database) Natural Earth |
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