Les annexions soviétiques 1939-1940
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L’importante contribution à la victoire des Alliés pendant la Seconde Guerre mondiale a permis à l’URSS de devenir une puissance de premier plan. Le changement d’attitude des autorités soviétiques à l’égard de l’Église orthodoxe russe a aussi permis un retour du patriarcat de Moscou, affaibli après la révolution russe. L’effort de mobilisation de la population s’est traduit par la fin des persécutions religieuses (du moment que les autorités religieuses n’appellent pas à des activités anti-soviétiques), avec notamment la reconnaissance de l’autocéphalie de l’Église géorgienne.
Sur un plan plus concret, le régime soviétique entend utiliser l’orthodoxie pour éviter que la religion ne devienne une source de contestation. Après l’annexion des pays baltes en 1940, l’URSS interdit les Églises locales rattachées au patriarcat de Constantinople et rétablit l’autorité du patriarcat de Moscou à travers un exarchat balte, dont l’autonomie de façade est supprimée lors de la reconquête de la région en 1944. Lors de l’effondrement de l’URSS, cela crée un conflit de juridiction en Estonie, dont le gouvernement autorise la réinstallation de l’Église orthodoxe rattachée à Constantinople et qui ne peut être soupçonnée de favoriser l’influence russe dans le pays.
La situation en Ukraine pendant l’occupation allemande montre bien les enjeux de cette question. Les Allemands ont mis en place un Commissariat du Reich (Reichskommissariat Ukraine) qui n’a pas pour objectif la création d’une Ukraine indépendante, mais la préparation de la colonisation allemande de la région. Du coup, ils passent à côté des problèmes religieux des Ukrainiens. Coupée de Moscou par l’invasion, la hiérarchie dépendant du patriarcat de Moscou s’organise localement dans l’esprit du précédent de 1920. On assiste aussi à une réinstallation de l’Église autocéphale ukrainienne avec l’aide de l’Église orthodoxe polonaise, et même à un rapprochement des deux hiérarchies ukrainiennes concurrentes. La reconquête de l’Ukraine par l’Armée rouge rétablit l’autorité du patriarcat de Moscou.
À la fin de la guerre, l’URSS fait du patriarcat de Moscou la seule autorité religieuse légitime du pays — sauf en Géorgie, où l’Église géorgienne a été autorisée en 1943 — ce qui entraîne des frictions avec l’Église roumaine, qui a étendu son autorité sur la Bessarabie (la République socialiste soviétique moldave pour l’URSS) pendant l’Entre-deux-guerres. On retrouve la politique menée lors de l’expansion de l’Empire russe, en particulier à l’égard des Églises dites uniates, qui sont contraintes de réunir des synodes de retour à l’Église orthodoxe, et ne survivent que dans la clandestinité et la diaspora. Cette politique est étendue à toute la zone d’influence soviétique : seules la Hongrie et la Yougoslavie laissent exister ces Églises. Néanmoins, l’URSS limite l’influence du patriarcat de Moscou à ses frontières : les orthodoxes de Tchécoslovaquie sont ainsi regroupé dans une Église spécifique, dont l’autocéphalie est proclamée par le patriarche de Moscou en 1951 ; elle n’est reconnue par Constantinople qu’en 1998.
On observe aussi une baisse des tensions au sein du monde orthodoxe : en 1945, la réconciliation entre le patriarcat de Constantinople et l’Église bulgare met fin au schisme bulgare qui dure depuis 1872 et permet la restauration du patriarcat de Bulgarie.
Cette carte a été élaborée comme support des cours et formations de l’Institut européen en sciences des religions.
Projection | projection azimutale équivalente de Lambert |
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Centre | 51°N et 35°E |
Datum | WGS 84 |
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Le retour du patriarcat de Moscou Read More »
Pendant l’Entre-deux-guerres, l’orthodoxie et les Églises orthodoxes ont connu de profondes réorganisations. La Première Guerre mondiale s’est achevée dans d’importants troubles liés à l’effondrement des grands empires multinationaux (Russie, Autriche-Hongrie, Empire ottoman), qui laissent place à des États-nations. La conception qui lie autocéphalie et souveraineté complète, est toujours à l’œuvre. Cette fois-ci, c’est l’Église russe qui perd le plus, avec une tentative du patriarcat de Constantinople pour reprendre la main.
Dans les Balkans, le processus qui a commencé un siècle auparavant s’achève. L’Église autocéphale albanaise est constitué en 1922. Depuis la fin du XIXe s., les orthodoxes albanais s’efforcent de créer une expression albanaise de l’orthodoxie pour qu’on cesse d’assimiler orthodoxes et Grecs, dans un contexte où l’Albanie indépendante doit faire face à l’irrédentisme grec et à la présence d’une importante minorité grecque dans le sud du pays. Le patriarcat de Constantinople reconnaît cette autocéphalie en 1937.
La création du Royaume des Serbes, Croates et Slovènes (qui devient Yougoslavie en 1929) permet l’extension de l’influence de l’Église serbe. En 1920, elle absorbe le patriarcat de Karlowitz (Carlovci), créé en 1848 par l’Autriche pour superviser l’Église serbe présente dans l’empire des Habsbourgs. Le métropolite de Belgrade prend alors le titre de patriarche serbe.
Dans le même ordre d’idées, le métropolite de Bucarest est élevé à la dignité de patriarche en 1925. En revanche, la situation de l’Église bulgare ne change pas du fait de la brouille entre l’exarque bulgare et le patriarche de Constantinople.
Les bouleversements les plus importants se produisent dans l’Église russe. À l’occasion de la révolution, l’Église russe procède à l’élection d’un patriarche, ce qui ne s’était pas produit depuis 1700, lorsque Pierre le Grand avait interdit qu’on élise un nouveau patriarche. La guerre civile (1918-1921) et l’offensive anti-religieuse du nouveau pouvoir conduisent le patriarche Tikhon (r. 1917-1925) à prendre une décision fondamentale. Le 7 novembre 1920, il autorise les évêques coupés du patriarcat à prendre localement les mesures nécessaires au bon fonctionnement de leur Église en attendant la normalisation de la situation. Cela conduit certaines Églises situées sur le territoire russe en 1914, mais en dehors de la Russie soviétique, à s’organiser en Églises autonomes. Les Églises finlandaise, estonienne et lettonne choisissent de se rattacher au patriarcat de Constantinople en échange du maintien de leurs traditions. C’est l’origine du conflit de juridiction sur l’Estonie qui a opposé Constantinople et Moscou et entraîné une brève rupture en 1996.
L’Église orthodoxe polonaise obtient l’autocéphalie en 1924. C’est un élément important pour le bon fonctionnement de l’Église, dans un contexte où l’État polonais restauré prend le contre-pied de la politique menée lors de la domination russe en soutenant le catholicisme, y compris l’Église grecque catholique, qui connaît un renouveau, et où les orthodoxes appartiennent surtout aux minorités nationales (Biélorusses et Ukrainiens) de l’Est du pays. Dans le tómos (décret) qui accorde l’autocéphale à l’Église orthodoxe polonaise (13 novembre 1924), le patriarche de Constantinople, Grégoire VII, développe une argumentation qui a des conséquences à long terme. Il rappelle d’abord que la tradition de l’Église orthodoxe est que l’Église s’adapte aux réalités politiques et administratives de son temps. Surtout, il affirme que la métropole de Kiev (dont est issue la métropole de Pologne) a été séparée du patriarcat de Constantinople contrairement au droit canon. Cet argument est repris lors dans le tómos accordant l’autocéphalie à l’Église ukrainienne (5 janvier 2019).
La diaspora russe organise l’Église orthodoxe russe hors frontières, qui s’installe en Yougoslavie, dans les bâtiments libérés par le patriarche serbe de Karlovci. Cette structure, qui répond au départ aux nécessités d’organisations évoquées par le patriarche Tikhon, se montre très critique du régime soviétique ; elle rompt avec le patriarcat de Moscou lorsque celui-ci décide de se soumettre aux autorités soviétiques (1925).
D’autres Églises n’ont pas eu le même succès. La tentative d’indépendance de l’Ukraine, qui se solde par une reprise en main par les Soviétiques après une terrible guerre civile (1918-1921), s’accompagne de la création d’une Église autocéphale ukrainienne, qui existe parallèlement à l’exarchat d’Ukraine mis en place par le patriarcat de Moscou pour accorder une forme d’autonomie à l’Église ukrainienne. Avec la victoire des communistes, et la création de l’URSS, dont l’Ukraine est une république fondatrice, le nouveau pouvoir favorise le patriarcat de Moscou et finit par dissoudre l’Église autocéphale ukrainienne, qui survit en partie dans la diaspora et se réinstalle en Ukraine avec la fin de l’URSS.
L’Église géorgienne tente de restaurer son indépendance perdue lors de la conquête russe du Caucase. Ici aussi, lorsque l’Armée rouge conquiert la Transcaucasie pour y établir un régime soviétique, l’Église géorgienne est dissoute, mais elle parvient à survivre dans la clandestinité avan d’être reconnue par les autorités soviétiques (et le patriarcat de Moscou) en 1943.
Cette carte a été élaborée comme support des cours et formations de l’Institut européen en sciences des religions.
Projection | projection azimutale équivalente de Lambert |
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Centre | 51°N et 35°E |
Datum | WGS 84 |
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Les Églises orthodoxes dans l’Entre-deux-guerres Read More »
L’autocéphalie de la métropole de Moscou a entraîné la division de l’Église russe. Le patriarche de Constantinople a en effet réinstallé un métropolite de Kiev qui a autorité sur les orthodoxes de l’État de Pologne-Lituanie. L’extension progressive de la Russie laisse les deux pays face-à-face pour le contrôle de l’Europe orientale, ce qui a aussi des effets sur un plan religieux.
À la fin du XVIe s., les orthodoxes de la Pologne-Lituanie se trouvent dans un pays dont le souverain, catholique, se perçoit comme le promoteur de la Réforme catholique en Europe orientale. Sur un plan plus politique, leur foi les rend suspects d’accointances avec la Russie. Lors d’un synode à Brześć (auj. Brèst) en 1590, le métropolite de Kiev, Michał Rahoza (biélorusse Mihal Rahoza, ukrainien Mihajlo Rohoza), et ses évêques signent une déclaration sollicitant une union avec l’Église romaine : ils acceptent de reconnaître l’autorité du pape et la théologie latine (Filioque, purgatoire) en échange du maintien de leur liturgie, leur droit canon et leurs traditions. Le pape Clément VIII (r. 1592-1605) accepte, et l’union est formellement proclamée en 1595. L’Église est dite uniate parce qu’elle est unie à Rome — adjectif abandonné car utilisé de manière péjorative par les orthodoxes — et ruthène car c’est la translitération du latin Ruthenus, qui signifie russe.
La même logique d’union par petites touches se retrouve dans les territoires des Habsbourgs, où plusieurs Églises orthodoxes se rallient à l’Église romaine. Les Habsbourgs ne se limitent pas à la stratégie d’union : ils mettent en place une métropole serbe. Lors de la Grande Guerre turque (1683-1699), les troupes des Habsbourgs ont franchi le Danube, ce qui a conduit à un soulèvement des Serbes. Avec la fin de la rébellion, nombre d’entre eux, conduits par le patriarche Arsenije III, se réfugient dans les territoires des Habsbourgs. L’empereur Léopold Ier (r. 1658-1705) reconnaît Arsenije III comme le chef spirituel des Serbes dans ses États. Après la mort d’Arsenije en 1706, l’empereur Joseph Ier (r. 1705-1711) décide d’abolir le titre patriarcal et crée la métropole de Karlowitz comme siège de l’Église serbe dans la monarchie des Habsbourgs.
L’expansion de la Russie entraîne l’extension du ressort du patriarcat de Moscou. La conquête de Kiev (1667) est un événement majeur. Pour Moscou, la possession de la capitale du premier État russe est une étape importante dans le « rassemblement des terres russes ». Kiev est aussi le berceau du christianisme en Russie. Dans un premier temps, le métropolite orthodoxe réinstallé par le patriarche de Constantinople après l’union de Brest se réfugie à Czehryń (auj. Čyhyryn) en 1657. Voyant que le patriarche de Moscou est décidé à prendre en charge la métropole de Kiev (il nomme un métropolite en 1685), le patriarche se résout à trouver un terrain d’entente.
Dans une lettre de 1686, le patriarche de Constantinople confie au patriarche de Moscou l’intronisation du métropolite de Kiev, à condition que l’Église continue de commémorer le patriarche de Constantinople et que le métropolite soit élu par le clergé de la métropole. Ce document est au cœur de la crise actuelle entre les deux patriarcats. Moscou considère qu’il s’agit d’un transfert pur et simple, et que la métropole de Kiev relève du patriarcat de Moscou, ce qui permet l’unité de l’Église russe. Constantinople y voit au contraire un expédient, une « économie* » : le patriarche de Constantinople n’a pas la capacité de s’opposer à la prise en charge par Moscou, donc il vaut mieux s’y résoudre plutôt que de créer plus de troubles.
Comme cela avait été le cas avec l’Empire byzantin, les conquêtes russes se traduisent par une absorption des autres Églises. Au début du XIXe s., la conquête du Caucase entraîne la disparition des Églises géorgiennes. Le particularisme de l’Église géorgienne est formellement pris en compte par la création d’un exarchat au sein du patriarcat de Moscou… mais l’exarque et le haut clergé sont russes et ignorent tout de la Géorgie.
À l’ouest, le dépeçage de la Pologne produit des effets contrastés sur l’Église ruthène. Dans la partie autrichienne, elle est consolidée par la création d’une métropole à Lemberg (auj. Lviv) et la restructuration en Église grecque catholique : grecque de par sa tradition byzantine, catholique par son rattachement à Rome — l’expression grecque catholique a d’ailleurs finit par remplacer le terme uniate. En revanche, dans la partie russe, elle subit la pression des autorités, jusqu’à la réunion d’un synode à Polotsk (1839), où une partie du clergé de l’Église ruthène rejette l’union avec Rome et proclame son retour à l’orthodoxie dans le giron du patriarcat de Moscou. Une partie rejette l’accord et tente de faire survivre l’Église ruthène, dont tous les biens ont été transférés à l’Église orthodoxe russe, dans la clandestinité.
* l’économie, du grec oikonomía (οἰκονομία), désigne le fait de ne pas appliquer la loi ou la règle car cette application compliquerait la situation au lieu de résoudre le problème.
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L’expansion du patriarcat de Moscou Read More »
L’Église russe apparaît avec le baptême du prince Volodiměrŭ (Vladimir en russe, Volodymyr en ukrainien, Uladzimir en biélorusse) à la fin du Xe s. (la date traditionnellement retenue est 988). Comme cette conversion était un des éléments qui scellait l’alliance entre la Russie et l’Empire byzantin, le patriarcat de Constantinople a tout fait pour éviter que ne se reproduise le cas bulgare, où une Église locale avait donné naissance à une Église autocéphale. De fait, malgré son éloignement, la métropole de Kiev est solidement ancrée dans le patriarcat de Constantinople.
Le XIIIe s. connaît de profondes modifications des équilibres au sein du monde orthodoxe. Après la conquête de Constantinople par les croisés en 1204, le patriarche s’installe à Nicée, où les Laskarides tentent de reconstituer un État byzantin. Il entre en conflit avec l’archevêque d’Ochrid, qui soutient un concurrent installé dans les anciennes provinces occidentales. Pour saper l’autorité de ce dernier, qui a juridiction sur les Slaves des Balkans, le patriarche reconnaît l’autocéphalie de l’Église bulgare, recréée en 1185, et accorde même l’autocéphalie à l’Église serbe. Ces Églises disparaissent au profit du patriarcat de Constantinople avec la conquête ottomane tant elles apparaissent comme des éléments de souveraineté de la Bulgarie et de la Serbie.
En Russie, l’invasion mongole a parachevé le processus de désagrégation en principautés. Le métropolite de Kiev se réfugie au nord, auprès de princes restés indépendants, à Vladimir puis à Moscou. Le patriarcat de Constantinople garde cependant le contrôle de la situation malgré des velléités d’émancipation. L’unité de l’Église russe est parfois remise en cause par la création d’une autre métropole pour couvrir les terres russes occidentales.
L’union des Églises est à l’origine de l’autocéphalie de l’Église russe. Le concile de Ferrare-Florence met fin au schisme entre les Églises latine et byzantine. L’Église byzantine reconnaît notamment la primauté pontificale ou la doctrine du purgatoire afin que le pape prêche une croisade contre les Ottomans en passe d’achever la conquête de l’Empire byzantin. Cet expédient politique fait l’objet d’un important rejet dans le monde orthodoxe.
L’Église russe en profite pour couper les ponts avec Constantinople, dont le patriarche est considéré comme hérétique pour s’être rallié aux Latins. En 1448, les évêques russes élisent le métropolite de Kiev (qui devient métropolite de Moscou en 1461) sans en référer à Constantinople. En 1458, le patriarche de Constantinople réinstalle un métropolite de Kiev et de toute la Russie, mais dont l’autorité est de facto limitée au territoire de l’État polono-lituanien. Lors d’un voyage en Russie, le patriarche de Constantinople, Jérémie II (r. 1572-1579, 1580-1584 et 1587-1595) accepte l’élévation du métropolite de Moscou au rang de patriarche. Le 26 janvier (5 février en calendrier grégorien) 1589, le métropolite Iov (Job) est intronisé patriarche de Moscou et de toute la Russie.
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La naissance de l’Église russe Read More »
Après l’annexion de l’Autriche, Hitler décide de tourner son attention vers la Tchécoslovaquie, qui abrite une importante minorité germanophone, essentiellement dans la région frontalière avec l’Allemagne, les Sudètes. En mars 1938, Hitler rencontre Konrad Heinlein, chef du Parti allemand des Sudètes (parti secrètement lié au Parti nazi) et lui demande de formuler des demandes que le gouvernement tchécoslovaque ne pourrait satisfaire. L’objectif est bien de procéder à une opération militaire contre la Tchécoslovaquie : à partir du mois de mai, le commandement allemand travaille sur le plan d’invasion. Hitler est certain que la politique d’apaisement menée par le Royaume-Uni et la France les conduira à ne pas intervenir. La perspective d’une guerre prématurée inquiète suffisamment pour que certains officiers en viennent à penser à un coup d’État pour renverser le régime nazi.
Le 30 septembre, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la France et l’Italie signent les « accords de Munich » qui acceptent la prise de contrôle des Sudètes par l’Allemagne. Isolée, la Tchécoslovaquie n’a d’autre choix que se soumettre.
La voracité des voisins de la Tchécoslovaquie conforte la position allemande de mise en avant du principe des nationalités. La Pologne en profite pour régler ses différends frontaliers en s’emparant de plusieurs régions frontalières, notamment la Zaolzie (région de Teschen), et la Hongrie annexe des régions peuplées de Hongrois.
Mais la Tchécoslovaquie vivait toujours et Hitler avait été frustré d’un succès militaire.
Le 14 mars 1939, à l’instigation de l’Allemagne, les Slovaques proclament leur indépendance. Ils sont bientôt suivis par les Ukrainiens de l’Ukraine carpatique. L’Allemagne déclare être contrainte d’intervenir pour contenir le chaos crée par l’effondrement de la Tchécoslovaquie… et crée au nord du pays le protectorat de Bohème-Moravie.
Au sud, la Hongrie conquiert l’Ukraine carpatique et attaque la Slovaquie, mais l’intervention de l’Allemagne parvient à limiter ses appétits.
Ce triomphe d’Hitler sera le dernier. Britanniques et Français ont compris que l’apaisement n’arrêtait pas l’Allemagne. De plus, le principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes apparaît véritablement comme un prétexte, car il avait été complètement piétiné. Le Royaume-Uni et la France optent pour la fermeté et commencent des négociations avec la Pologne et l’URSS en vue d’arrêter l’expansion allemande…
Projection | Projection de Křovák |
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La destruction de la Tchécoslovaquie Read More »
Après la Seconde Guerre mondiale, le territoire polonais connaît un important glissement vers l’ouest au détriment de l’Allemagne. Pourtant, les Alliés avaient décidé de rétablir toutes les frontières de 1937 en ne tenant pas compte (dans surprise) des changements survenus pendant la guerre, mais aussi en annulant toutes les modifications liées aux coups de force des dictatures. Les traités de Paris (10 février 1947) procèdent néanmoins à quelques ajustements de frontières.
Le problème est que l’URSS entend conserver les acquis de 1939-1941. Dans le cas de la Finlande et de la Roumanie, l’URSS parvient à imposer les frontières de 1940 dès les armistices puis dans les traités de Paris. Pour les pays baltes, malgré des protestations de principe des Alliés, le gouvernement soviétique met en avant une demande d’adhésion spontanée a l’URSS en 1940, sans rapport avec l’invasion soviétique où les élections sous pression qui ont suivi.
En revanche, avec la Pologne, c’est plus compliqué car le Royaume-Uni et la France sont entrés en guerre pour préserver l’intégrité territoriale du pays. Le gouvernement en exil polonais entend bien rétablir les frontières d’avant-guerre : il est d’autant plus mal disposé à l’égard de l’URSS qu’il garde en mémoire l’invasion soviétique de 1939 et le partage de la Pologne avec l’Allemagne, et qu’il attend autre chose que des dénégations quant au massacre de Katyn. De leur côté, les Soviétiques, dans leur demande de révision des frontières polonaises, parlent de « ligne Curzon« , ce qui sous-entend que leur projet, dont le tracé est pourtant assez différent, ne fait que reprendre les plans des Occidentaux à la fin de la Première Guerre mondiale.
Lorsque l’Armée rouge entre dans l’ancien territoire polonais à l’été 1944, les autorités soviétiques rétablissent la frontière de 1941. L’URSS fait proclamer un Comité polonais de libération nationale (22 juillet 1944), sous contrôle des communistes. Il s’installe à Lublin le 26 juillet et se dit prêt à signer un accord frontalier avec l’URSS, au grand dam du gouvernement en exil.
Lors de la conférence de Yalta (4-11 février 1945), Staline parvient à imposer aux Alliés la nouvelle frontière polono-soviétique. En compensation, la Pologne doit recevoir des territoires pris sur l’Allemagne. En échange d’élections libre, il obtient la reconnaissance du Comité de libération nationale, qui s’ouvre à des membres du gouvernement en exil. La frontière polono-soviétique est officiellement fixée par le traité du 16 août 1945. Un ajustement important a lieu le 15 février 1951 avec un échange de territoires qui permet à l’URSS de mettre la main sur de riches gisements de charbon.
Avant la guerre, la Pologne avait tenté de profiter des accords de Munich pour régler en sa faveur le différend frontalier qui l’opposait à la Tchécoslovaquie et avait occupé plusieurs zones frontalières à la fin de 1938. Le gouvernement polonais souhaiterait conserver tout ou partie de ces territoires, tandis que la Tchécoslovaquie tient à restaurer les frontières de 1937. Sous la pression de l’URSS, les deux parties signent un accord rétablissant la frontière du 31 décembre 1937 (21 septembre 1945).
La conférence de Potsdam (17 juillet – 2 août 1945) a décidé de retirer à l’Allemagne les territoires à l’Est de l’Oder et la Neisse. Le sort de Stettin n’a d’abord pas été certain mais, après que l’URSS ait décidé de se faire attribuer la région de Königsberg pour disposer d’un port libre de glaces en hiver, la Pologne a reçu le port de Stettin en compensation. Les Allemands toujours présents dans ces territoires sont expulsés, ce qui permet d’accueillir les Polonais chassés des régions annexées par l’URSS.
Dans l’attente d’un traité de paix, ces régions sont officiellement placées « sous administration provisoire » polonaise ou soviétique. La signature d’un traité de paix avec l’Allemagne étant repoussée sine die avec le déclenchement de la guerre froide, l’URSS et la Pologne vont tout faire pour faire reconnaître la frontière germano-polonaise. L’acceptation de la RDA est obtenue avec le traité de Zgorzelec (6 juillet 1950), celle de la RFA lors du traité de Varsovie (7 décembre 1970). Avec la signature du traité de Moscou (12 septembre 1990), ou traité 2+4, les puissances occupantes de l’Allemagne et les deux Allemagne bientôt réunifiées reconnaissent la ligne Oder-Neisse ; cette reconnaissance est confirmée peu après avec la signature du traité sur la frontière germano-polonaise (14 novembre 1990).
Projection | projection conique conforme de Lambert |
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Parallèles standard | 49°20’N et 55°40’N |
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La Pologne au lendemain de la Seconde Guerre mondiale Read More »
Après avoir annexé l’Autriche et dépecé la Tchécoslovaquie, l’Allemagne se tourne vers la Pologne. Comme dans les deux cas précédent, il s’agit d’effacer les effets des traités de paix mettant fin à la Première guerre mondiale. Ici aussi, l’Allemagne met en avant le principe des nationalités pour exiger le rattachement de territoires permettant de relier la Prusse orientale au reste de l’Allemagne. Cependant, le Royaume-Uni et la France ont changé d’attitude : les deux pays avaient pu accepter l’annexion de l’Autriche ou des régions germanophones de la Tchécoslovaquie au nom de ce principe, mais l’invasion de la Tchécoslovaquie en mars 1939 et la constitution d’une Bohème-Moravie « protégée » par le Reich allemand, au mépris du principe des nationalités et des engagements pris par Hitler, les avaient convaincu que l’Allemagne conduisait une politique d’expansion territoriale en s’abritant derrière des principes qui n’étaient que des prétextes.
Le pacte germano-sovétique, signé le 23 août 1939, laisse les mains libres à l’Allemagne à l’Est en lui garantissant la complicité passive de l’URSS. Le protocole secret prévoit le partage de la région en « zones d’influence » : la question du maintien d’un État polonais est laissée en suspens, mais l’objectif est de rayer la Pologne de la carte, dans les faits sinon dans le droit.
L’Allemagne envahit la Pologne le 1er septembre 1939. La Ville libre de Dantzig est annexée dès le lendemain. Le 3, le Royaume-Uni puis la France déclarent la guerre à l’Allemagne, mais leur réaction est trop lente pour être utile à leur allié. Le 17 septembre, l’URSS envahit à son tour la Pologne, en se présentant en libérateur des populations ukrainienne et biélorusse persécutées par les Polonais. Les dernières opérations militaires prennent fin le 6 octobre.
Le 28 septembre, l’Allemagne et l’URSS délimitent leur nouvelle frontière et corrigent le pacte germano-soviétique. Dans la foulée, ils décident la cession de la région de Wilno (Vilnius en lituanien) à la Lituanie, tranchant en faveur de celle-ci le conflit qui l’opposait à la Pologne.
Dans un premier temps, l’Allemagne place le pays sous occupation militaire. Le 8 octobre 1939, les régions occupées sont annexées par l’Allemagne, ce qui permet de donner un contrôle total aux administrateurs civils chargés de la mise en œuvre de la politique nazie. L’ouest en directement annexé, tandis que dans le sud-ouest est créé en Gouvernorat général pour les territoires polonais occupés (le simplifié en Gouvernorat général en juillet 1940). L’idée est d’y entasser les Polonais avant de germaniser la région. Une occupation particulièrement dure commence pour ceux que les nazis considèrent comme des sous-hommes. Parmi les Polonais, les Juifs sont plus particulièrement touchés : la communauté juive polonaise, la première d’Europe avant la guerre, est détruite à 90%.
Dans le sud, la Slovaquie règle à son profit le litige frontalier polono-tchécoslovaque et récupère certains territoires conquis par la Pologne en 1938.
Dans la zone soviétique, des élections en novembre 1939 conduisent à la demande de rattachement à l’URSS — la partie nord à la République socialiste soviétique biélorusse, la partie sud à la République socialiste soviétique ukrainienne. La politique de soviétisation se traduit entre autres par la liquidation des élites polonaise, dont le massacre de Katyn (ordonné le 5 mars 1940) est l’aspect le plus dramatique.
Une réorganisation territoriale a lieu après l’invasion de l’URSS. Au sud, la Galicie orientale est intégrée au Gouvernorat général. Plus au nord, la région de Białystok (Belostok en russe) reçoit une administration civile spécifique qui l’intègre de fait à l’Allemagne. Le reste du territoire polonais d’avant-guerre est réparti entre deux structures civiles qui préfigurent l’organisation envisagée par l’Allemagne pour l’après-guerre : l’Ostland (pays baltes et Biélorussie) et l’Ukraine.
Projection | projection conique conforme de Lambert |
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Parallèles standard | 49°20’N et 55°40’N |
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