La Géographie de Ptolémée est un ouvrage théorique et pratique sur la construction de cartes. L’imposante liste de coordonnées donne envie de construire la carte qui va avec.
Il est possible de faire trois types de carte. Les deux premières sont des cartes mondiales, pour lesquelles Ptolémée définit deux manières de représenter la surface d’un globe sur un plan. On ne peut encore parler de projection, mais il s’agit de la première réflexion sur le rapport entre la surface de la Terre et la représentation sur un plan. Le troisième type de cartes est une série de cartes locales, pour lesquelles Ptolémée considère qu’on peut utiliser la « projection » utilisée à son époque, où la distance entre les degrés est constante — une sorte de projection équirectangulaire. En effet, à cette échelle, il considère que la distortion est faible, alors que l’emploi de cette méthode pour une carte mondiale fausse la représentation. Ici, j’ai construit la carte des îles Britanniques.
Néanmoins, l’ouvrage n’est pas exempt d’erreurs, comme le montre le résultat avec les îles Britanniques. Ptolémée consacre un long développement à la manière de déterminer la latitude et la longitude, mais en est réduit à faire des estimations d’après les récits de voyage, ce qui explique les distortions dans le tracé des côtes ou le placement des points remarquables — auxquels s’ajoutent, avec les temps, des fautes de copie dans les manuscrits, dont pas un n’est antérieur au XIIIe siècle.
L’autre problème vient de son estimation de la taille de la Terre, qui est trop petite. C’est peut-être ce qui explique la rotation de la Calédonie (Écosse moderne) à 90°. En effet, Ptolémée postule que Thulé (Θούλη / Thoúlē) est aux limites du monde connu, à 63°N, et seule cette rotation permet de concilier les distances de référence et l’espace qui reste entre le nord de la province de Bretagne (mur d’Hadrien, commencé du vivant de Ptolémée) et Thulé.
Les coordonnées géographiques sont données en degrés, mais Ptolémée, en réalité, opère une division en heures en fonction de la course du soleil, et donne les lignes remarquables ainsi. Le méridien d’origine passe par la limite occidentale du monde connu, c’est-à-dire les Îles bienheureuses, archipel situé au large de l’Afrique (Cap-Vert ?). Il précise qu’une heure fait 15°, et découpe le globe en grands cercles tous les 5°. L’équateur sert d’origine pour la latitude, qui correspond à la durée maximale d’ensoleillement (12 heures à l’équateur, 8 heures à 63°N). Ptolémée définit une série de parallèles inégalement espacés en fonction de cette durée (toutes les demi-heures jusqu’à +7 heures, toutes les heures ensuite). J’ai conservé ce système pour les parallèles.
Pour les noms, j’ai gardé les noms grecs plutôt que d’utiliser leur équivalent latin, même s’il est bien connu pour les régions conquises par l’Empire romain. J’ai donc gardé Λεγίων Κ´ Νικηφόρος (Legíōn XX Nikēphóros) pour Legio XX Valeria Victrix. Mais comme il s’agit souvent de mots transcrits du latin, j’ai choisi de translittérer /ου/ , qui rend le latin /u/, par /ou/ ou /w/ (ce qui était la prononciation du moment) : l’île de Οὔεκτις (latin Vectis, moderne Wight) est transcrite en Ẃektis au lieu du classique Oúektis.