30DayMapChallenge

La Réforme protestante en Europe

La Réforme protestante

La Réforme protestante en EuropeLa carte religieuse de l’Europe au moment de la Réforme est un classique. J’ai longtemps hésité à m’y attaquer en raison de la complexité des figurés : beaucoup de frontières, au tracé souvent tortueux, des imbrications, et surtout des changements.

J’ai choisi de faire des grands aplats pour les grandes familles de la Réforme protestante, avec des hachures pour les zones mixtes. J’ai choisi d’indiquer les Églises hussites parce que j’en parle dans mon cours, et parce que je voulais indiquer les régions reprises par la Réforme catholique. La catholicisme est donc présent trois fois : là où il s’est maintenu, là où il vacille, et là où il reprend du terrain.

Les différentes rencontres et accords de paix, ainsi que les lieux importants pour la diffusion de la Réforme, sont représentés.

Logiciels utilisés : QGIS pour la conception de la carte, Illustrator pour la mise en forme.

Projection : projection azimutale équivalente de Lambert. Centre : 50°N x 12°E.

Côtes, cours d’eau, lacs : GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database).

Traditionnellement, la Réforme protestante commence le 31 octobre 1517, lorsque Martin Luther, un religieux de l’ordre des augustin, placarde 95 thèses sur la porte d’une église à Wittenberg. Le geste n’a rien de révolutionnaire : pendant tout le Moyen Âge, l’Église latine a régulièrement connu des réformes, dont la plus importante — mais pas la seule — est la Réforme grégorienne. Cependant, depuis le XIVe s., l’Église est plus rétive face à ceux qui proposent des changements en voulant revenir à ce qu’ils considèrent être le christianisme originel — car tel est le sens du mot réforme. De nombreux théologiens, parfois perçus comme des précurseurs de la Réforme protestante, sont ainsi condamnés pour hérésie, par exemple le Tchèque Jan Hus, dont les enseignement se diffusent en Bohème à l’occasion de la Réforme et d’un rejet des Habsbourgs.

Les propositions de Luther n’ont pas pour but de rompre avec le pape ou de créer quelque chose de nouveau, mais de revenir aux fondamentaux des sources de la foi, du Salut, des sacrements et de l’organisation de l’Église. Le pape Léon X ne veut rien entendre et excommunie Luther. L’empereur, Charles Quint, tente de réduire la progression des idées de Luther mais les efforts de conciliations ou d’interdiction échouent. Seule la paix d’Augsbourg (1555) permet d’établir un statu quo avec le principe cujus regio, ejus religio (telle région, telle religion) : le prince peut choisir la religion de ses États.

D’autres penseurs développent leurs conceptions d’une réforme de l’Église, mais sans se rattacher à la pensée de Luther. À Zurich, Ulrich Zwingli réforme l’Église de la ville. Son action est poursuivie par Jean Calvin à Genève. Les expériences helvétiques donnent naissance à l’Église réformée (dite calviniste). Malgré des tentatives de rapprochement (colloque de Marbourg en 1529), réformés et luthériens conservent leurs différences.

En France, le développement de la Réforme entraîne de nombreux remous. La régente, Catherine de Médicis, réunis des théologiens catholiques et protestants pour trouver une formule de compromis (colloque de Poissy en 1561) avant de promulguer un édit de tolérance (édit de Saint-Germain, 1562), mais la première guerre de religion éclate quelques semaines plus tard. En 1598, l’édit de Nantes met fin au conflit en accordant aux protestants la possibilité d’exercer leur culte dans des conditions particulières.

La troisième grande famille du protestantisme naît en Angleterre. Henri VIII est un opposant déterminé des idées des réformateurs, mais il entre en conflit avec le pape, qui refuse d’annuler son mariage avec Catherine d’Aragon, qui ne lui a pas donné de fils. En 1534, l’Église d’Angleterre (ou anglicane) se sépare de Rome. Il ne s’agit que d’un schisme : l’Église d’Angleterre reste catholique mais cesse de reconnaître l’autorité du pape, dont la fonction est assurée par le souverain. L’adoption de la Réforme est progressif, complexe et marqué de rebondissements, comme un bref retour dans le giron romain sous la reine Marie Ire entre 1553 et 1558. L’anglicanisme prend forme sous Elisabeth Ire avec l’adoption d’une théologie essentiellement protestante, mais le maintien de nombreux éléments catholiques.

L’idée d’une réforme de l’Église ne se limite pas aux milieux protestants. Un penseur comme Érasme accueille d’abord favorablement les idées de Luther avant d’en rejeter les développements théologiques. Ce qu’on a longtemps appelé Contre-Réforme en se limite donc pas au rejet de la réforme protestante, mais participe à une réflexion sur l’Église romaine, si bien qu’on parle de plus en plus de Réforme catholique. Le concile de Trente (1545-1563) réaffirme les points essentiels du christianisme romain : rôle des Écritures, des sacrements, des saints, du clergé, mais procède à d’importantes modifications liturgiques et réorganise la formation du clergé (création des séminaires).

Cette carte a été élaborée comme support des cours et formations de l’Institut d’étude des religions et de la laïcité.

Cette carte a participé au #30DayMapChallenge 2021 (jour 3 : polygones).

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Les frontières du Cameroun 1908-1961

Les frontières du Cameroun

Les frontières du Cameroun 1908-1961La question des frontières de l’Afrique coloniale est plus délicate qu’il y paraît. Souvent, les cartes représentent les revendications, alors que la possession n’est pas effective avant la fin du XIXe s., d’où des réajustements à l’occasion de signatures de traités au moment où les puissances coloniales prennent réellement le contrôle d’une région.

C’est pourquoi cette carte du Cameroun commence en 1908, une fois que l’Allemagne (puissance coloniale initiale) a effectivement déterminé les limites de sa colonie avec ses voisins (France et Royaume-Uni). Les évolutions postérieures sont représentées sous forme de lignes — c’était une contrainte du #30DayMapChallenge. Pour éviter de trop charger en figurés linéaires, je n’ai pas représenté les rivières, qui servent pourtant de point d’appui.

Logiciels utilisés : QGIS pour la conception de la carte, Illustrator pour la mise en forme.

Projection : Afrique — projection conique conforme de Lambert (parallèles standard : 23°S et 20°N ; méridien central : 25°E).

Côtes et lacs : GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database).

Dans les années 1860, les Allemands installent des comptoirs dans la région de Douala. La colonie du Cameroun (ou Kamerun en allemand) est établie en 1884 sur la côte. Lors des vingt années qui suivent, l’Allemagne, comme les autres puissances coloniales, s’étend rapidement vers l’intérieur. Une série de traités conclus en 1885 et 1908 avec le Royaume-Uni (Nigéria) et la France (Gabon, Congo, Oubangui-Chari et Tchad, unis en 1910 dans l’Afrique équatoriale française) fixe peu à peu les frontières de la colonie.

Après la crise d’Agadir (avril 1911), l’Allemagne accepte que la France établisse un protectorat sur le Maroc contre une rectification de la frontière entre le Kamerun et l’Afrique équatoriale française lors du traité de Fès (4 novembre 1911). Le Kamerun cède une partie du « bec de canard » (territoires à l’est du Logone) en échange d’importants territoires, appelés Neukamerun (Nouveau-Cameroun). La colonie allemande double pratiquement sa superficie, passant de 460 000 km2 à 760 000 km2.

Les colonies allemandes sont progressivement conquises par la France et le Royaume-Uni lors de la Première Guerre mondiale. En avril 1916, le Kamerun est totalement occupé. Le Neukamerun est réintégré à l’Afrique équatoriale française et l’Altkamerun (Vieux-Cameroun) est divisé entre la France, qui reçoit l’essentiel de la colonie allemande, et le Royaume-Uni. Cette division est confirmée par le traité de Versailles (28 juin 1919) : le Kamerun devient un mandat de la Société des nations confié à la France (Cameroun français) et au Royaume-Uni (British Cameroons).

Le Cameroun français devient indépendant le 1er janvier 1960, et le Nigéria le 1er octobre. Après de longues discussions commencées en 1959, le nord du Cameroun britannique choisit par référendum de rejoindre le Nigéria, auquel il est rattaché le 31 mai 1961, et le sud choisit le rattachement au Cameroun, avec lequel il forme la République fédérale du Cameroun (1er octobre 1961), jusqu’à la création d’un État unitaire en 1972.

Cette carte a participé au #30DayMapChallenge 2021 (jour 2 : lignes).

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La Shoah en Pologne 1939-1945

La Shoah en Pologne

La Shoah en Pologne 1939-1945Il existe de nombreuses cartes sur la Shoah et le phénomène concentrationnaire, en Pologne et dans le reste de l’Europe. En concevant cette carte, j’ai décidé de me concentrer sur la Pologne et de donner une idée de l’ampleur du phénomène. C’est pourquoi j’ai placé la plupart des ghettos en précisant le nombre de personnes qui s’y sont trouvé, ainsi que la date de création de ces ghettos. Il aurait été intéressant d’ajouter les flux vers ces ghettos et entre ces ghettos et les camps de concentration et d’extermination, mais la carte perdait en lisibilité. De même, pour les camps, j’ai indiqué la différence entre camp d’extermination et camp de concentration, ainsi qu’une idée du nombre de personnes qui y ont été déportés, quel que soit le motif de déportation.

Logiciels utilisés : QGIS pour la conception de la carte, Illustrator pour la mise en forme.

Projection : projection conique conforme de Lambert. Parallèles standard : 50°N et 54°N. Méridien central : 21°E.

Côtes, lacs et cours d’eau : GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database).

Avant la Seconde Guerre mondiale, La Pologne abrite la première communauté juive d’Europe. L’occupation brutale du pays a été tout particulièrement dure pour les Juifs : environ 3 millions de Juifs, soit 98% des Juifs polonais, ont été assassinés pendant la Shoah.

La persécution des Juifs commence dès l’invasion, avec les premiers massacres organisés peu après les conquêtes sous prétexte de sécurisation. Dans un premier temps, les nazis décident de regrouper les Juifs (dont les biens sont confisqués) dans des ghettos. Contrairement aux anciens ghettos, qui étaient des quartiers réservés parfois fermés, les ghettos mis en place par les nazis sont des lieux clos où les Juifs sont entassés dans des conditions effroyables, où ils sont soumis à la faim, aux maladies, et servent de main d’œuvre pour le travail forcé.

L’invasion de l’URSS marque une nouvelle étape dans la persécution des Juifs. De nombreux massacres de masses sont commis. D’autres avaient eu lieu lors de l’invasion de la Pologne, mais pas avec une telle ampleur. L’automne 1941 voit aussi la construction des premiers camps d’extermination, c’est-à-dire des camps conçus non pour enfermer, mais pour assassiner un maximum de déportés dès leur arrivée sur place. La SS semble alors déterminée à mettre fin au système des ghettos et à exterminer la population juive d’Europe.

La conférence de Wannsee (20 janvier 1942) est souvent présentée comme celle où se décide la « solution finale du problème juif » (pour reprendre les termes utilisés alors), mais c’est en fait une réunion où les autres services du Reich acceptent le principe de l’extermination rapide proposé par la SS. À partir du printemps 1942, des grandes rafles sont organisées pour déporter les Juifs vers les camps d’extermination qui deviennent progressivement opérationnels. C’est aussi le début de la liquidation des ghettos, dont la population est transférée dans les camps de concentration et d’extermination.

Cette carte a participé au #30DayMapChallenge 2021 (jour 1 : points).

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