Depuis de nombreuses années, on a tendance à présenter les russophones ukrainiens comme des victimes de l’ukrainisation, et surtout comme des Russes souhaitant vivre en Russie. Or l’Ukraine est précisément un cas où le sentiment national n’est pas réductible à la langue, ne serait-ce que parce que le bilinguisme est très répandu.
À l’appui de l’idée de la volonté de rattachement à la Russie, on montre des cartes des élections ou des langues majoritaires. Cette carte s’appuie sur un sondage effectué en février 2014, peu avant la révolution de la dignité, par le Kyiv International Institue of Sociology. Les résultats montrent que même les régions supposées favorables à un rattachement à Russie (Crimée, Donbas) sont loin de l’être majoritairement.
J’ai eu l’idée de cette carte pour le 30DayMapChallenge, qui comporte une catégorie null, c’est-à-dire quand il n’y a pas de résultat.
Logiciels utilisés :QGIS pour la conception de la carte, Illustrator pour la mise en forme.
Projection : projection conique conforme de Lambert. Parallèles standard : 45°N et 51°N. Méridien central : 31°E.
Un peu sur le modèle de ce que j’avais déjà fait pour le Japon, j’ai voulu consacré cette journée raster du #30DayMapChallenge à la couverture forestière, en France cette fois. Les incendies qui touchent régulièrement les forêts rappellent que c’est un milieu aussi fragile que fondamental.
Les principes qui ont guidé la conception sont les mêmes. Je suis parti d’un geotiff d’occupation des sols et j’ai isolé les différentes formes de forêt d’un côté, les villes, activités industrielles et infrastructures de l’autre. J’ai aussi appliqué un ombrage pour voir si le relief jouait, ce qui est partiellement le cas.
Logiciels utilisés :QGIS pour la conception de la carte, Illustrator pour la mise en forme, Photoshop pour l’application de l’ombrage.
Projection : projection conique conforme de Lambert. Parallèles standard : 49°N et 44°N (RGF93).
Topographie et occupation des sols :CORINE land cover (Copernicus Land Monitoring Service).
Le thème du jour du #30DayMapChallenge 2022 met en avant la notion de réseau, notion fort utilisée en géographie. J’ai décidé de jouer sur la représentation des réseaux en utilisant les codes des plans de transports en commun pour le réseau fluvial français. Pour cela, j’ai simplifié le contour de la France pour garder le côté stylisé de ces plans. Le tracé des cours d’eau a lui aussi été simplifié. Les affluents sont traités comme des embranchements. Les principales villes traversées sont traitées comme des stations. J’ai choisi de ne montrer que les fleuves dont l’embouchure est en France, d’où l’absence du Rhin et de ses affluents.
Logiciels utilisés :QGIS pour la conception de la carte, Illustrator pour la mise en forme.
Police de caractères : Parisine (la police officielle du métro parisien).
La guerre en Ukraine a entraîné la production de cartes de grande qualité, souvent aisément accessible via Twitter : voir en particulier celles de War Mapper, Jomini of the West, Poulet Volant ou du ministère britannique de la Défense. Le cartographe Kenneth Field a même conduit une réflexion fort intéressante sur la représentation des flux de réfugiés, avec cette carte, qui évite les sempiternelles flèches, comme résultat.
Pourquoi donc une nouvelle carte ? J’avais besoin d’une synthèse pour une série de cours que je prépare, et je me suis rendu compte qu’il y avait bon nombre de cartes montrant la situation à un moment donné, mais bien peu montrant l’évolution du conflit.
J’ai décidé de montrer l’évolution des fronts et des régions occupées mais aussi les frappes aériennes par des missiles ou des drones, ce qui exclue les bombardements classiques et les tirs d’artillerie, qui auraient saturé la carte. Parmi les nombreux crimes de guerre commis par l’armée russe, j’ai indiqué les lieux d’assassinat de civils non liés à des bombardements, mais résultant d’exécutions sommaires — représentation forcément provisoire, sachant que la libération progressive du territoire ukrainien s’accompagne de découvertes de nouveaux crimes de guerre.
Il y a probablement des erreurs et oublis, dont je suis seul responsable. N’hésitez pas à me les signaler. La situation avant la guerre se trouve dans une précédente carte.
Слава Україні! Героям слава!
Logiciels utilisés :QGIS pour la conception de la carte, Illustrator pour la mise en forme.
Projection : projection conique conforme de Lambert. Parallèles standard : 45°N et 51°N. Méridien central : 31°E.
Le joyplot, ou plus sérieusement ridgeline plot (graphique en ligne de crête) est une superpositions de courbes qui permettent de faire apparaître le relief ou une distribution statistique — la population est une des plus représentées. Le terme joyplot, le plus couramment employé, est une allusion à la couverture de l’album Unkown Pleasures du groupe Joy Division. Ce type de représentation a été pas mal à la mode ces temps derniers. Pas de mal de tutoriels sont disponibles pur ceux qui souhaitent tenter l’expérience. Dix ans après tout le monde, je cède à la mode pour le deuxième thème du #30DayMapChallenge 2022 (lignes). Le principe me semble parfaitement coller au sujet, car les lignes forment la carte.
Logiciels utilisés :QGIS pour la conception de la carte, Illustrator pour la mise en forme.
Carte inhabituelle, mais qui m’a permis de continuer à m’exercer au mode sombre, et surtout à travailler les données issues d’OpenStreetMap. Pour une fois, aussi pas de graticule, mais une rose des vents !
Voici donc ma carte de l’île de Noirmoutier…
Logiciels utilisés :QGIS pour la conception de la carte, Illustrator pour la mise en forme, Photoshop pour l’application de l’ombrage.
Projection : RGF 93 / CC47 (projection conique conforme de Lambert ; parallèles standard : 46°15 N et 47°45 N ; méridien central : 3°E).
Cette carte sur la Transcaucasie est un peu la suite logique celle consacrée à l’Ukraine au début de 2022. La Transcaucasie est un autre espace frontalier problématique de la Russie… et sa représentation l’est tout autant.
J’ai représenté les républiques socialistes soviétiques autonomes et les régions (oblasti) autonomes, mais sans indiquer la différence entre les deux statuts, finesse du système soviétique peu pertinent ici car les minorités qu’elles abritent proclament leur souveraineté avant même la disparition de l’URSS, ce qui est à l’origine de problèmes qui dégénèrent souvent en conflit armé.
La guerre de 2020 a permis à l’Azerbaïdjan de récupérer les territoires de la République d’Artsakh (Haut-Karabagh). Le corridor de Latchin, qui permet de la relier à l’Arménie et théoriquement restitué à l’Azerbaïdjan, mais contrôlé par les troupes russes de maintien de la paix, a été représenté à part pour des raisons d’échelle.
La Russie a tenté de maintenir une présence militaire conséquente en créant un « groupe de forces » sur le modèle de ceux que l’Armée soviétique avait organisé pour ses troupes stationnées à l’étranger, mais il ne reste quelques bases en Arménie et dans les républiques séparatistes d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud.
Pour rendre compte de la géographie montagneuse, j’ai appliqué un ombrage. Pour la bordure des frontières, j’ai appliqué un flou gaussien à trait épais, puis un masque d’écrêtage.
Logiciels utilisés :QGIS pour la conception de la carte, Illustrator pour la mise en forme, Photoshop pour l’application de l’ombrage.
Projection : projection conique conforme de Lambert. Parallèles standard : 39°N et 43°N. Méridien central : 45°E.
L’objectif de cette carte est de montrer la situation en Ukraine avant l’invasion russe de 2022. J’ai mis en évidence les contentieux territoriaux entre l’Ukraine et la Russie : la Crimée, annexée par la Russie en 2014, les républiques populaires / nationales (sur la difficulté de traduction de narodnaja, voir la note à cette carte) de Lougansk et Donetsk, ainsi que les parties des oblasti de Louhansk et Donetsk qu’elles ne contrôlent pas mais revendiquent.
Le relief a été suggéré par un ombrage. Les bordures des frontières ont été réalisées en appliquant un flou gaussien et un masque d’écrêtage au trait.
Pour cette carte fantaisiste — du moins, espérons-le —, imaginons les effets de la montée des eaux. Avec un niveau de la mer à 25 mètres, voici à quoi ressemblerait l’Europe du nord-ouest…
J’ai utilisé une palette de couleurs pour la topographie et placé un nouveau trait de côte sur le contour +25m. En gris, les terres submergées avec cette montée des eaux.
Logiciels utilisés :QGIS pour la conception de la carte, Illustrator pour la mise en forme, Photoshop pour l’application de l’ombrage.
Projection : projection conique conforme de Lambert. Parallèles standard : 43°N et 62°N.
Cette carte reprend le principe de celle sur les Hongrois dans l’Empire austro-hongrois. Les données sur les nationalités sont issus des recensements russe (1897), allemand (1900) et austro-hongrois (1910). Dans les trois cas, la nationalité est défini par la langue : langue maternelle pour l’Allemagne et la Russie, langue d’usage pour les régions d’Autriche-Hongrie situées en Cisleithanie. Le recensement allemand place à part les locuteurs du cachoube et du masurien, considérés comme deux dialectes du polonais, et qui ont été considérés comme polonais ici. La question de la nationalité des Juifs de la région, qui parlent le plus souvent yiddish, n’a pas été traité de la même manière : le recensements allemand et austro-hongrois les considèrent comme allemands car le yiddish est une langue germanique (on les trouve dans la partie « religion » du recensement), tandis que le recensement russe fait des Juifs une nationalité spécifique. Ils représentent près de 10% de la population polonaise à la veille de la Seconde Guerre mondiale.
Logiciels utilisés :QGIS pour la conception de la carte, Illustrator pour la mise en forme.
Projection : projection conique conforme de Lambert. Parallèles standard : 50°N et 54°N.
Côtes, cours d’eau et lacs :GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database).
Avec la disparition de la Pologne, les Polonais se retrouvent sous l’autorité de trois États hostiles : l’Autriche, la Prusse (puis l’Allemagne) et la Russie. La montée en puissance des nationalités au XIXe s. pousse à la création d’États-nations. Nation sans État, les Polonais aspirent à retrouver leur indépendance, mais le tracé des frontières est un casse-tête. Les mélanges de population dans les structures impériales rendent difficile la constitution de blocs territoriaux avec des nationalités distinctes, et bien des Polonais ont en mémoire les frontières d’avant les partages de la fin du XVIIIe siècle. En définitive, la capacité à imposer les frontières par la force s’avère décisif.
Cette carte a participé au #30DayMapChallenge 2021 (jour 12 : population).
La question des frontières de l’Afrique coloniale est plus délicate qu’il y paraît. Souvent, les cartes représentent les revendications, alors que la possession n’est pas effective avant la fin du XIXe s., d’où des réajustements à l’occasion de signatures de traités au moment où les puissances coloniales prennent réellement le contrôle d’une région.
C’est pourquoi cette carte du Cameroun commence en 1908, une fois que l’Allemagne (puissance coloniale initiale) a effectivement déterminé les limites de sa colonie avec ses voisins (France et Royaume-Uni). Les évolutions postérieures sont représentées sous forme de lignes — c’était une contrainte du #30DayMapChallenge. Pour éviter de trop charger en figurés linéaires, je n’ai pas représenté les rivières, qui servent pourtant de point d’appui.
Logiciels utilisés :QGIS pour la conception de la carte, Illustrator pour la mise en forme.
Projection : Afrique — projection conique conforme de Lambert (parallèles standard : 23°S et 20°N ; méridien central : 25°E).
Côtes et lacs :GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database).
Dans les années 1860, les Allemands installent des comptoirs dans la région de Douala. La colonie du Cameroun (ou Kamerun en allemand) est établie en 1884 sur la côte. Lors des vingt années qui suivent, l’Allemagne, comme les autres puissances coloniales, s’étend rapidement vers l’intérieur. Une série de traités conclus en 1885 et 1908 avec le Royaume-Uni (Nigéria) et la France (Gabon, Congo, Oubangui-Chari et Tchad, unis en 1910 dans l’Afrique équatoriale française) fixe peu à peu les frontières de la colonie.
Après la crise d’Agadir (avril 1911), l’Allemagne accepte que la France établisse un protectorat sur le Maroc contre une rectification de la frontière entre le Kamerun et l’Afrique équatoriale française lors du traité de Fès (4 novembre 1911). Le Kamerun cède une partie du « bec de canard » (territoires à l’est du Logone) en échange d’importants territoires, appelés Neukamerun (Nouveau-Cameroun). La colonie allemande double pratiquement sa superficie, passant de 460 000 km2 à 760 000 km2.
Les colonies allemandes sont progressivement conquises par la France et le Royaume-Uni lors de la Première Guerre mondiale. En avril 1916, le Kamerun est totalement occupé. Le Neukamerun est réintégré à l’Afrique équatoriale française et l’Altkamerun (Vieux-Cameroun) est divisé entre la France, qui reçoit l’essentiel de la colonie allemande, et le Royaume-Uni. Cette division est confirmée par le traité de Versailles (28 juin 1919) : le Kamerun devient un mandat de la Société des nations confié à la France (Cameroun français) et au Royaume-Uni (British Cameroons).
Le Cameroun français devient indépendant le 1er janvier 1960, et le Nigéria le 1er octobre. Après de longues discussions commencées en 1959, le nord du Cameroun britannique choisit par référendum de rejoindre le Nigéria, auquel il est rattaché le 31 mai 1961, et le sud choisit le rattachement au Cameroun, avec lequel il forme la République fédérale du Cameroun (1er octobre 1961), jusqu’à la création d’un État unitaire en 1972.
Il existe de nombreuses cartes sur la Shoah et le phénomène concentrationnaire, en Pologne et dans le reste de l’Europe. En concevant cette carte, j’ai décidé de me concentrer sur la Pologne et de donner une idée de l’ampleur du phénomène. C’est pourquoi j’ai placé la plupart des ghettos en précisant le nombre de personnes qui s’y sont trouvé, ainsi que la date de création de ces ghettos. Il aurait été intéressant d’ajouter les flux vers ces ghettos et entre ces ghettos et les camps de concentration et d’extermination, mais la carte perdait en lisibilité. De même, pour les camps, j’ai indiqué la différence entre camp d’extermination et camp de concentration, ainsi qu’une idée du nombre de personnes qui y ont été déportés, quel que soit le motif de déportation.
Logiciels utilisés :QGIS pour la conception de la carte, Illustrator pour la mise en forme.
Projection : projection conique conforme de Lambert. Parallèles standard : 50°N et 54°N. Méridien central : 21°E.
Côtes, lacs et cours d’eau :GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database).
Avant la Seconde Guerre mondiale, La Pologne abrite la première communauté juive d’Europe. L’occupation brutale du pays a été tout particulièrement dure pour les Juifs : environ 3 millions de Juifs, soit 98% des Juifs polonais, ont été assassinés pendant la Shoah.
La persécution des Juifs commence dès l’invasion, avec les premiers massacres organisés peu après les conquêtes sous prétexte de sécurisation. Dans un premier temps, les nazis décident de regrouper les Juifs (dont les biens sont confisqués) dans des ghettos. Contrairement aux anciens ghettos, qui étaient des quartiers réservés parfois fermés, les ghettos mis en place par les nazis sont des lieux clos où les Juifs sont entassés dans des conditions effroyables, où ils sont soumis à la faim, aux maladies, et servent de main d’œuvre pour le travail forcé.
L’invasion de l’URSS marque une nouvelle étape dans la persécution des Juifs. De nombreux massacres de masses sont commis. D’autres avaient eu lieu lors de l’invasion de la Pologne, mais pas avec une telle ampleur. L’automne 1941 voit aussi la construction des premiers camps d’extermination, c’est-à-dire des camps conçus non pour enfermer, mais pour assassiner un maximum de déportés dès leur arrivée sur place. La SS semble alors déterminée à mettre fin au système des ghettos et à exterminer la population juive d’Europe.
La conférence de Wannsee (20 janvier 1942) est souvent présentée comme celle où se décide la « solution finale du problème juif » (pour reprendre les termes utilisés alors), mais c’est en fait une réunion où les autres services du Reich acceptent le principe de l’extermination rapide proposé par la SS. À partir du printemps 1942, des grandes rafles sont organisées pour déporter les Juifs vers les camps d’extermination qui deviennent progressivement opérationnels. C’est aussi le début de la liquidation des ghettos, dont la population est transférée dans les camps de concentration et d’extermination.