Les Polonais vers 1900
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Au XIXe s., le monde orthodoxe prend un nouveau visage avec la montée en puissance des nationalités. Dès la création du patriarcat bulgare au Moyen Âge, l’autocéphalie est devenue un élément de souveraineté. L’essor des États-nation tend à créer des Églises nationales, ce qui est en contradiction avec le principe de territorialité sur lequel est fondé l’orthodoxie — c’est -à-dire que le fidèle doit relever d’une Église en fonction du lieu où il se trouve et non selon sa nationalité. Cela crée des situations complexes en diaspora, où les Églises autocéphales ont mis en place des structures parallèles qui coexistent sur le même territoire : le fidèle ne relève pas de l’évêque orthodoxe du lieu (puisqu’il y en a plusieurs), mais de telle ou telle Église autocéphale en fonction de son pays d’origine (patriarcat de Constantinople pour les Grecs, patriarcat de Moscou pour les Russes, patriarcat serbe pour les pays de l’ex-Yougoslavie, etc.).
Au cours du XIXe s., la déprise de l’Empire ottoman dans les Balkans se traduit aussi par une rétraction du patriarcat de Constantinople. En effet, les nations de la région se construisent politiquement contre l’Empire ottoman, et religieusement contre le patriarcat de Constantinople, perçu comme trop proche du pouvoir. Dans un monde où l’Église et l’État sont liés, il ne peut y avoir d’indépendance nationale sans indépendance spirituelle.
Une crise importante a lieu en 1872 : l’Empire ottoman essaie d’enrayer la montée du nationalisme bulgare par la création d’un exarchat bulgare, installé à Constantinople, et qui proclame son indépendance vis-à-vis du patriarcat de Constantinople. Le patriarche refuse de voir une partie de son ressort lui échapper sur une base nationale (et non du fait d’une indépendance qu’il faut admettre) et réunit un synode qui condamne le phylétisme (qu’on pourrait traduire par nationalisme religieux), c’est-à-dire que l’Église ne saurait être confondue avec une nation ou un peuple. Ce faisant, le synode pose les bases d’un problème fondamental de l’orthodoxie à l’époque contemporaine.
Le schisme entre l’Église bulgare et le patriarcat de Constantinople n’est réduit qu’après la Seconde Guerre mondiale…
Cette carte a été élaborée comme support des cours et formations de l’Institut européen en sciences des religions.
Projection | projection azimutale équivalente de Lambert |
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Centre | 51°N et 35°E |
Datum | WGS 84 |
Hydrographie (côtes, cours d’eau, lacs) | GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database) Natural Earth |
Cette œuvre est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution – Pas d’Utilisation Commerciale – Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.
Nationalités et autocéphalie au XIXe s. Read More »
L’autocéphalie de la métropole de Moscou a entraîné la division de l’Église russe. Le patriarche de Constantinople a en effet réinstallé un métropolite de Kiev qui a autorité sur les orthodoxes de l’État de Pologne-Lituanie. L’extension progressive de la Russie laisse les deux pays face-à-face pour le contrôle de l’Europe orientale, ce qui a aussi des effets sur un plan religieux.
À la fin du XVIe s., les orthodoxes de la Pologne-Lituanie se trouvent dans un pays dont le souverain, catholique, se perçoit comme le promoteur de la Réforme catholique en Europe orientale. Sur un plan plus politique, leur foi les rend suspects d’accointances avec la Russie. Lors d’un synode à Brześć (auj. Brèst) en 1590, le métropolite de Kiev, Michał Rahoza (biélorusse Mihal Rahoza, ukrainien Mihajlo Rohoza), et ses évêques signent une déclaration sollicitant une union avec l’Église romaine : ils acceptent de reconnaître l’autorité du pape et la théologie latine (Filioque, purgatoire) en échange du maintien de leur liturgie, leur droit canon et leurs traditions. Le pape Clément VIII (r. 1592-1605) accepte, et l’union est formellement proclamée en 1595. L’Église est dite uniate parce qu’elle est unie à Rome — adjectif abandonné car utilisé de manière péjorative par les orthodoxes — et ruthène car c’est la translitération du latin Ruthenus, qui signifie russe.
La même logique d’union par petites touches se retrouve dans les territoires des Habsbourgs, où plusieurs Églises orthodoxes se rallient à l’Église romaine. Les Habsbourgs ne se limitent pas à la stratégie d’union : ils mettent en place une métropole serbe. Lors de la Grande Guerre turque (1683-1699), les troupes des Habsbourgs ont franchi le Danube, ce qui a conduit à un soulèvement des Serbes. Avec la fin de la rébellion, nombre d’entre eux, conduits par le patriarche Arsenije III, se réfugient dans les territoires des Habsbourgs. L’empereur Léopold Ier (r. 1658-1705) reconnaît Arsenije III comme le chef spirituel des Serbes dans ses États. Après la mort d’Arsenije en 1706, l’empereur Joseph Ier (r. 1705-1711) décide d’abolir le titre patriarcal et crée la métropole de Karlowitz comme siège de l’Église serbe dans la monarchie des Habsbourgs.
L’expansion de la Russie entraîne l’extension du ressort du patriarcat de Moscou. La conquête de Kiev (1667) est un événement majeur. Pour Moscou, la possession de la capitale du premier État russe est une étape importante dans le « rassemblement des terres russes ». Kiev est aussi le berceau du christianisme en Russie. Dans un premier temps, le métropolite orthodoxe réinstallé par le patriarche de Constantinople après l’union de Brest se réfugie à Czehryń (auj. Čyhyryn) en 1657. Voyant que le patriarche de Moscou est décidé à prendre en charge la métropole de Kiev (il nomme un métropolite en 1685), le patriarche se résout à trouver un terrain d’entente.
Dans une lettre de 1686, le patriarche de Constantinople confie au patriarche de Moscou l’intronisation du métropolite de Kiev, à condition que l’Église continue de commémorer le patriarche de Constantinople et que le métropolite soit élu par le clergé de la métropole. Ce document est au cœur de la crise actuelle entre les deux patriarcats. Moscou considère qu’il s’agit d’un transfert pur et simple, et que la métropole de Kiev relève du patriarcat de Moscou, ce qui permet l’unité de l’Église russe. Constantinople y voit au contraire un expédient, une « économie* » : le patriarche de Constantinople n’a pas la capacité de s’opposer à la prise en charge par Moscou, donc il vaut mieux s’y résoudre plutôt que de créer plus de troubles.
Comme cela avait été le cas avec l’Empire byzantin, les conquêtes russes se traduisent par une absorption des autres Églises. Au début du XIXe s., la conquête du Caucase entraîne la disparition des Églises géorgiennes. Le particularisme de l’Église géorgienne est formellement pris en compte par la création d’un exarchat au sein du patriarcat de Moscou… mais l’exarque et le haut clergé sont russes et ignorent tout de la Géorgie.
À l’ouest, le dépeçage de la Pologne produit des effets contrastés sur l’Église ruthène. Dans la partie autrichienne, elle est consolidée par la création d’une métropole à Lemberg (auj. Lviv) et la restructuration en Église grecque catholique : grecque de par sa tradition byzantine, catholique par son rattachement à Rome — l’expression grecque catholique a d’ailleurs finit par remplacer le terme uniate. En revanche, dans la partie russe, elle subit la pression des autorités, jusqu’à la réunion d’un synode à Polotsk (1839), où une partie du clergé de l’Église ruthène rejette l’union avec Rome et proclame son retour à l’orthodoxie dans le giron du patriarcat de Moscou. Une partie rejette l’accord et tente de faire survivre l’Église ruthène, dont tous les biens ont été transférés à l’Église orthodoxe russe, dans la clandestinité.
* l’économie, du grec oikonomía (οἰκονομία), désigne le fait de ne pas appliquer la loi ou la règle car cette application compliquerait la situation au lieu de résoudre le problème.
Cette carte a été élaborée comme support des cours et formations de l’Institut européen en sciences des religions.
Projection | projection azimutale équivalente de Lambert |
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Centre | 51°N et 35°E |
Datum | WGS 84 |
Hydrographie (côtes, cours d’eau, lacs) | GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database) Natural Earth |
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La Bulgarie est une des dernières nations des Balkans à s’émanciper de la tutelle ottomane. Les Bulgares se soulèvent à l’occasion d’une révolte qui éclate en 1875 en Herzégovine et en Bosnie, et qui occupe une bonne partie de l’armée ottomane. Pour réprimer la révolte bulgare, l’Empire ottoman envoie, en plus de l’armée, des supplétifs, notamment les başıbozuk (bachi-bouzouk), dont les exactions à l’égard des populations locales émeuvent les opinions publiques européennes. La Russie, isolée depuis la guerre de Crimée (1853-1856) en profite pour se poser en sauveur des Bulgares, et entre en guerre contre l’Empire ottoman.
La Russie victorieuse impose à l’Empire ottoman le sévère traité de San Stefano [auj. Yeşilköy, à une dizaine de kilomètres du centre d’İstanbul] (3 mars 1878). La Roumanie, la Serbie et le Monténégro obtiennent l’indépendance et des gains territoriaux. La Bosnie devient une province autonome. Une grande principauté autonome de Bulgarie est créée. Les grandes puissances, notamment le Royaume-Uni, s’inquiètent à présent d’un déséquilibre des rapports de forces régionaux au profit de la Russie et refusent de reconnaître le traité. Un congrès se réunit à Berlin du 13 juin au 13 juillet 1878. Le traité de Berlin reprend les grands principes de celui de San Stefano. L’indépendance du Monténégro, de la Serbie et de la Roumanie est confirmée, avec quelques modifications de frontières. La Bosnie, l’Herzégovine et le sancak de Yeni Pazar sont confiés à l’Autriche-Hongrie. La Grèce doit recevoir de nouveaux territoires en Thessalie, ce qui est fait en 1881. La Bulgarie est considérablement réduite. La Macédoine reste sous administration directe ottomane, et le reste est divisé en deux : la principauté autonome de Bulgarie et la province autonome de Roumélie orientale. Dès lors, un des objectifs de la Bulgarie va être de retrouver les frontières définies lors du traité de San Stefano : c’est en très grande partie ce qui motive les actions du pays pendant les guerres balkaniques, la Première et la Seconde Guerre mondiales.
La première étape a lieu en 1885 avec l’absorption de la Roumélie orientale. L’annexion, proclamée le 18 septembre 1885, est à l’origine d’une crise qui se résout par un maintien de façade du statu quo. Le prince de Bulgarie est formellement gouverneur-général de la Roumélie orientale, qui n’existe plus dans les faits. L’Empire ottoman accepte en échange d’une légère rectification de frontière en sa faveur.
La deuxième étape, l’indépendance complète, est un des éléments de la crise de 1908-1909, qui voit la remise en cause du traité de Berlin. Le 5 octobre 1908, La Bulgarie proclame son indépendance et sa transformation en royaume. Le lendemain, l’Autriche-Hongrie proclame l’annexion de la Bosnie-Herzégovine et son retrait du sancak de Yeni Pazar. La modification des équilibres régionaux entraîne une vague de protestations diplomatiques, à laquelle se joint la Russie, qui avait assuré l’Autriche-Hongrie de son soutien en échange de l’acceptation de l’indépendance bulgare et de modifications du traité de Berlin pour ouvrir les détroits du Bosphore et des Dardanelles aux navires de guerre russe, mais qui se retrouve sans compensation avec le refus des grandes puissances d’organiser une conférence révisant le traité de Berlin. La nouvelle situation fait l’objet d’accords bilatéraux signés en avril 1909.
Projection | projection de Gauss-Krüger |
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Méridien standard | 25°E |
Datum | WGS 84 |
Hydrographie (côtes, cours d’eau, lacs) | GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database) |
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La renaissance de la Bulgarie Read More »
Le Duché de Varsovie devait son existence aux succès de Napoléon ; il fut entraîné dans sa chute. Au début de 1813, il est occupé par la Russie et la Prusse. Le congrès de Vienne procède à un nouveau partage.
L’essentiel du duché est transformé en Royaume de Pologne, théoriquement indépendant, mais dont le roi est l’empereur de Russie. Rapidement, le royaume est soumis à une politique de russification et d’intégration, renforcée après les soulèvements de 1830 et 1863. À la fin des années 1860, la région ne se distingue plus du reste de la Russie, et le nom de Pologne n’existe plus que dans la titulature de l’empereur de Russie — le territoire est administrativement désigné comme Territoire de la Vistule (Privislinskij kraj / Привислинский край).
L’ouest du duché est attribué à la Prusse sous la forme du grand-duché de Posen. Le grand-duché est théoriquement une entité autonome au sein du Royaume de Prusse. Cependant, le roi de Prusse est bien décidé à empêcher toute velléité autonomiste. En 1817, la région de Culm est retirée au grand-duché et directement annexée au royaume. Après le soutien apporté par la population au soulèvement de 1830, la politique anti-polonaise s’intensifie. Après une première révolte en 1846 suivie d’une autre en 1848, le grand-duché est transformé en province de Posen, sur le modèle des autres provinces du royaume.
La région de Cracovie conserve une forme d’indépendance en étant transformée en Ville libre de Cracovie. Après le soutien apporté à la révolte de 1830 dans la partie russe, l’autonomie de Cracovie est sévèrement limitée. En 1846, après une tentative de soulèvement, la Ville libre est annexée par l’Autriche.
Projection | projection conique conforme de Lambert |
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Parallèles standard | 49°20’N et 55°40’N |
Datum | WGS 84 |
Hydrographie (côtes, cours d’eau, lacs) | GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database) |
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Le partage de la Pologne en 1815 Read More »
Après les partages de la Pologne, nombre de Polonais ont vu dans la France le pays qui viendrait à leur secours, à cause de la constitution de 1791 qui rapprochait la Pologne des idéaux de la Révolution française, et surtout parce que les bénéficiaires des partages (monarchie des Habsbourgs, Prusse et Russie) sont les principaux adversaires de la France. Des volontaires polonais combattent aux côtés des troupes françaises, et Paris abritent plusieurs groupes s’efforçant de faire renaître la Pologne.
Lors des guerres de la Quatrième Coalition (1806-1807), la France occupe la Prusse. Le traité de Tilsit (9 juillet 1807) est sévère pour la Prusse : elle perd tous ses territoires à l’ouest de l’Elbe ainsi que la majeure partie des régions acquises lors des partages de la Pologne. Le Duché de Varsovie est constitué sur ces territoires cédés — sauf un fragment autour de Bialystok, annexé par la Russie. C’est une monarchie constitutionnelle gouvernée en union personnelle par un allié de Napoléon Ier : le roi de Saxe Frédéric-Auguste Ier. Dans les faits, c’est un État satellite de la France.
Lors des guerres de la Cinquième Coalition (1809), l’Autriche est à son tour battue par la France, avec le soutien des forces du Duché de Varsovie. Le traité de Schönbrunn (14 octobre 1809) prévoit le transfert de la Nouvelle Galicie (acquise lors du troisième partage de la Pologne) ainsi que la région autour de Zamość (annexée lors du premier partage).
Peut-être Napoléon avait-il prévu de faire rétrocéder par la Russie une partie de ses annexions lors des partages de la Pologne, mais l’histoire a pris un autre chemin.
Projection | projection conique conforme de Lambert |
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Parallèles standard | 49°20’N et 55°40’N |
Datum | WGS 84 |
Hydrographie (côtes, cours d’eau, lacs) | GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database) |
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