Grèce

Bulgarie 1947

La Bulgarie après les traités de Paris

Les traités de Paris, signés le 10 février 1947, établissent la paix avec les alliés de l’Allemagne : Bulgarie, Finlande, Hongrie, Italie, Roumanie. Pendant la guerre, les Alliés ont décidé, par principe, de revenir aux frontières du 31 décembre 1937, c’est-à-dire d’annuler les annexions qui ont eu lieu pendant la guerre, mais aussi celles qui résultent des coups de force des futures puissances de l’Axe, y compris lorsqu’elles avaient fait l’objet d’accords internationaux, comme les accords de Munich.

La Bulgarie bénéficie d’un relatif traitement de faveur liée à sa stratégie de participation limitée au conflit, et ne revient pas exactement dans ses frontières de 1937. Les dispositions de l’armistice de Moscou sont confirmées : les annexions aux dépens de la Yougoslavie et de la Grèce sont annulées. En revanche, les dispositions du traité de Craiova sont maintenues, et la Bulgarie peut conserver la Dobroudja méridionale, qu’elle avait perdue à l’issue des guerres balkaniques.

La Bulgarie est ainsi la seule puissance de l’Axe qui a connu une expansion territoriale à l’occasion de la Seconde Guerre mondiale.

Bulgarie 1947

Projection projection de Gauss-Krüger
Méridien standard 25°E
Datum WGS 84
Hydrographie (côtes, cours d’eau, lacs) GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)

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Bulgarie 1940-1945

La Bulgarie dans la Seconde Guerre mondiale

La Seconde Guerre mondiale est pour la Bulgarie l’occasion de prendre sa revanche sur les traités de paix. Dans un premier temps, le gouvernement bulgare choisit de rester neutre tout en espérant tirer parti des circonstances pour modifier les frontières du pays sans coup férir.

Cette stratégie est d’abord payante. À l’été 1940, la Roumanie est contrainte de céder la Bessarabie à l’URSS (28 juin 1940) et la Transylvanie du Nord à la Hongrie (30 août 1940). La Bulgarie profite de la pression mise sur le pays pour obtenir la signature du traité de Craiova (7 septembre 1940). La Roumanie lui cède la Dobroudja méridionale, perdue après les guerres balkaniques et brièvement récupérée pendant la Première Guerre mondiale. Le traité est reconnu par l’Allemagne et ses alliés, par l’URSS, mais aussi par le Royaume-Uni et les États-Unis.

Le 1er mars 1941, sous la pression de l’Allemagne qui souhaite consolider sa position dans les Balkans après l’échec de l’Italie dans la guerre contre la Grèce, la Bulgarie rejoint les puissances de l’Axe en signant le Pacte tripartite, mais elle prend soin de ne pas déclarer la guerre aux Alliés. Ce choix se révèle payant à court terme. Après les capitulations yougoslave et grecque, l’armée bulgare entre dans les régions conquises par la Wehrmacht avec l’accord d’une Allemagne qui entend laisser l’essentiel des tâches d’occupation à ses alliés, la Bulgarie annexe la Macédoine et la Thrace occidentale le 14 mai 1941 sans avoir tiré un coup de feu.

Dans le cadre de cette stratégie, la Bulgarie s’abstient de participer à la guerre contre l’URSS. Cela ne l’empêche pas d’être emportée comme les autres alliés de l’Allemagne. À l’été 1944, le pays est rapidement conquis par l’Armée rouge. Le gouvernement bulgare signe un armistice avec les Alliés à Moscou (28 octobre 1944). La Bulgarie doit évacuer les territoires yougoslaves et grecs, mais conserve les acquis de 1940. Le gouvernement bulgare déclare la guerre à l’Allemagne.

Bulgarie 1940-1945

Projection projection de Gauss-Krüger
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Église russe 1914-1939

Les Églises orthodoxes dans l’Entre-deux-guerres

Pendant l’Entre-deux-guerres, l’orthodoxie et les Églises orthodoxes ont connu de profondes réorganisations. La Première Guerre mondiale s’est achevée dans d’importants troubles liés à l’effondrement des grands empires multinationaux (Russie, Autriche-Hongrie, Empire ottoman), qui laissent place à des États-nations. La conception qui lie autocéphalie et souveraineté complète, est toujours à l’œuvre. Cette fois-ci, c’est l’Église russe qui perd le plus, avec une tentative du patriarcat de Constantinople pour reprendre la main.

Dans les Balkans, le processus qui a commencé un siècle auparavant s’achève. L’Église autocéphale albanaise est constitué en 1922. Depuis la fin du XIXe s., les orthodoxes albanais s’efforcent de créer une expression albanaise de l’orthodoxie pour qu’on cesse d’assimiler orthodoxes et Grecs, dans un contexte où l’Albanie indépendante doit faire face à l’irrédentisme grec et à la présence d’une importante minorité grecque dans le sud du pays. Le patriarcat de Constantinople reconnaît cette autocéphalie en 1937.

La création du Royaume des Serbes, Croates et Slovènes (qui devient Yougoslavie en 1929) permet l’extension de l’influence de l’Église serbe. En 1920, elle absorbe le patriarcat de Karlowitz (Carlovci), créé en 1848 par l’Autriche pour superviser l’Église serbe présente dans l’empire des Habsbourgs. Le métropolite de Belgrade prend alors le titre de patriarche serbe.

Dans le même ordre d’idées, le métropolite de Bucarest est élevé à la dignité de patriarche en 1925. En revanche, la situation de l’Église bulgare ne change pas du fait de la brouille entre l’exarque bulgare et le patriarche de Constantinople.

Les bouleversements les plus importants se produisent dans l’Église russe. À l’occasion de la révolution, l’Église russe procède à l’élection d’un patriarche, ce qui ne s’était pas produit depuis 1700, lorsque Pierre le Grand avait interdit qu’on élise un nouveau patriarche. La guerre civile (1918-1921) et l’offensive anti-religieuse du nouveau pouvoir conduisent le patriarche Tikhon (r. 1917-1925) à prendre une décision fondamentale. Le 7 novembre 1920, il autorise les évêques coupés du patriarcat à prendre localement les mesures nécessaires au bon fonctionnement de leur Église en attendant la normalisation de la situation. Cela conduit certaines Églises situées sur le territoire russe en 1914, mais en dehors de la Russie soviétique, à s’organiser en Églises autonomes. Les Églises finlandaise, estonienne et lettonne choisissent de se rattacher au patriarcat de Constantinople en échange du maintien de leurs traditions. C’est l’origine du conflit de juridiction sur l’Estonie qui a opposé Constantinople et Moscou et entraîné une brève rupture en 1996.

L’Église orthodoxe polonaise obtient l’autocéphalie en 1924. C’est un élément important pour le bon fonctionnement de l’Église, dans un contexte où l’État polonais restauré prend le contre-pied de la politique menée lors de la domination russe en soutenant le catholicisme, y compris l’Église grecque catholique, qui connaît un renouveau, et où les orthodoxes appartiennent surtout aux minorités nationales (Biélorusses et Ukrainiens) de l’Est du pays. Dans le tómos (décret) qui accorde l’autocéphale à l’Église orthodoxe polonaise (13 novembre 1924), le patriarche de Constantinople, Grégoire VII, développe une argumentation qui a des conséquences à long terme. Il rappelle d’abord que la tradition de l’Église orthodoxe est que l’Église s’adapte aux réalités politiques et administratives de son temps. Surtout, il affirme que la métropole de Kiev (dont est issue la métropole de Pologne) a été séparée du patriarcat de Constantinople contrairement au droit canon. Cet argument est repris lors dans le tómos accordant l’autocéphalie à l’Église ukrainienne (5 janvier 2019).

La diaspora russe organise l’Église orthodoxe russe hors frontières, qui s’installe en Yougoslavie, dans les bâtiments libérés par le patriarche serbe de Karlovci. Cette structure, qui répond au départ aux nécessités d’organisations évoquées par le patriarche Tikhon, se montre très critique du régime soviétique ; elle rompt avec le patriarcat de Moscou lorsque celui-ci décide de se soumettre aux autorités soviétiques (1925).

D’autres Églises n’ont pas eu le même succès. La tentative d’indépendance de l’Ukraine, qui se solde par une reprise en main par les Soviétiques après une terrible guerre civile (1918-1921), s’accompagne de la création d’une Église autocéphale ukrainienne, qui existe parallèlement à l’exarchat d’Ukraine mis en place par le patriarcat de Moscou pour accorder une forme d’autonomie à l’Église ukrainienne. Avec la victoire des communistes, et la création de l’URSS, dont l’Ukraine est une république fondatrice, le nouveau pouvoir favorise le patriarcat de Moscou et finit par dissoudre l’Église autocéphale ukrainienne, qui survit en partie dans la diaspora et se réinstalle en Ukraine avec la fin de l’URSS.

L’Église géorgienne tente de restaurer son indépendance perdue lors de la conquête russe du Caucase. Ici aussi, lorsque l’Armée rouge conquiert la Transcaucasie pour y établir un régime soviétique, l’Église géorgienne est dissoute, mais elle parvient à survivre dans la clandestinité avan d’être reconnue par les autorités soviétiques (et le patriarcat de Moscou) en 1943.

Église russe 1914-1939

Cette carte a été élaborée comme support des cours et formations de l’Institut européen en sciences des religions.

Projection projection azimutale équivalente de Lambert
Centre 51°N et 35°E
Datum WGS 84
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Frontières issues du traité de Neuilly

Le traité de Neuilly

Le traité de Neuilly, qui établit la paix entre la Bulgarie et les vainqueurs de la Grande Guerre, est signé le 27 novembre 1919.

Les conditions sont sévères. Tous les espoirs qui avaient motivé l’entrée en guerre du pays sont déçus — la Bulgarie parvient quand même à conserver une partie des territoires cédés par l’Empire ottoman en 1915.

La Dobroudja est formellement rétrocédée à la Roumanie.

La frontière avec le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes, issu de la fusion de la Serbie, du Monténégro et des territoires austro-hongrois peuplés de Slaves du Sud, fait l’objet de rectifications qui visent à priver la Bulgarie de positions qui pourraient être avantageuses en cas de guerre.

La Bulgarie perd son accès à la mer Égée en devant céder la Thrace occidentale aux puissances de l’Entente. Celles-ci remettent formellement la région à la Grèce lors de la conférence de San Remo (1920). Un accord d’échange de populations entre la Grèce et la Bulgarie doit être signé.

En outre, la Bulgarie doit payer des réparations, et son armée est réduite à 20 000 hommes.

Cependant, contrairement aux autres perdants de la Première Guerre mondiale, la Bulgarie a réussi à maintenir son régime politique : le roi Ferdinand a endossé la responsabilité de la défaite et abdiqué le 3 novembre 1918, mais la monarchie n’a pas été emportée.

Frontières issues du traité de Neuilly

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Patriarcat Moscou 1813-1914

Nationalités et autocéphalie au XIXe s.

Au XIXe s., le monde orthodoxe prend un nouveau visage avec la montée en puissance des nationalités. Dès la création du patriarcat bulgare au Moyen Âge, l’autocéphalie est devenue un élément de souveraineté. L’essor des États-nation tend à créer des Églises nationales, ce qui est en contradiction avec le principe de territorialité sur lequel est fondé l’orthodoxie — c’est -à-dire que le fidèle doit relever d’une Église en fonction du lieu où il se trouve et non selon sa nationalité. Cela crée des situations complexes en diaspora, où les Églises autocéphales ont mis en place des structures parallèles qui coexistent sur le même territoire : le fidèle ne relève pas de l’évêque orthodoxe du lieu (puisqu’il y en a plusieurs), mais de telle ou telle Église autocéphale en fonction de son pays d’origine (patriarcat de Constantinople pour les Grecs, patriarcat de Moscou pour les Russes, patriarcat serbe pour les pays de l’ex-Yougoslavie, etc.).

Au cours du XIXe s., la déprise de l’Empire ottoman dans les Balkans se traduit aussi par une rétraction du patriarcat de Constantinople. En effet, les nations de la région se construisent politiquement contre l’Empire ottoman, et religieusement contre le patriarcat de Constantinople, perçu comme trop proche du pouvoir. Dans un monde où l’Église et l’État sont liés, il ne peut y avoir d’indépendance nationale sans indépendance spirituelle.

Une crise importante a lieu en 1872 : l’Empire ottoman essaie d’enrayer la montée du nationalisme bulgare par la création d’un exarchat bulgare, installé à Constantinople, et qui proclame son indépendance vis-à-vis du patriarcat de Constantinople. Le patriarche refuse de voir une partie de son ressort lui échapper sur une base nationale (et non du fait d’une indépendance qu’il faut admettre) et réunit un synode qui condamne le phylétisme (qu’on pourrait traduire par nationalisme religieux), c’est-à-dire que l’Église ne saurait être confondue avec une nation ou un peuple. Ce faisant, le synode pose les bases d’un problème fondamental de l’orthodoxie à l’époque contemporaine.

Le schisme entre l’Église bulgare et le patriarcat de Constantinople n’est réduit qu’après la Seconde Guerre mondiale…

Patriarcat Moscou 1813-1914

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La Bulgarie pendant la Première Guerre mondiale

La Bulgarie dans la Première Guerre mondiale

Lorsque la Première Guerre mondiale commence, la Bulgarie, isolée diplomatiquement et encore affectée par les guerres balkaniques, déclare sa neutralité. Sa situation en fait un pays convoité par les deux camps. Elle négocie son entrée en guerre en fonction de deux facteurs : les promesses d’expansion territoriale et la situation militaire.

À l’été 1915, l’avantage est aux Puissances centrales. Les propositions faites par l’Entente en Macédoine et en Thrace dépendent de l’accord de la Serbie et de la Grèce, qui ne veulent rien céder, tandis que les Puissances centrales, qui vont de victoire en victoire sur le front de l’Est, peuvent facilement promettre une large rétribution en cas de conquête.

Le 6 septembre 1915, la Bulgarie signe plusieurs traités avec les Puissances centrales. En plus de promesses d’annexions aux dépends de la Serbie et (en cas d’entrée en guerre du côté de l’Entente) de la Grèce et la Roumanie, la Bulgarie obtient une rectification de sa frontière avec l’Empire ottoman. Le pays entre en guerre le 14 octobre 1915 : son aide est décisive dans la conquête de la Serbie.

À partir de l’été 1916 et des succès contre la Grèce et la Roumanie, la Bulgarie a atteint ses objectifs, mais seule une victoire finale des Puissances centrales lui permettra de procéder aux annexions. Une première étape est franchie avec la signature du traité de Bucarest (7 mai 1918). La Roumanie cède la Dobroudja aux Puissances centrales. La partie nord est gérée en condominium tandis que la partie sud (qui comporte les territoires cédés par la Bulgarie en 1913) est annexée par la Bulgarie. Le 25 septembre 1918, la Bulgarie annexe la partie nord en échange de la cession de la rive gauche de la Maritsa à l’Empire ottoman.

Le retournement de situation est rapide : le 29 septembre 1918, la Bulgarie, défaite militairement, signe l’armistice de Thessalonique, qui prévoit l’évacuation des territoires occupés en Grèce et en Serbie. La Roumanie, qui n’a pas ratifiée le traité de Bucarest, dénonce le traité et entre de nouveau en guerre le 10 novembre 1918 avec pour but d’obtenir son annulation.

La Bulgarie pendant la Première Guerre mondiale

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La Bulgarie pendant les guerres balkaniques

La Bulgarie dans les guerres balkaniques

Les guerres balkaniques entraînent un recul considérable de l’Empire ottoman en Europe, mais elles laissent aussi de solides rancœurs entre États balkaniques.

Sous les auspices de la Russie, la Bulgarie, la Grèce, le Monténégro et la Serbie mettent leurs différends de côté pour former la Ligue des Balkans en mars 1912. L’accord bulgaro-serbe prévoit notamment la division de leur zone d’intérêt en 3 : une « zone contestée » dont l’attribution est soumise à l’arbitrage des grandes puissances, la région au nord revenant à la Serbie et celle au sud à la Bulgarie. La Bulgarie obtiendrait ainsi une bonne partie de la Macédoine, qui lui avait échappé lors de l’annulation du traité de San Stefano.

Le Monténégro déclare la guerre à l’Empire ottoman le 5 octobre 1912, suivi par les autres membres de la ligue balkanique le 12. Les armées des pays balkaniques enchaînent les succès malgré quelques difficultés lors des sièges de Scutari et Andrinople.

Un armistice est signé le 3 décembre, et des négociations de paix commencent à Londres sous le patronage des grandes puissances. Le traité de Londres (30 mai 1913) entérine la perte de la quasi-totalité des possessions européennes de l’Empire ottoman. Il donne satisfaction aux Albanais, qui ont proclamé leur indépendance le 28 novembre 1912, en créant une principauté d’Albanie.

Le partage des territoires cédés n’est pas couvert par le traité, et les tensions commencent à monter entre les vainqueurs. La Serbie a perdu une partie de ses conquêtes avec la création de l’Albanie et entend établir les frontières sur la base de la possession effective des territoires, justifiant sa position par l’absence d’aide militaire bulgare lors de la conquête de la Macédoine (pourtant prévue par le traité d’alliance) et le refus du soutien bulgare quand elle a tenté d’empêcher la création d’un État albanais. De son côté, la Bulgarie réclame la mise en application du traité d’alliance, expliquant que le changement de dispositif militaire avait été annoncé bien avant le début des hostilités.

Le 29 juin 1913, l’armée bulgare attaque les positions serbes et grecques. L’offensive est enrayée, et bientôt l’armée ottomane reprend l’offensive et s’empare d’Andrinople. L’entrée en guerre de la Roumanie donne le coup de grâce.

Le traités de Bucarest (10 août 1913), entre pays balkaniques, et de Constantinople (29 septembre 1913) entre la Bulgarie et l’Empire ottoman, établissent les nouvelles frontières dans la région. La Bulgarie perd une partie de ses conquêtes. Surtout, il y a une reconfiguration des alliances. La Russie comptait sur la Ligue balkanique pour faire pièce à l’expansionnisme austro-hongrois, mais a choisi de soutenir la Serbie. La Bulgarie, lâchée par la Russie, met fin à l’alliance traditionnelle avec celle-ci et se rapproche de l’Autriche-Hongrie et de l’Allemagne.

La Bulgarie pendant les guerres balkaniques

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Bulgarie 1878-1908

La renaissance de la Bulgarie

La Bulgarie est une des dernières nations des Balkans à s’émanciper de la tutelle ottomane. Les Bulgares se soulèvent à l’occasion d’une révolte qui éclate en 1875 en Herzégovine et en Bosnie, et qui occupe une bonne partie de l’armée ottomane. Pour réprimer la révolte bulgare, l’Empire ottoman envoie, en plus de l’armée, des supplétifs, notamment les başıbozuk (bachi-bouzouk), dont les exactions à l’égard des populations locales émeuvent les opinions publiques européennes. La Russie, isolée depuis la guerre de Crimée (1853-1856) en profite pour se poser en sauveur des Bulgares, et entre en guerre contre l’Empire ottoman.

La Russie victorieuse impose à l’Empire ottoman le sévère traité de San Stefano [auj. Yeşilköy, à une dizaine de kilomètres du centre d’İstanbul] (3 mars 1878). La Roumanie, la Serbie et le Monténégro obtiennent l’indépendance et des gains territoriaux. La Bosnie devient une province autonome. Une grande principauté autonome de Bulgarie est créée. Les grandes puissances, notamment le Royaume-Uni, s’inquiètent à présent d’un déséquilibre des rapports de forces régionaux au profit de la Russie et refusent de reconnaître le traité. Un congrès se réunit à Berlin du 13 juin au 13 juillet 1878. Le traité de Berlin reprend les grands principes de celui de San Stefano. L’indépendance du Monténégro, de la Serbie et de la Roumanie est confirmée, avec quelques modifications de frontières. La Bosnie, l’Herzégovine et le sancak de Yeni Pazar sont confiés à l’Autriche-Hongrie. La Grèce doit recevoir de nouveaux territoires en Thessalie, ce qui est fait en 1881. La Bulgarie est considérablement réduite. La Macédoine reste sous administration directe ottomane, et le reste est divisé en deux : la principauté autonome de Bulgarie et la province autonome de Roumélie orientale. Dès lors, un des objectifs de la Bulgarie va être de retrouver les frontières définies lors du traité de San Stefano : c’est en très grande partie ce qui motive les actions du pays pendant les guerres balkaniques, la Première et la Seconde Guerre mondiales.

La première étape a lieu en 1885 avec l’absorption de la Roumélie orientale. L’annexion, proclamée le 18 septembre 1885, est à l’origine d’une crise qui se résout par un maintien de façade du statu quo. Le prince de Bulgarie est formellement gouverneur-général de la Roumélie orientale, qui n’existe plus dans les faits. L’Empire ottoman accepte en échange d’une légère rectification de frontière en sa faveur.

La deuxième étape, l’indépendance complète, est un des éléments de la crise de 1908-1909, qui voit la remise en cause du traité de Berlin. Le 5 octobre 1908, La Bulgarie proclame son indépendance et sa transformation en royaume. Le lendemain, l’Autriche-Hongrie proclame l’annexion de la Bosnie-Herzégovine et son retrait du sancak de Yeni Pazar. La modification des équilibres régionaux entraîne une vague de protestations diplomatiques, à laquelle se joint la Russie, qui avait assuré l’Autriche-Hongrie de son soutien en échange de l’acceptation de l’indépendance bulgare et de modifications du traité de Berlin pour ouvrir les détroits du Bosphore et des Dardanelles aux navires de guerre russe, mais qui se retrouve sans compensation avec le refus des grandes puissances d’organiser une conférence révisant le traité de Berlin. La nouvelle situation fait l’objet d’accords bilatéraux signés en avril 1909.

Bulgarie 1878-1908

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Hydrographie (côtes, cours d’eau, lacs) GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)

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Territoire Églises orthodoxess

Les Églises autocéphales

Territoire Églises orthodoxesLe monde orthodoxe est un monde mal connu, en particulier son organisation en Églises autocéphales. L’objectif de cette carte est donc de montrer les différents territoires canoniques et leur lien plus ou moins marqué avec les frontières des pays de tradition orthodoxe. Cela produit de nombreux points de contestation, signalés par des hachures, dont le plus important est L’Ukraine. L’histoire de cette complexification fait l’objet d’une série de cartes.

En plus des Églises autocéphales, j’ai représenté les Églises autonomes, ce qui est un moyen pour prendre en compte des spécificités locales.

Cette carte se concentre sur le cœur du monde orthodoxe mais, à ce titre comporte des manques. D’abord, il manque les territoires canoniques extra-européens : l’Église orthodoxe russe en Amérique (dont l’autocéphalie est partiellement reconnue), et les Églises autonomes de Chine et du Japon (patriarcat de Moscou). Étendre le domaine couvert aurait rendu la carte plus complexe pour un gain minime. La diaspora n’a pas non plus été prise en compte : son organisation très complexe nécessiterait plutôt une carte spécifique. Dernier manque : les Églises non canoniques, c’est-à-dire des Églises orthodoxes qui ne sont reconnues par aucune des Églises autocéphales, ne sont pas figurées, par crainte de rendre la carte trop complexe et illisible.

Logiciels utilisés : QGIS pour la conception de la carte, Illustrator pour la mise en forme.

Projection : projection azimutale de Lambert. Centre : 40°N x 29°E.

Côtes, lacs et cours d’eau : GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database) et Natural Earth.


Les Églises orthodoxes ont conservé le principe pentarchique issu des conciles œcuméniques et de la législation byzantine : l’Église est considérée comme une confédération d’Églises indépendantes, ou autocéphales, du grec autós (αὐτός) [soi-même] et kephalḗ (κεφαλή) [tête] — littéralement le fait d’être sa propre tête — ce qui signifie que le primat de chaque Église autocéphale ne dépend d’aucun autre évêque.

Si les principes n’ont pas changé, le nombre d’Églises autocéphales a connu d’importantes variations. La montée en puissance de nouveaux États s’est accompagnée de l’autocéphalie, l’indépendance de l’Église étant perçue comme le pendant spirituel de la pleine souveraineté politique. À l’inverse, la disparition d’un État entraîne souvent, à terme, l’absorption de l’Église par l’Église autocéphale liée au vainqueur. La création d’une Église autocéphale n’est pas un processus clairement défini faisant l’objet d’un consensus. En définitive, c’est souvent la situation de fait — la capacité à faire accepter cette autocéphalie — qui l’emporte.

Au début du XXIe s., il existe 14 Églises autocéphales reconnues par les autres Églises orthodoxes. Certains Églises autocéphales comprennent des Églises autonomes. Le degré d’autonomie peut varier, mais la désignation du chef de cette Église est au minimum soumis à l’approbation du chef de l’Église autocéphale, dont l’autorité s’exerce en dernier ressort. 2 Églises sont partiellement reconnues. L’Église orthodoxe en Amérique, qui a obtenu son autocéphalie du patriarcat de Moscou en 1970, n’est reconnue que par le patriarcat de Moscou, le patriarcat de Géorgie, le patriarcat de Bulgarie, l’Église orthodoxe autocéphale polonaise et l’Église orthodoxe des terres tchèques et de Slovaquie.

La décision du patriarcat de Constantinople de reconnaître l’autocéphalie de l’Église d’Ukraine a conduit à une rupture avec le patriarcat de Moscou le 15 octobre 2018. Ce schisme, paroxysme du conflit larvé qui oppose les deux patriarcats depuis des années, menace l’unité du monde orthodoxe. Le patriarcat de Moscou considère que la métropole de Kiev lui a été transférée à la fin du XVIIe s., et que, par conséquence, l’Église ukrainienne est dans le ressort de l’Église russe. Le patriarcat de Constantinople voit dans ce transfert un expédient lié aux circonstances, et estime que, de jure, la métropole de Kiev n’a jamais cessé de relever de son autorité. De nouvelles circonstances — l’existence d’un État ukrainien souhaitant parachever son indépendance en coupant les liens spirituels avec Moscou — lui ont permis de réaffirmer cette autorité, fondement de la reconnaissance de l’autocéphalie. Pour l’heure, le patriarcat de Constantinople est le seul à reconnaître l’autocéphalie de l’Église d’Ukraine…


Cette carte a été élaborée comme support des cours et formations de l’Institut d’étude des religions et de la laïcité.

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Les montagnes monastiques

Les montagnes monastiques

Une des originalités du monachisme de la chrétienté orthodoxe est l’existence de montagnes monastiques, c’est-à-dire d’un ensemble de monastères installés sur une montagne. Ici, la montagne est un substitut aux déserts où se retirèrent les pères fondateurs du monachisme et de l’érémitisme. Aujourd’hui, seuls subsistent les Météores et le mont Athos, tous deux en Grèce, mais le phénomène a été bien plus important au Moyen Âge. Systématiquement, ces montagnes ont été le lieu de retraite d’ermites ; la popularité de ceux-ci a conduit à la construction de monastères pour leurs disciples, jusqu’au développement d’un nouveau modèle de laure, un établissement qui combine monastère cénobitique, avec quelques ermitages dépendants pour les moines prêts à se retirer plus encore du monde.

Les deux plus anciennes montagnes sont le mont Saint-Auxence et l’Olympe de Bithynie, où des ermites sont attestés respectivement aux Ve et VIe siècles. Pendant la crise iconoclaste (730-787 et 814-843), ce sont des bastions de la vénération des images. Le mont Saint-Auxence est mentionné une dernière fois à la fin du XIIIe siècle, les derniers monastères de l’Olympe de Bithynie sont attestés au XIVe siècle.

Les IXe-XIe siècles voient un renouveau de ces montagnes monastiques. La moins connue (jusqu’à sa localisation exacte) est le mont Kyminas, qui a eu l’existence la plus brève : les premiers moines sont attestés au milieu du IXe s., et les mentions disparaissent à la fin du Xe siècle. La tradition veut que le Latros ait abrité des moines fuyant les invasions arabo-musulmanes au VIIe s., mais l’activité monastique n’y est véritablement attestée qu’à la fin du VIIIe s. et ne cesse de croître… et périclite à la fin du XIIIe siècle. C’est à la fin du Xe s. qu’est fondée la plus prestigieuse de ces montagnes monastiques, au point qu’on la qualifie de sainte montagne : le mont Athos. Peu après, au début du XIe s., le mont Galèsion commence à accueillir ses premiers ermites. Au XIIIe s., il semble ne plus y avoir qu’un monastère du Galèsion, qui connaît un certain rayonnement. Le Galèsion cesse toute activité avec la conquête turque au XIVe siècle.

La dernière de ces fondations a lieu au début du XIVe siècle : les Météores, dont le développement a été aidé par l’arrivée de moines de l’Athos fuyant les raids des pirates turcs dont les monastères athonites étaient victimes dans la deuxième moitié du XIVe siècle.

montagne monastiques de la chrétienté orthodoxe

Cette carte a été élaborée comme support des cours du soir de l’Institut européen en sciences des religions.

Projection Transverse universelle de Mercator, fuseau 35 nord
Datum WGS 84
Topographie ETOPO1
Hydrographie (côtes, cours d’eau, lacs) GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)

Licence Creative Commons
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Carte du Mont Athos Grèce

Mont Athos

Le mont Athos (aujourd’hui République monastique du mont Athos) est une montagne monastique qui abrite vingt grands monastères associés à des ermitages (skites). C’est un des lieux emblématiques du monde orthodoxe.

La fortune du mont Athos commence avec la fondation par Athanase du monastère de la Grande Laure (ou monastère de Lavra) en 963. Cette fondation rompt avec la tradition qui prévalait alors sur la Sainte Montagne, où vivaient des ermites attirés par ce lieu difficile d’accès.  Désormais, le passage dans un monastère est conçu comme une étape qui prépare à la vie érémitique.

Le succès est immédiat. Les disciples d’Athanase fondent de nouveaux monastères, et des moines venus de tout le monde orthodoxe (Géorgiens, Russes, Bulgares, Serbes, Roumains…) s’installent à leur tour. Les fondations bénéficient du soutien de l’empereur, du patriarche et des princes locaux. Au fil du temps, le mont Athos devient la forteresse de l’orthodoxie où, comme l’écrit Jean Cantacuzène au XIVe s., les moines de l’Athos sont « comme Atlas et soutiennent le monde par leurs prières ».

Carte du Mont Athos Grèce

Cette carte a été élaborée comme support des cours sur l’histoire du christianisme et des formations sur l’orthodoxie de l’Institut européen en sciences des religions.

Projectionprojection de Gauss-Krüger
Méridien standard24°15 E
DatumWGS 84
TopographieEU-DEM (Digital elevation model over Europe)
CôtesOpenStreetMap
Licence Creative Commons


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