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post-Brexit United Kingdom

Brexit : les pays du FUK

post-Brexit United KingdomFinissons l’année 2019, riche en rebondissements quant au Brexit, sur une carte humoristique dont le seul but est de faire sourire…

Logiciels utilisés : QGIS pour la conception de la carte, Illustrator pour la mise en forme.

Projection : OSGB 36 – British National Grid (projection transverse de Mercator ; méridien standard : 2°W).

Côtes, lacs et cours d’eau : GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database).


La sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (Brexit) a exacerbé les tensions. Lors de la négociation de l’accord final de partenariat avec l’Europe, de véritables fossés se sont créés au sein du pays.

Contre l’avis de Londres, l’Écosse a procédé à un nouveau référendum sur l’indépendance en vue de pouvoir réintégrer l’Union européenne. La victoire massive du oui (la désormais célèbre formule leave to remain) a entrainé la proclamation de l’indépendance — acte non reconnu par le gouvernement britannique.

L’Irlande du Nord a été le théâtre d’importantes tensions communautaires. Après des élections dans un climat délétère, un gouvernement d’urgence nationale a été créé. Il a signé un accord de partenariat privilégié avec la République d’Irlande qui garantit le statu quo qui existait avant le Brexit.

Alors que la grogne gagne le Pays de Galles, Londres tente de préserver ce qui peut l’être. Charles III accepte la proclamation d’un Royaume d’Angleterre et de Galles qui met fin de fait (mais pas de droit) à l’existence du Royaume-Uni.

Depuis, la complexité de la situation n’a pas cessée car nombre de pays et d’organisations n’ont pas reconnu la dissolution du Royaume-Uni. Dans de nombreux cas, les trois pays continuent d’être traités comme une entité unique, l’ARU (Ancien Royaume-Uni), en anglais FUK (Former United Kingdom)…


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La Bulgarie pendant la Première Guerre mondiale

La Bulgarie dans la Première Guerre mondiale

Lorsque la Première Guerre mondiale commence, la Bulgarie, isolée diplomatiquement et encore affectée par les guerres balkaniques, déclare sa neutralité. Sa situation en fait un pays convoité par les deux camps. Elle négocie son entrée en guerre en fonction de deux facteurs : les promesses d’expansion territoriale et la situation militaire.

À l’été 1915, l’avantage est aux Puissances centrales. Les propositions faites par l’Entente en Macédoine et en Thrace dépendent de l’accord de la Serbie et de la Grèce, qui ne veulent rien céder, tandis que les Puissances centrales, qui vont de victoire en victoire sur le front de l’Est, peuvent facilement promettre une large rétribution en cas de conquête.

Le 6 septembre 1915, la Bulgarie signe plusieurs traités avec les Puissances centrales. En plus de promesses d’annexions aux dépends de la Serbie et (en cas d’entrée en guerre du côté de l’Entente) de la Grèce et la Roumanie, la Bulgarie obtient une rectification de sa frontière avec l’Empire ottoman. Le pays entre en guerre le 14 octobre 1915 : son aide est décisive dans la conquête de la Serbie.

À partir de l’été 1916 et des succès contre la Grèce et la Roumanie, la Bulgarie a atteint ses objectifs, mais seule une victoire finale des Puissances centrales lui permettra de procéder aux annexions. Une première étape est franchie avec la signature du traité de Bucarest (7 mai 1918). La Roumanie cède la Dobroudja aux Puissances centrales. La partie nord est gérée en condominium tandis que la partie sud (qui comporte les territoires cédés par la Bulgarie en 1913) est annexée par la Bulgarie. Le 25 septembre 1918, la Bulgarie annexe la partie nord en échange de la cession de la rive gauche de la Maritsa à l’Empire ottoman.

Le retournement de situation est rapide : le 29 septembre 1918, la Bulgarie, défaite militairement, signe l’armistice de Thessalonique, qui prévoit l’évacuation des territoires occupés en Grèce et en Serbie. La Roumanie, qui n’a pas ratifiée le traité de Bucarest, dénonce le traité et entre de nouveau en guerre le 10 novembre 1918 avec pour but d’obtenir son annulation.

La Bulgarie pendant la Première Guerre mondiale

Projection projection de Gauss-Krüger
Méridien standard 25°E
Datum WGS 84
Hydrographie (côtes, cours d’eau, lacs) GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)

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Église russe 1589-1839

L’expansion du patriarcat de Moscou

L’autocéphalie de la métropole de Moscou a entraîné la division de l’Église russe. Le patriarche de Constantinople a en effet réinstallé un métropolite de Kiev qui a autorité sur les orthodoxes de l’État de Pologne-Lituanie. L’extension progressive de la Russie laisse les deux pays face-à-face pour le contrôle de l’Europe orientale, ce qui a aussi des effets sur un plan religieux.

À la fin du XVIe s., les orthodoxes de la Pologne-Lituanie se trouvent dans un pays dont le souverain, catholique, se perçoit comme le promoteur de la Réforme catholique en Europe orientale. Sur un plan plus politique, leur foi les rend suspects d’accointances avec la Russie. Lors d’un synode à Brześć (auj. Brèst) en 1590, le métropolite de Kiev, Michał Rahoza (biélorusse Mihal Rahoza, ukrainien Mihajlo Rohoza), et ses évêques signent une déclaration sollicitant une union avec l’Église romaine : ils acceptent de reconnaître l’autorité du pape et la théologie latine (Filioque, purgatoire) en échange du maintien de leur liturgie, leur droit canon et leurs traditions. Le pape Clément VIII (r. 1592-1605) accepte, et l’union est formellement proclamée en 1595. L’Église est dite uniate parce qu’elle est unie à Rome — adjectif abandonné car utilisé de manière péjorative par les orthodoxes — et ruthène car c’est la translitération du latin Ruthenus, qui signifie russe.

La même logique d’union par petites touches se retrouve dans les territoires des Habsbourgs, où plusieurs Églises orthodoxes se rallient à l’Église romaine. Les Habsbourgs ne se limitent pas à la stratégie d’union : ils mettent en place une métropole serbe. Lors de la Grande Guerre turque (1683-1699), les troupes des Habsbourgs ont franchi le Danube, ce qui a conduit à un soulèvement des Serbes. Avec la fin de la rébellion, nombre d’entre eux, conduits par le patriarche Arsenije III, se réfugient dans les territoires des Habsbourgs. L’empereur Léopold Ier (r. 1658-1705) reconnaît Arsenije III comme le chef spirituel des Serbes dans ses États. Après la mort d’Arsenije en 1706, l’empereur Joseph Ier (r. 1705-1711) décide d’abolir le titre patriarcal et crée la métropole de Karlowitz comme siège de l’Église serbe dans la monarchie des Habsbourgs.

L’expansion de la Russie entraîne l’extension du ressort du patriarcat de Moscou. La conquête de Kiev (1667) est un événement majeur. Pour Moscou, la possession de la capitale du premier État russe est une étape importante dans le « rassemblement des terres russes ». Kiev est aussi le berceau du christianisme en Russie. Dans un premier temps, le métropolite orthodoxe réinstallé par le patriarche de Constantinople après l’union de Brest se réfugie à Czehryń (auj. Čyhyryn) en 1657. Voyant que le patriarche de Moscou est décidé à prendre en charge la métropole de Kiev (il nomme un métropolite en 1685), le patriarche se résout à trouver un terrain d’entente.

Dans une lettre de 1686, le patriarche de Constantinople confie au patriarche de Moscou l’intronisation du métropolite de Kiev, à condition que l’Église continue de commémorer le patriarche de Constantinople et que le métropolite soit élu par le clergé de la métropole. Ce document est au cœur de la crise actuelle entre les deux patriarcats. Moscou considère qu’il s’agit d’un transfert pur et simple, et que la métropole de Kiev relève du patriarcat de Moscou, ce qui permet l’unité de l’Église russe. Constantinople y voit au contraire un expédient, une « économie* » : le patriarche de Constantinople n’a pas la capacité de s’opposer à la prise en charge par Moscou, donc il vaut mieux s’y résoudre plutôt que de créer plus de troubles.

Comme cela avait été le cas avec l’Empire byzantin, les conquêtes russes se traduisent par une absorption des autres Églises. Au début du XIXe s., la conquête du Caucase entraîne la disparition des Églises géorgiennes. Le particularisme de l’Église géorgienne est formellement pris en compte par la création d’un exarchat au sein du patriarcat de Moscou… mais l’exarque et le haut clergé sont russes et ignorent tout de la Géorgie.

À l’ouest, le dépeçage de la Pologne produit des effets contrastés sur l’Église ruthène. Dans la partie autrichienne, elle est consolidée par la création d’une métropole à Lemberg (auj. Lviv) et la restructuration en Église grecque catholique : grecque de par sa tradition byzantine, catholique par son rattachement à Rome — l’expression grecque catholique a d’ailleurs finit par remplacer le terme uniate. En revanche, dans la partie russe, elle subit la pression des autorités, jusqu’à la réunion d’un synode à Polotsk (1839), où une partie du clergé de l’Église ruthène rejette l’union avec Rome et proclame son retour à l’orthodoxie dans le giron du patriarcat de Moscou. Une partie rejette l’accord et tente de faire survivre l’Église ruthène, dont tous les biens ont été transférés à l’Église orthodoxe russe, dans la clandestinité.

* l’économie, du grec oikonomía (οἰκονομία), désigne le fait de ne pas appliquer la loi ou la règle car cette application compliquerait la situation au lieu de résoudre le problème.

Église russe 1589-1839

Cette carte a été élaborée comme support des cours et formations de l’Institut européen en sciences des religions.

Projection projection azimutale équivalente de Lambert
Centre 51°N et 35°E
Datum WGS 84
Hydrographie (côtes, cours d’eau, lacs) GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)
Natural Earth

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La Bulgarie pendant les guerres balkaniques

La Bulgarie dans les guerres balkaniques

Les guerres balkaniques entraînent un recul considérable de l’Empire ottoman en Europe, mais elles laissent aussi de solides rancœurs entre États balkaniques.

Sous les auspices de la Russie, la Bulgarie, la Grèce, le Monténégro et la Serbie mettent leurs différends de côté pour former la Ligue des Balkans en mars 1912. L’accord bulgaro-serbe prévoit notamment la division de leur zone d’intérêt en 3 : une « zone contestée » dont l’attribution est soumise à l’arbitrage des grandes puissances, la région au nord revenant à la Serbie et celle au sud à la Bulgarie. La Bulgarie obtiendrait ainsi une bonne partie de la Macédoine, qui lui avait échappé lors de l’annulation du traité de San Stefano.

Le Monténégro déclare la guerre à l’Empire ottoman le 5 octobre 1912, suivi par les autres membres de la ligue balkanique le 12. Les armées des pays balkaniques enchaînent les succès malgré quelques difficultés lors des sièges de Scutari et Andrinople.

Un armistice est signé le 3 décembre, et des négociations de paix commencent à Londres sous le patronage des grandes puissances. Le traité de Londres (30 mai 1913) entérine la perte de la quasi-totalité des possessions européennes de l’Empire ottoman. Il donne satisfaction aux Albanais, qui ont proclamé leur indépendance le 28 novembre 1912, en créant une principauté d’Albanie.

Le partage des territoires cédés n’est pas couvert par le traité, et les tensions commencent à monter entre les vainqueurs. La Serbie a perdu une partie de ses conquêtes avec la création de l’Albanie et entend établir les frontières sur la base de la possession effective des territoires, justifiant sa position par l’absence d’aide militaire bulgare lors de la conquête de la Macédoine (pourtant prévue par le traité d’alliance) et le refus du soutien bulgare quand elle a tenté d’empêcher la création d’un État albanais. De son côté, la Bulgarie réclame la mise en application du traité d’alliance, expliquant que le changement de dispositif militaire avait été annoncé bien avant le début des hostilités.

Le 29 juin 1913, l’armée bulgare attaque les positions serbes et grecques. L’offensive est enrayée, et bientôt l’armée ottomane reprend l’offensive et s’empare d’Andrinople. L’entrée en guerre de la Roumanie donne le coup de grâce.

Le traités de Bucarest (10 août 1913), entre pays balkaniques, et de Constantinople (29 septembre 1913) entre la Bulgarie et l’Empire ottoman, établissent les nouvelles frontières dans la région. La Bulgarie perd une partie de ses conquêtes. Surtout, il y a une reconfiguration des alliances. La Russie comptait sur la Ligue balkanique pour faire pièce à l’expansionnisme austro-hongrois, mais a choisi de soutenir la Serbie. La Bulgarie, lâchée par la Russie, met fin à l’alliance traditionnelle avec celle-ci et se rapproche de l’Autriche-Hongrie et de l’Allemagne.

La Bulgarie pendant les guerres balkaniques

Projection projection de Gauss-Krüger
Méridien standard 25°E
Datum WGS 84
Hydrographie (côtes, cours d’eau, lacs) GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)

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Église russe 988-1589

La naissance de l’Église russe

L’Église russe apparaît avec le baptême du prince Volodiměrŭ (Vladimir en russe, Volodymyr en ukrainien, Uladzimir en biélorusse) à la fin du Xe s. (la date traditionnellement retenue est 988). Comme cette conversion était un des éléments qui scellait l’alliance entre la Russie et l’Empire byzantin, le patriarcat de Constantinople a tout fait pour éviter que ne se reproduise le cas bulgare, où une Église locale avait donné naissance à une Église autocéphale. De fait, malgré son éloignement, la métropole de Kiev est solidement ancrée dans le patriarcat de Constantinople.

Le XIIIe s. connaît de profondes modifications des équilibres au sein du monde orthodoxe. Après la conquête de Constantinople par les croisés en 1204, le patriarche s’installe à Nicée, où les Laskarides tentent de reconstituer un État byzantin. Il entre en conflit avec l’archevêque d’Ochrid, qui soutient un concurrent installé dans les anciennes provinces occidentales. Pour saper l’autorité de ce dernier, qui a juridiction sur les Slaves des Balkans, le patriarche reconnaît l’autocéphalie de l’Église bulgare, recréée en 1185, et accorde même l’autocéphalie à l’Église serbe. Ces Églises disparaissent au profit du patriarcat de Constantinople avec la conquête ottomane tant elles apparaissent comme des éléments de souveraineté de la Bulgarie et de la Serbie.

En Russie, l’invasion mongole a parachevé le processus de désagrégation en principautés. Le métropolite de Kiev se réfugie au nord, auprès de princes restés indépendants, à Vladimir puis à Moscou. Le patriarcat de Constantinople garde cependant le contrôle de la situation malgré des velléités d’émancipation. L’unité de l’Église russe est parfois remise en cause par la création d’une autre métropole pour couvrir les terres russes occidentales.

L’union des Églises est à l’origine de l’autocéphalie de l’Église russe. Le concile de Ferrare-Florence met fin au schisme entre les Églises latine et byzantine. L’Église byzantine reconnaît notamment la primauté pontificale ou la doctrine du purgatoire afin que le pape prêche une croisade contre les Ottomans en passe d’achever la conquête de l’Empire byzantin. Cet expédient politique fait l’objet d’un important rejet dans le monde orthodoxe.

L’Église russe en profite pour couper les ponts avec Constantinople, dont le patriarche est considéré comme hérétique pour s’être rallié aux Latins. En 1448, les évêques russes élisent le métropolite de Kiev (qui devient métropolite de Moscou en 1461) sans en référer à Constantinople. En 1458, le patriarche de Constantinople réinstalle un métropolite de Kiev et de toute la Russie, mais dont l’autorité est de facto limitée au territoire de l’État polono-lituanien. Lors d’un voyage en Russie, le patriarche de Constantinople, Jérémie II (r. 1572-1579, 1580-1584 et 1587-1595) accepte l’élévation du métropolite de Moscou au rang de patriarche. Le 26 janvier (5 février en calendrier grégorien) 1589, le métropolite Iov (Job) est intronisé patriarche de Moscou et de toute la Russie.

Église russe 988-1589

Cette carte a été élaborée comme support des cours et formations de l’Institut européen en sciences des religions.

Projection projection azimutale équivalente de Lambert
Centre 51°N et 35°E
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Hydrographie (côtes, cours d’eau, lacs) GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)
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Bulgarie 1878-1908

La renaissance de la Bulgarie

La Bulgarie est une des dernières nations des Balkans à s’émanciper de la tutelle ottomane. Les Bulgares se soulèvent à l’occasion d’une révolte qui éclate en 1875 en Herzégovine et en Bosnie, et qui occupe une bonne partie de l’armée ottomane. Pour réprimer la révolte bulgare, l’Empire ottoman envoie, en plus de l’armée, des supplétifs, notamment les başıbozuk (bachi-bouzouk), dont les exactions à l’égard des populations locales émeuvent les opinions publiques européennes. La Russie, isolée depuis la guerre de Crimée (1853-1856) en profite pour se poser en sauveur des Bulgares, et entre en guerre contre l’Empire ottoman.

La Russie victorieuse impose à l’Empire ottoman le sévère traité de San Stefano [auj. Yeşilköy, à une dizaine de kilomètres du centre d’İstanbul] (3 mars 1878). La Roumanie, la Serbie et le Monténégro obtiennent l’indépendance et des gains territoriaux. La Bosnie devient une province autonome. Une grande principauté autonome de Bulgarie est créée. Les grandes puissances, notamment le Royaume-Uni, s’inquiètent à présent d’un déséquilibre des rapports de forces régionaux au profit de la Russie et refusent de reconnaître le traité. Un congrès se réunit à Berlin du 13 juin au 13 juillet 1878. Le traité de Berlin reprend les grands principes de celui de San Stefano. L’indépendance du Monténégro, de la Serbie et de la Roumanie est confirmée, avec quelques modifications de frontières. La Bosnie, l’Herzégovine et le sancak de Yeni Pazar sont confiés à l’Autriche-Hongrie. La Grèce doit recevoir de nouveaux territoires en Thessalie, ce qui est fait en 1881. La Bulgarie est considérablement réduite. La Macédoine reste sous administration directe ottomane, et le reste est divisé en deux : la principauté autonome de Bulgarie et la province autonome de Roumélie orientale. Dès lors, un des objectifs de la Bulgarie va être de retrouver les frontières définies lors du traité de San Stefano : c’est en très grande partie ce qui motive les actions du pays pendant les guerres balkaniques, la Première et la Seconde Guerre mondiales.

La première étape a lieu en 1885 avec l’absorption de la Roumélie orientale. L’annexion, proclamée le 18 septembre 1885, est à l’origine d’une crise qui se résout par un maintien de façade du statu quo. Le prince de Bulgarie est formellement gouverneur-général de la Roumélie orientale, qui n’existe plus dans les faits. L’Empire ottoman accepte en échange d’une légère rectification de frontière en sa faveur.

La deuxième étape, l’indépendance complète, est un des éléments de la crise de 1908-1909, qui voit la remise en cause du traité de Berlin. Le 5 octobre 1908, La Bulgarie proclame son indépendance et sa transformation en royaume. Le lendemain, l’Autriche-Hongrie proclame l’annexion de la Bosnie-Herzégovine et son retrait du sancak de Yeni Pazar. La modification des équilibres régionaux entraîne une vague de protestations diplomatiques, à laquelle se joint la Russie, qui avait assuré l’Autriche-Hongrie de son soutien en échange de l’acceptation de l’indépendance bulgare et de modifications du traité de Berlin pour ouvrir les détroits du Bosphore et des Dardanelles aux navires de guerre russe, mais qui se retrouve sans compensation avec le refus des grandes puissances d’organiser une conférence révisant le traité de Berlin. La nouvelle situation fait l’objet d’accords bilatéraux signés en avril 1909.

Bulgarie 1878-1908

Projection projection de Gauss-Krüger
Méridien standard 25°E
Datum WGS 84
Hydrographie (côtes, cours d’eau, lacs) GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)

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Territoire Églises orthodoxess

Les Églises autocéphales

Territoire Églises orthodoxesLe monde orthodoxe est un monde mal connu, en particulier son organisation en Églises autocéphales. L’objectif de cette carte est donc de montrer les différents territoires canoniques et leur lien plus ou moins marqué avec les frontières des pays de tradition orthodoxe. Cela produit de nombreux points de contestation, signalés par des hachures, dont le plus important est L’Ukraine. L’histoire de cette complexification fait l’objet d’une série de cartes.

En plus des Églises autocéphales, j’ai représenté les Églises autonomes, ce qui est un moyen pour prendre en compte des spécificités locales.

Cette carte se concentre sur le cœur du monde orthodoxe mais, à ce titre comporte des manques. D’abord, il manque les territoires canoniques extra-européens : l’Église orthodoxe russe en Amérique (dont l’autocéphalie est partiellement reconnue), et les Églises autonomes de Chine et du Japon (patriarcat de Moscou). Étendre le domaine couvert aurait rendu la carte plus complexe pour un gain minime. La diaspora n’a pas non plus été prise en compte : son organisation très complexe nécessiterait plutôt une carte spécifique. Dernier manque : les Églises non canoniques, c’est-à-dire des Églises orthodoxes qui ne sont reconnues par aucune des Églises autocéphales, ne sont pas figurées, par crainte de rendre la carte trop complexe et illisible.

Logiciels utilisés : QGIS pour la conception de la carte, Illustrator pour la mise en forme.

Projection : projection azimutale de Lambert. Centre : 40°N x 29°E.

Côtes, lacs et cours d’eau : GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database) et Natural Earth.


Les Églises orthodoxes ont conservé le principe pentarchique issu des conciles œcuméniques et de la législation byzantine : l’Église est considérée comme une confédération d’Églises indépendantes, ou autocéphales, du grec autós (αὐτός) [soi-même] et kephalḗ (κεφαλή) [tête] — littéralement le fait d’être sa propre tête — ce qui signifie que le primat de chaque Église autocéphale ne dépend d’aucun autre évêque.

Si les principes n’ont pas changé, le nombre d’Églises autocéphales a connu d’importantes variations. La montée en puissance de nouveaux États s’est accompagnée de l’autocéphalie, l’indépendance de l’Église étant perçue comme le pendant spirituel de la pleine souveraineté politique. À l’inverse, la disparition d’un État entraîne souvent, à terme, l’absorption de l’Église par l’Église autocéphale liée au vainqueur. La création d’une Église autocéphale n’est pas un processus clairement défini faisant l’objet d’un consensus. En définitive, c’est souvent la situation de fait — la capacité à faire accepter cette autocéphalie — qui l’emporte.

Au début du XXIe s., il existe 14 Églises autocéphales reconnues par les autres Églises orthodoxes. Certains Églises autocéphales comprennent des Églises autonomes. Le degré d’autonomie peut varier, mais la désignation du chef de cette Église est au minimum soumis à l’approbation du chef de l’Église autocéphale, dont l’autorité s’exerce en dernier ressort. 2 Églises sont partiellement reconnues. L’Église orthodoxe en Amérique, qui a obtenu son autocéphalie du patriarcat de Moscou en 1970, n’est reconnue que par le patriarcat de Moscou, le patriarcat de Géorgie, le patriarcat de Bulgarie, l’Église orthodoxe autocéphale polonaise et l’Église orthodoxe des terres tchèques et de Slovaquie.

La décision du patriarcat de Constantinople de reconnaître l’autocéphalie de l’Église d’Ukraine a conduit à une rupture avec le patriarcat de Moscou le 15 octobre 2018. Ce schisme, paroxysme du conflit larvé qui oppose les deux patriarcats depuis des années, menace l’unité du monde orthodoxe. Le patriarcat de Moscou considère que la métropole de Kiev lui a été transférée à la fin du XVIIe s., et que, par conséquence, l’Église ukrainienne est dans le ressort de l’Église russe. Le patriarcat de Constantinople voit dans ce transfert un expédient lié aux circonstances, et estime que, de jure, la métropole de Kiev n’a jamais cessé de relever de son autorité. De nouvelles circonstances — l’existence d’un État ukrainien souhaitant parachever son indépendance en coupant les liens spirituels avec Moscou — lui ont permis de réaffirmer cette autorité, fondement de la reconnaissance de l’autocéphalie. Pour l’heure, le patriarcat de Constantinople est le seul à reconnaître l’autocéphalie de l’Église d’Ukraine…


Cette carte a été élaborée comme support des cours et formations de l’Institut d’étude des religions et de la laïcité.

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La population juive dans le monde

La population juive dans le monde

La population juive dans le monde

Les cartes sur les religions à l’échelle mondiale sont problématiques. Pour celle-ci, consacrée à la population juive, j’ai décidé de rester dans le cadre des différents pays, qui restent le moyen le moins mauvais pour avoir des statistiques. On trouve ici les deux moyens habituels pour représenter les données religieuses : la part de la population (aplats) et le nombre absolu (cercles proportionnels).

Selon les méthodes employées, il y entre 14 et 17 millions de Juifs dans le monde. La carte montre les pays où la population juive représente plus de 0,1% de la population totale ou plus de 20 000 personnes. Même avec ces seuils assez bas, certaines communautés juives restent invisibles sur la carte.

Logiciels utilisés : QGIS pour la conception de la carte, Illustrator pour la mise en forme.

Données : Les chiffres sont tirés de l’étude de Sergio DellaPergola (Université hébraïque de Jérusalem), dont le pdf est disponible ici.

Projection : projection de Robinson. Méridien standard : 11°E.

Côtes et lacs : Natural Earth.

Frontières : Natural Earth.


Cette carte a été élaborée comme support des cours et formations de l’Institut d’étude des religions et de la laïcité.

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Le dépeçage de la Tchécoslovaquie 1938-1939

La destruction de la Tchécoslovaquie

Après l’annexion de l’Autriche, Hitler décide de tourner son attention vers la Tchécoslovaquie, qui abrite une importante minorité germanophone, essentiellement dans la région frontalière avec l’Allemagne, les Sudètes. En mars 1938, Hitler rencontre Konrad Heinlein, chef du Parti allemand des Sudètes (parti secrètement lié au Parti nazi) et lui demande de formuler des demandes que le gouvernement tchécoslovaque ne pourrait satisfaire. L’objectif est bien de procéder à une opération militaire contre la Tchécoslovaquie : à partir du mois de mai, le commandement allemand travaille sur le plan d’invasion. Hitler est certain que la politique d’apaisement menée par le Royaume-Uni et la France les conduira à ne pas intervenir. La perspective d’une guerre prématurée inquiète suffisamment pour que certains officiers en viennent à penser à un coup d’État pour renverser le régime nazi.

Le 30 septembre, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la France et l’Italie signent les « accords de Munich » qui acceptent la prise de contrôle des Sudètes par l’Allemagne. Isolée, la Tchécoslovaquie n’a d’autre choix que se soumettre.

La voracité des voisins de la Tchécoslovaquie conforte la position allemande de mise en avant du principe des nationalités. La Pologne en profite pour régler ses différends frontaliers en s’emparant de plusieurs régions frontalières, notamment la Zaolzie (région de Teschen), et la Hongrie annexe des régions peuplées de Hongrois.

Mais la Tchécoslovaquie vivait toujours et Hitler avait été frustré d’un succès militaire.

Le 14 mars 1939, à l’instigation de l’Allemagne, les Slovaques proclament leur indépendance. Ils sont bientôt suivis par les Ukrainiens de l’Ukraine carpatique. L’Allemagne déclare être contrainte d’intervenir pour contenir le chaos crée par l’effondrement de la Tchécoslovaquie… et crée au nord du pays le protectorat de Bohème-Moravie.

Au sud, la Hongrie conquiert l’Ukraine carpatique et attaque la Slovaquie, mais l’intervention de l’Allemagne parvient à limiter ses appétits.

Ce triomphe d’Hitler sera le dernier. Britanniques et Français ont compris que l’apaisement n’arrêtait pas l’Allemagne. De plus, le principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes apparaît véritablement comme un prétexte, car il avait été complètement piétiné. Le Royaume-Uni et la France optent pour la fermeté et commencent des négociations avec la Pologne et l’URSS en vue d’arrêter l’expansion allemande…

Le dépeçage de la Tchécoslovaquie 1938-1939

Projection Projection de Křovák
Datum WGS 84
Hydrographie (côtes, cours d’eau, lacs) GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)

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La quatrième croisade

La quatrième croisade

En 1187, Saladin s’empare de Jérusalem. Dans la foulée, il s’empare de presque tous les territoires des États latins, réduits à quelques points sur le littoral. La troisième croisade (1187-1192) parvient à rétablir la situation, mais sans reprendre Jérusalem : les croisés se contentent d’un accord garantissant le libre accès aux pèlerins chrétiens. Au passage, les croisés se sont emparés de Chypre, territoire byzantin érigé en royaume latin et qui sert de base arrière aux États latins.

Peu satisfait de ce résultat, Innocent III (r. 1198-1216) appelle à une nouvelle croisade dès le début de son pontificat. Cet appel est peu suivi : contrairement à ce qui s’était passé pour les deux croisades précédentes, peu de seigneurs importants répondent présent.

La croisade peine à s’organiser. En 1202, l’essentiel des troupes arrive à Venise, dont les activités commerciales ont été ralenties pour pouvoir réunir une importante flotte de transport vers l’Égypte, base du sultanat ayyoubide. Les croisés n’ont pas les moyens de payer la somme demandée. Le doge propose aux croisés de l’aider à mener des démonstrations de force en Adriatique pour consolider la présence vénitienne. C’est ainsi que les croisés assiègent et prennent Zara, ville chrétienne mais qui s’éloignait de l’orbite vénitienne. Innocent III réagit en excommuniant les croisés.

La politique byzantine rattrape la croisade. En 1195, l’empereur Isaac II (r. 1185-1195) a été renversé, aveuglé et emprisonné par son frère Alexis III. Le fils d’Isaac, Alexis, vient trouver les croisés et leur demande de l’aider à rétablir son père sur le trône impérial en échange d’une aide substantielle qui permettra aux croisés de réussir leur entreprise.

En 1203, la croisade paraît devant Constantinople et assiège vainement la ville, mais Alexis III s’enfuit, Isaac II est tiré de prison et Alexis couronné empereur. Celui-ci ne peut respecter ses engagements (ne serait-ce que parce Alexis III est parti avec la caisse) et met ses sujets sous pression pour collecter la somme promise, allant jusqu’à faire fondre les métaux précieux des icônes ! À cela s’ajoute une cohabitation difficile entre les habitants de Constantinople et l’armée croisée qui campe devant les murailles. En janvier 1204, après la morte d’Isaac II, Alexis IV est chassé du pouvoir, et Alexis V est couronné empereur. Il refuse d’honorer les engagements de son prédécesseur et commence à renforcer les défenses.

Les croises décident de prendre la ville pour leur propre compte. Après plusieurs échecs, la ville est finalement prise le 13 avril et pillée pendant trois jours. L’événement a une portée considérable, car la ville avait résisté à tous les sièges depuis sa fondation par Constantin et passait pour imprenable. Les croisés Venise se partagent le territoire byzantin, mais il leur faudra conquérir effectivement ces territoires : l’Empire, déjà travaillé par d’importantes forces centrifuges, se désagrège, et de nouveaux États s’organisent autour d’autorités locales. Deux ont clairement l’ambition de reprendre Constantinople et restaurer l’Empire byzantin : l’État d’Arta (Michel Doukas) et l’Empire de Nicée (Théodore Laskaris).

La prise de Constantinople a des conséquences religieuses importantes. Pour les croisés, et bientôt pour l’Église latine, elle est le signe de la faveur divine et la preuve de la condamnation des Byzantins, mauvais chrétiens qui n’ont pas soutenu la croisade. Innocent III, au départ furieux du détournement de la croisade, admet l’état de fait et tente d’imposer l’autorité de l’Église romaine à l’Église byzantine. De leur côté, les Byzantins considèrent certes avoir été châtiés par Dieu, mais que les Latins ont montré leur nature barbare et qu’en s’en prenant à leur coreligionnaire, ils n’avaient guère de chrétien que le nom.

Plus que la dispute qui aboutit au « schisme » de 1054, la quatrième croisade creuse un fossé infranchissable entre les deux chrétientés.

La quatrième croisade

Cette carte a été élaborée comme support des cours et formations de l’Institut européen en sciences des religions.

Projection Projection conique conforme de Lambert
Parallèles standards 36°N et 44°N
Datum WGS 84
Hydrographie (côtes, cours d’eau, lacs) GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)

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La Pologne aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale

La Pologne au lendemain de la Seconde Guerre mondiale

Après la Seconde Guerre mondiale, le territoire polonais connaît un important glissement vers l’ouest au détriment de l’Allemagne. Pourtant, les Alliés avaient décidé de rétablir toutes les frontières de 1937 en ne tenant pas compte (dans surprise) des changements survenus pendant la guerre, mais aussi en annulant toutes les modifications liées aux coups de force des dictatures. Les traités de Paris (10 février 1947) procèdent néanmoins à quelques ajustements de frontières.

Le problème est que l’URSS entend conserver les acquis de 1939-1941. Dans le cas de la Finlande et de la Roumanie, l’URSS parvient à imposer les frontières de 1940 dès les armistices puis dans les traités de Paris. Pour les pays baltes, malgré des protestations de principe des Alliés, le gouvernement soviétique met en avant une demande d’adhésion spontanée a l’URSS en 1940, sans rapport avec l’invasion soviétique où les élections sous pression qui ont suivi.

En revanche, avec la Pologne, c’est plus compliqué car le Royaume-Uni et la France sont entrés en guerre pour préserver l’intégrité territoriale du pays. Le gouvernement en exil polonais entend bien rétablir les frontières d’avant-guerre : il est d’autant plus mal disposé à l’égard de l’URSS qu’il garde en mémoire l’invasion soviétique de 1939 et le partage de la Pologne avec l’Allemagne, et qu’il attend autre chose que des dénégations quant au massacre de Katyn. De leur côté, les Soviétiques, dans leur demande de révision des frontières polonaises, parlent de « ligne Curzon« , ce qui sous-entend que leur projet, dont le tracé est pourtant assez différent, ne fait que reprendre les plans des Occidentaux à la fin de la Première Guerre mondiale.

Lorsque l’Armée rouge entre dans l’ancien territoire polonais à l’été 1944, les autorités soviétiques rétablissent la frontière de 1941. L’URSS fait proclamer un Comité polonais de libération nationale (22 juillet 1944), sous contrôle des communistes. Il s’installe à Lublin le 26 juillet et se dit prêt à signer un accord frontalier avec l’URSS, au grand dam du gouvernement en exil.

Lors de la conférence de Yalta (4-11 février 1945), Staline parvient à imposer aux Alliés la nouvelle frontière polono-soviétique. En compensation, la Pologne doit recevoir des territoires pris sur l’Allemagne. En échange d’élections libre, il obtient la reconnaissance du Comité de libération nationale, qui s’ouvre à des membres du gouvernement en exil. La frontière polono-soviétique est officiellement fixée par le traité du 16 août 1945. Un ajustement important a lieu le 15 février 1951 avec un échange de territoires qui permet à l’URSS de mettre la main sur de riches gisements de charbon.

Avant la guerre, la Pologne avait tenté de profiter des accords de Munich pour régler en sa faveur le différend frontalier qui l’opposait à la Tchécoslovaquie et avait occupé plusieurs zones frontalières à la fin de 1938. Le gouvernement polonais souhaiterait conserver tout ou partie de ces territoires, tandis que la Tchécoslovaquie tient à restaurer les frontières de 1937. Sous la pression de l’URSS, les deux parties signent un accord rétablissant la frontière du 31 décembre 1937 (21 septembre 1945).

La conférence de Potsdam (17 juillet – 2 août 1945) a décidé de retirer à l’Allemagne les territoires à l’Est de l’Oder et la Neisse. Le sort de Stettin n’a d’abord pas été certain mais, après que l’URSS ait décidé de se faire attribuer la région de Königsberg pour disposer d’un port libre de glaces en hiver, la Pologne a reçu le port de Stettin en compensation. Les Allemands toujours présents dans ces territoires sont expulsés, ce qui permet d’accueillir les Polonais chassés des régions annexées par l’URSS.

Dans l’attente d’un traité de paix, ces régions sont officiellement placées « sous administration provisoire » polonaise ou soviétique. La signature d’un traité de paix avec l’Allemagne étant repoussée sine die avec le déclenchement de la guerre froide, l’URSS et la Pologne vont tout faire pour faire reconnaître la frontière germano-polonaise. L’acceptation de la RDA est obtenue avec le traité de Zgorzelec (6 juillet 1950), celle de la RFA lors du traité de Varsovie (7 décembre 1970). Avec la signature du traité de Moscou (12 septembre 1990), ou traité 2+4, les puissances occupantes de l’Allemagne et les deux Allemagne bientôt réunifiées reconnaissent la ligne Oder-Neisse ; cette reconnaissance est confirmée peu après avec la signature du traité sur la frontière germano-polonaise (14 novembre 1990).

La Pologne aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale

Projection projection conique conforme de Lambert
Parallèles standard 49°20’N et 55°40’N
Datum WGS 84
Hydrographie (côtes, cours d’eau, lacs) GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)

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Les 5 patriarcats

La pentarchie

Les conciles œcuméniques fixent l’organisation de l’Église en cinq patriarcats — d’où le nom de pentarchie.

Dans son organisation, l’Église avait choisi de s’adapter aux structures administratives de l’Empire romain : c’est le principe d’accommodement. Dans chaque cité (unité administrative de base) se trouve un évêque. L’évêque de la cité qui sert de capitale à la province (une métropole, dans le vocabulaire administrative romain) porte le titre d’évêque métropolitain, ou métropolite, et supervise les évêques de la province.

Au-dessus, rien n’est prévu. Dioclétien (r. 284-305) établit les diocèses (civils) comme nouvel échelon administratif entre les provinces et le pouvoir central, mais l’Église ne s’adapte pas à cette nouvelle structure. C’est plus l’aura de tel ou tel évêque qui permet à un siège de rayonner au-delà de son ressort. Après le premier concile de Constantinople (381), Théodose Ier (r. 379-392 sur l’Orient, 392-395 sur tout l’Empire) organise la partie orientale de l’Empire alors sous son contrôle en cinq diocèses ecclésiastiques correspondant aux diocèses civils : Égypte (Alexandrie), Orient (Antioche), Asie (Éphèse), Pont (Césarée de Cappadoce), Thrace (Héraclée puis Constantinople). Cette organisation partielle est annulée de fait par les décisions des conciles postérieurs. Après leur subordination à Constantinople, les métropolites d’Éphèse, Césarée et Héraclée gardent le titre honorifique d’exarque.

Le concile de Nicée (325) reconnaissait un rôle particulier aux évêques de Rome, Alexandrie et Antioche. Rome a été illustrée par Pierre et Paul, et c’est la capitale de l’Empire. Alexandrie et Antioche sont les deux grands centres intellectuels de la Chrétienté. Le premier concile de Constantinople (381) confirme l’ordre de préséance, et ajoute que Constantinople, la Nouvelle Rome (et nouvelle capitale impériale), doit recevoir la deuxième place, après l’Ancienne Rome. Le concile de Chalcédoine (451) confirme l’ordre et ajoute, en cinquième position, l’évêque de Jérusalem, soustrait à l’autorité du métropolite d’Antioche.

Justinien applique le terme « patriarche » à ces cinq métropolites particuliers, et le concile in Trullo (692) fixe définitivement la hiérarchie des cinq patriarcats. Les métropolites de Rome et d’Alexandrie continuent d’utiliser leur titre traditionnel de « pape » — à la place de celui de patriarche pour Rome, en complément pour Alexandrie.

Cette organisation comporte quelques cas particuliers. Lors du concile d’Éphèse (431), l’archevêque de Chypre a fait reconnaître son indépendance vis-à-vis du métropolite d’Antioche. Il obtient ce qu’on appellera par la suite l’autocéphalie (c’est-à-dire l’indépendance).

Hors de l’Empire, l’organisation est moins nette. Les chrétiens d’Arménie, de Géorgie et de l’Empire perse sont dirigés par évêque général, en grec katholikòs epískopos (καθολικὸς ἐπίσκοπος), d’où le terme catholicos. Cet évêque est théoriquement subordonné à un métropolite (Césarée de Cappadoce pour le catholicos d’Arménie, Antioche pour les catholicoi de Géorgie et de l’Orient), mais le titre finit par impliquer l’autocéphalie, et devenir synonyme de patriarche, d’où l’utilisation dans certaines de ces Églises du titre catholicos-patriarche.

La pentarchie est comprise comme un système dans lequel l’unité de l’Église se fait par la coopération harmonieuse des cinq patriarches, chacun restant totalement indépendant, en termes d’administration, des autres. Cela conduit, au sein de l’orthodoxie, à la multiplication des Églises autocéphales. Au contraire, le pape de Rome développe l’idée que son rang n’est pas qu’une primauté honorifique, mais implique la direction effective de l’ensemble de l’Église. Ces deux conceptions opposées de l’organisation de l’Église sont à l’origine de l’éloignement progressif des Églises latine (future catholique) et byzantine (future orthodoxe).

Les 5 patriarcats

Cette carte a été élaborée comme support des cours et formations de l’Institut européen en sciences des religions.

Projection Projection azimutale équivalente de Lambert
Centre 40°N, 19°E
Datum WGS 84
Hydrographie
(côtes, cours d’eau, lacs)
GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)
Natural Earth

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