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La Pologne pendant la Seconde Guerre mondiale

La Pologne pendant la Seconde Guerre mondiale

Après avoir annexé l’Autriche et dépecé la Tchécoslovaquie, l’Allemagne se tourne vers la Pologne. Comme dans les deux cas précédent, il s’agit d’effacer les effets des traités de paix mettant fin à la Première guerre mondiale. Ici aussi, l’Allemagne met en avant le principe des nationalités pour exiger le rattachement de territoires permettant de relier la Prusse orientale au reste de l’Allemagne. Cependant, le Royaume-Uni et la France ont changé d’attitude : les deux pays avaient pu accepter l’annexion de l’Autriche ou des régions germanophones de la Tchécoslovaquie au nom de ce principe, mais l’invasion de la Tchécoslovaquie en mars 1939 et la constitution d’une Bohème-Moravie « protégée » par le Reich allemand, au mépris du principe des nationalités et des engagements pris par Hitler, les avaient convaincu que l’Allemagne conduisait une politique d’expansion territoriale en s’abritant derrière des principes qui n’étaient que des prétextes.

Le pacte germano-sovétique, signé le 23 août 1939, laisse les mains libres à l’Allemagne à l’Est en lui garantissant la complicité passive de l’URSS. Le protocole secret prévoit le partage de la région en « zones d’influence » : la question du maintien d’un État polonais est laissée en suspens, mais l’objectif est de rayer la Pologne de la carte, dans les faits sinon dans le droit.

L’Allemagne envahit la Pologne le 1er septembre 1939. La Ville libre de Dantzig est annexée dès le lendemain. Le 3, le Royaume-Uni puis la France déclarent la guerre à l’Allemagne, mais leur réaction est trop lente pour être utile à leur allié. Le 17 septembre, l’URSS envahit à son tour la Pologne, en se présentant en libérateur des populations ukrainienne et biélorusse persécutées par les Polonais. Les dernières opérations militaires prennent fin le 6 octobre.

Le 28 septembre, l’Allemagne et l’URSS délimitent leur nouvelle frontière et corrigent le pacte germano-soviétique. Dans la foulée, ils décident la cession de la région de Wilno (Vilnius en lituanien) à la Lituanie, tranchant en faveur de celle-ci le conflit qui l’opposait à la Pologne.

Dans un premier temps, l’Allemagne place le pays sous occupation militaire. Le 8 octobre 1939, les régions occupées sont annexées par l’Allemagne, ce qui permet de donner un contrôle total aux administrateurs civils chargés de la mise en œuvre de la politique nazie. L’ouest en directement annexé, tandis que dans le sud-ouest est créé en Gouvernorat général pour les territoires polonais occupés (le simplifié en Gouvernorat général en juillet 1940). L’idée est d’y entasser les Polonais avant de germaniser la région. Une occupation particulièrement dure commence pour ceux que les nazis considèrent comme des sous-hommes. Parmi les Polonais, les Juifs sont plus particulièrement touchés : la communauté juive polonaise, la première d’Europe avant la guerre, est détruite à 90%.

Dans le sud, la Slovaquie règle à son profit le litige frontalier polono-tchécoslovaque et récupère certains territoires conquis par la Pologne en 1938.

Dans la zone soviétique, des élections en novembre 1939 conduisent à la demande de rattachement à l’URSS — la partie nord à la République socialiste soviétique biélorusse, la partie sud à la République socialiste soviétique ukrainienne. La politique de soviétisation se traduit entre autres par la liquidation des élites polonaise, dont le massacre de Katyn (ordonné le 5 mars 1940) est l’aspect le plus dramatique.

Une réorganisation territoriale a lieu après l’invasion de l’URSS. Au sud, la Galicie orientale est intégrée au Gouvernorat général. Plus au nord, la région de Białystok (Belostok en russe) reçoit une administration civile spécifique qui l’intègre de fait à l’Allemagne. Le reste du territoire polonais d’avant-guerre est réparti entre deux structures civiles qui préfigurent l’organisation envisagée par l’Allemagne pour l’après-guerre : l’Ostland (pays baltes et Biélorussie) et l’Ukraine.

La Pologne pendant la Seconde Guerre mondiale

Projection projection conique conforme de Lambert
Parallèles standard 49°20’N et 55°40’N
Datum WGS 84
Hydrographie (côtes, cours d’eau, lacs) GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)

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Les conciles œcuméniques

Les conciles œcuméniques

Lorsque Constantin légalise le christianisme, il découvre une religion divisée par des débats sur la nature du Christ. Après sa victoire dans la guerre civile, il demande aux évêques de trancher et de définir une position qui vaudra pour toute l’Église et qu’il s’engage à faire appliquer. Il convoque donc à Nicée (Constantinople, sa nouvelle capitale, est alors en chantier) une réunion (en latin concilium, d’où concile) de l’ensemble des évêques (d’où le grec latinisé oecumenicus, universel).

Le concile de Nicée (325) condamne l’arianisme. Arius, prêtre et théologien d’Alexandrie, enseigne que Jésus est bien dieu, mais à un degré moindre que le Père. Le concile de Nicée rejette cette doctrine et, au contraire, affirme que Jésus, le Fils, est de même nature (en grec homooúsios) que le Père. Dans le cadre de cette réfutations, les participants au concile rédigent le début du Credo (en latin je crois), document important qui contient les fondements du dogme chrétien.

La condamnation de l’arianisme ne fait pas taire la querelle. Un arianisme modéré, capable de faire la jonction entre la position nicéenne et la position arienne, aparaît même : l’homoiousisme, qui professe que Jésus est de nature semblable (en grec homoioúsios) au Père. En 381, le concile de Constantinople renouvelle la condamnation de l’arianisme et condamne toute formule qui ne reconnaîtrait pas l’identité de nature entre le Père et le Fils. Le Credo est alors achevé dans la forme qu’on lui connaît aujourd’hui.

Les questions de christologie se déplacent alors vers le rapport entre les deux natures (humaine et divine) de Jésus. Nestorius (v. 380 – v. 450), moine et prêtre formé à Antioche, et dont les sermons sont tellement appréciés que l’empereur Théodose II (r. 402-450) le nomme archevêque de Constantinople en 428, insiste sur leur séparation radicale, au point que Jésus Christ est deux personnes (une divine, une humaine), et que Marie n’a donné naissance qu’à la personne humaine et ne peut donc être dite Theotókos (mère de Dieu), qualificatif très populaire.

Les propositions de Nestorius déclenchent une importante controverse au sein de la Chrétienté. Pour faire taire ses adversaires, Nestorius demande à l’empereur de réunir un concile, qui se réunit à Éphèse en 431. Le concile, dominé par un de ses adversaires les plus résolus, le patriarche Cyrille d’Alexandrie (r. 412-444), condamne le nestorianisme et affirme le principe de deux natures distinctes mais unies dans une seule personne. L’Église de l’Orient, qui regroupe les chrétiens vivant dans l’Empire perse, rejette les décisions du concile et se sépare du reste de la Chrétienté. Elle est à l’origine de l’Église apostolique assyrienne de l’Orient, dont un groupe a reconnu l’autorité du pape au XVIe s. et constitue l’Église catholique assyrienne.

Certains vont trop loin dans leur critique de Nestorius. Eutychès (v. 380 – v. 456), moine de Constantinople, insiste tellement sur l’unité des deux natures qu’il finit par affirmer que la nature divine a absorbé la nature humaine — on parle de monophysisme (nature unique). En 451, le concile de Chalcédoine condamne les conceptions d’Eutychès. Il en profite pour réitérer la condamnation du nestorianisme.

Le concile de Chalcédoine est à l’origine d’un nouveau schisme : le rejet des affirmations d’Eutychès est universel, mais les formulations employées par le concile, qui insistent sur la différence entre les deux natures (deux natures sans confusion, sans altération, sans division, sans séparation), sont rejetées comme nestoriennes par certaines Églises, notamment l’Église d’Alexandrie (aujourd’hui Église copte orthodoxe), bientôt rejointe par l’Église d’Antioche (aujourd’hui Église syriaque orthodoxe), l’Église arménienne ou l’Église éthiopienne. Ces Églises sont dites monophysites par les Églises chalcédoniennes, mais elles refusent ce qualificatif et condamnent le monophysisme : elles se disent non-chalcédoniennes ou Église des trois conciles. Leur christologie est en fait miaphysite (nature unifiée). Contrairement au monophysisme, il n’a pas absorption de la nature humaine par la nature divine : les deux continuent d’exister, mais elles sont unifiées en une nature (reflet de l’unicité de la personne), qui est à la fois humaine et divine.

Ce schisme est plus problématique que le schisme de l’Église de l’Orient : en effet, il touche les chrétiens à l’intérieur même de l’Empire, dans des régions dont la fidélité est primordiale pour la survie de l’Empire — L’Égypte, grenier à blé, la Syrie, frontière avec le vieil adversaire perse. Le pouvoir impérial tente donc de réduire cette fracture.

La première tentative revient à Justinien (r. 527-565). Lors du deuxième concile de Constantinople (553), il fait condamner trois théologiens tenus jusque là pour parfaitement orthodoxes mais considérés comme nestoriens par les miaphysites. Cette tentative est un échec puisque cela semble conforter les miaphysites, qui attendent que les chalcédoniens fassent le dernier pas et reconnaissent leur erreur.

La deuxième tentative est soutenue par Héraclius (r. 610-641). À l’instigation de l’empereur, le patriarche Serge (r. 610-638) explique qu’il y a une unité dernière les actions de Jésus (on parle de monoénergisme). Devant l’opposition suscitée, l’empereur interdit la discussion concernant les « énergies » de Jésus, mais mentionne une volonté unique : on parle désormais de monothélisme. Cette formule n’a pas plus de succès : le pape Martin Ier (r. 649-653) s’y oppose vigoureusement, ce qui lui vaut d’être arrêté et exilé en Crimée ; une autre figure de l’opposition est Maxime le Confesseur (580-662), qui a la langue arrachée et la main droite coupée avant d’être exilé dans le Caucase. En 680-681, le troisième concile de Constantinople condamne le monothélisme et proclame l’existence de deux volonté en Jésus, une humaine et une divine.

Les deuxième et troisième concile de Constantinople, contrairement aux autres conciles œcuméniques, n’avaient pas rédigé de canons sur l’organisation et la disciple de l’Église. L’empereur Justinien II (r. 685-695 et 705-711) réunit un concile dans le palais impérial, dans une salle à coupole (en grec troúlos) d’où le nom de concille in Trullo. On parle aussi de concile Quinisextum (en latin) ou Penthéktē (en grec), qui signifient 5-6, car il complète les décisions des cinquième et sixième conciles œcuméniques. Il reprend aussi l’ensemble de la législation conciliaire. Les Églises orthodoxes voient dans ce concile un simple addendum aux conciles œcuméniques, ce qui donne à ses décisions une portée générale, tandis que l’Église romaine, qui n’y a pas participé, considère qu’il ne s’agit, au mieux, que d’un concile local dont les décisions n’ont de portée que locale. En tout état de cause, c’est un concile fondamental pour les Églises orthodoxes.

Le septième concile œcuménique est réuni dans des circonstances différentes. au VIIIe s., l’empereur Léon III (r. 717-741) promeut l’iconoclasme, c’est-à-dire la suppression des images comme support de dévotion. Son fils, Constantin V (r. 741-775) réunit un concile à Hiéreia, qui débouche sur la condamnation des images. Cependant, la résistance à l’iconoclasme, conduite notamment par les moines, est très forte. En 787, l’impératrice Irène, agissant au nom de son fils mineur, Constantin VI (r. 780-797), convoque un concile œcuménique, qui se réunit symboliquement à Nicée — sans compter que la population de Constantinople est très favorable à l’iconoclasme. Le concile condamne l’iconoclasme et promeut une théologie complexe de vénération des images. L’iconoclasme est de nouveau remis à l’honneur entre 815 et 843 avant d’être définitivement condamné.

Il est à noter que l’Église romaine réunit par la suite 14 conciles qu’elle considère comme œcuméniques, mais qui ne sont pas reconnus par les autres Églises chrétiennes.

Les conciles œcuméniques

Cette carte a été élaborée comme support des cours sur l’histoire du christianisme et des formations sur l’orthodoxie de l’Institut européen en sciences des religions.

Projection projection de Gauss-Krüger
Méridien standard 29°1 E
Datum WGS 84
Topographie ETOPO1
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La Pologne au lendemain de la Première Guerre mondiale

La renaissance de la Pologne

La fin de la Première Guerre mondiale ne signifie pas l’arrêt des combats. Les peuples qui ont proclamé leur indépendance dans la dernière année du conflit ne vont pas attendre sans rien faire que la conférence de paix définisse les nouvelles frontières : sur les décombres des empires russe et austro-hongrois, des combats s’engagent pour fixer les limites des nouveaux États.

L’indépendance de la Pologne a été acquise au cours de la guerre. Différentes administrations polonaises sont proclamées à la fin du conflit, en particulier dans l’Autriche-Hongrie en décomposition : dans un empire multi-ethnique, l’enjeu est de s’imposer par rapport aux autres nationalités. La Pologne se retrouve ainsi en conflit avec la Tchécoslovaquie, en particulier pour le contrôle de la ville de Teschen (Cieszyn en polonais, Tešin en tchèque). Après une courte guerre au début de 1919, les grandes puissances tentent d’arbitrer le conflit, et un accord — qui ne satisfait personne — finit par être trouvé à l’été 1920. Il faut attendre le traité du 20 mai 1945 pour la résolution du conflit.

Le partage de la Galicie avec les Ukrainiens est l’autre source de conflit au sein de l’ancienne Autriche-Hongrie. Une République d’Ukraine occidentale a été proclamée à Lemberg (Lwów en polonais, Lviv en ukrainien) le 1er novembre 1918, mais les Polonais ont réussi à prendre le contrôle de la ville. L’Ukraine occidentale fusionne avec la République démocratique* ukrainienne, qui avait signé un traité avec les Puissances centrales pour garantir sa protection face à la Russie soviétique. Le 21 avril 1920, alors qu’elle a été envahie par la Russie soviétique, qui a installé une république soviétique ukrainienne, et que la conférence de paix refuse de reconnaître son existence, l’Ukraine signe une alliance avec la Pologne qui se traduit par la cession du territoire de l’Ukraine occidentale.

Le conflit avec la République démocratique biélorusse ne s’est jamais véritablement développé, car la jeune république a vite été chassée par la Russie soviétique, qui met en place une république soviétique biélorusse. En définitive, la question de la frontière orientale de la Pologne est tranchée par la guerre polono-soviétique, qui connaît des développement dramatiques en 1920 : l’armée polonaise entre à Kiev en mai avant de s’effondrer, et bientôt, c’est l’Armée rouge qui effraie l’Europe en se retrouvant aux portes de Varsovie au mois d’août, avant d’être repoussée à son tour. Le 18 mars 1921, le traité de Riga fixe la frontière entre la Pologne et ce qui va devenir l’URSS.

Les grandes puissances ont tenté d’arbitrer le conflit en proposant des lignes de démarcation s’efforçant de respecter les zones de peuplement, notamment avec la Ligne Curzon — du nom du ministre des Affaires étrangères britannique à l’origine d’une des propositions. Celle-ci a été rejeté par tous les belligérants avant de faire sa réapparition au cours de la Seconde Guerre mondiale.

Avant les partages de la Pologne, Pologne et Lituanie formaient un État unifié. La Lituanie rejette les propositions d’union et entre en conflit avec la Pologne pour ses frontière, en particulier pour la ville de Vil’na (Vilnius en lituanien, Wilno en polonais), capitale historique de la Lituanie. Ici aussi, les grandes puissances tentent plusieurs médiations. L’accord de Suwałki (19 janvier 1922) est formellement accepté par les deux parties, mais une partie de l’armée polonaise se mutine sous l’égide du général Żeligowski et crée une République de Lituanie centrale qui, à l’issue d’un référendum, est rattachée à la Pologne. En réalité, la mutinerie n’en était pas une, et Lucjan Żeligowski obéissait aux ordres du chef de l’État polonais Józef Piłsudski.

Les Polonais vivant en Allemagne décident de ne pas attendre les traités de paix et se soulèvent en décembre 1918. Ils prennent rapidement le contrôle de la Grande Pologne. Le traité de Versailles cède la région ainsi que la Prusse occidentale à la Pologne.

Dans deux régions disputées, le sud de la Prusse orientale et la Haute-Silésie, le traité prévoit la tenue de référendums. Celui de Prusse orientale (juillet 1920) se traduit par une majorité écrasante en faveur du maintien en Allemagne. La situation est plus tendue en Haute-Silésie, secouée par trois soulèvements polonais en 1919 et 1921. Le plébiscite, tenu en mars 1921, débouche sur des résultats confus et, en octobre 1921, la région est divisée entre l’Allemagne et la Pologne sans que personne ne soit satisfait.

La Pologne au lendemain de la Première Guerre mondiale

* Officiellement Ukraïns’ka Narodnja Respublika (Українська Народня Республіка), littéralement République populaire ukrainienne. L’expression république populaire a, de nos jours, des connotations pro-soviétique alors que l’État est anti-soviétique. De plus, l’adjectif populaire renvoie à l’idée de souveraineté populaire et nationale, d’où parfois la traduction en république démocratique (à l’époque, l’adjectif est parfois utilisé dans la correspondance diplomatique en français).

Projection projection conique conforme de Lambert
Parallèles standard 49°20’N et 55°40’N
Datum WGS 84
Hydrographie (côtes, cours d’eau, lacs) GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)

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La reconquête byzantine

La reconquête byzantine

Au cours du VIIe s., l’Empire byzantin connaît une séries d’invasions qui réduisent considérablement son étendue territoriale et mettent en péril son existence même. Les empereurs des VIIIe et IXe s. ont réussi à stabiliser les frontières et à réorganiser l’Empire. Dans la seconde moitié du Xe s., l’Empire byzantin entre dans une phase d’expansion territoriale.

À l’Est, l’affaiblissement du Califat abbasside laisse, aux confins de l’Empire, une série d’émirats qui, s’ils peuvent se montrer menaçant, ne sont pas en mesure de s’opposer à la progression byzantine. L’émirat de Mélitène, qui a servi de base aux raids musulmans contre l’Empire et qui était son adversaire le plus redoutable dans la région, est conquis lors des campagnes de Jean Kourkouas en 927-934. Antioche est conquise par les Byzantins en 969 : c’est le retour dans l’Empire d’un siège patriarcal au passé prestigieux. La ville reste byzantine jusqu’à l’arrivée des Turcs à la fin du XIe siècle. Plus à l’est, les armées byzantines poussent dans les confins de l’Arménie et commencent la conquête des principautés arméniennes.

Au sud, les deux grandes îles de la Méditerranée orientale sont reprises par l’Empire. En 961, le futur empereur Nicéphore Phokas s’empare de l’émirat de Crète, ce qui met fin aux incursions arabo-musulmanes dans la mer Égée. Après une éphémère conquête pendant le règne de Basile Ier (r. 867-886), Chypre est durablement reprise en 965.

Dans les Balkans, depuis l’installation des Bulgares à la fin du VIIe s., la Bulgarie a été un formidable adversaire de l’Empire byzantin. À plusieurs reprises, les souverains bulgares ont assiégé vainement Constantinople. La conversion au christianisme n’a pas arrangé la situation : le khan bulgare a pris le titre d’empereur, et a obtenu l’indépendance de l’Église bulgare avec la création d’un patriarche. La conquête de la Bulgarie est longue est difficile. En 968, à l’instigation de l’Empire byzantin, le prince russe, Sventoslavŭ [en russe moderne Svjatoslav] (r. 945-972), envahit la Bulgarie et détruit sa capitale, Preslav. Les Byzantins, qui ne s’attendaient qu’à un raid, décident d’intervenir : Jean Ier Tzimiskès (r. 969-976) parvient à battre les Russes. Bien qu’il se présente en libérateur, il fait abdiquer le tsar Boris II (r. 969-971) et annexe l’est de la Bulgarie. Entre-temps, le patriarche Damjan (r. v. 944 – v. 972) a déplacé son siège ; un de ses successeurs, Filip (r. v. 1000 – v. 1015) se fixe à Ohrid, qui devient le nouveau centre de l’Empire bulgare.

Sous l’égide de Samuel, qui finit par être couronné tsar en 997, l’ouest de la Bulgarie oppose une résistance farouche à la conquête byzantine, jusqu’à ce que Basile II (r. 976-1025) inflige une défaite écrasante aux Bulgares lors de la bataille de Kleidion (29 juillet 1014). À l’occasion, il fait aveugler les prisonniers bulgares, sauf un sur cent qui est simplement éborgné pour pouvoir guider les autres sur le chemin du retour. L’empereur y gagne son surnom de Bulgaroktónos (tueur de Bulgares). En 1018, la Bulgarie a été conquise et la frontière de l’Empire rétablie sur le Danube. Dans la foulée, les Serbes et les Croates reconnaissent l’autorité de Byzance. Le patriarcat bulgare est supprimé et remplacé par un archevêché dépendant de Constantinople, avec haut clergé grec venu de la capitale.

À la même époque, l’unification de la Géorgie sous le roi Bagrat III (r. 1008-1014) conduit à l’élévation du catholicos en patriarche.

La reconquête byzantine

Cette carte a été élaborée comme support des cours et formations de l’Institut européen en sciences des religions.

Projection Projection conique conforme de Lambert
Parallèles standards 36°N et 44°N
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Hydrographie
(côtes, cours d’eau, lacs)
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La Pologne pendant la Première Guerre mondiale

La Pologne pendant la Première Guerre mondiale

Les offensives de l’été et de l’automne 1915 ont permis aux Puissances centrales d’occuper la Pologne russe. L’essentiel de l’ancien Royaume de Pologne est divisé en deux zones d’occupation : le Generalgouvernement Warschau (Gouvernorat général de Varsovie), administré par l’Allemagne, et le Militärgeneralgouvernement Lublin (Gouvernorat général militaire de Lublin), administré par l’Autriche-Hongrie. Le Gouvernorat général de Varsovie a été retiré au commandant suprême à l’Est (Oberbefehlshaber Ost, abrégé en Ober Ost), ce qui le conduit à organiser l’administration des territoires qui restent sous son autorité.

Rapidement, l’organisation de la Pologne occupée crée des tensions entre les deux alliés. L’Autriche-Hongrie souhaite la création d’un royaume de Pologne intégré à la double monarchie. L’Allemagne est favorable à la création d’une Pologne théoriquement indépendante, mais en fait sous tutelle, et dont une partie serait annexée à l’Allemagne en vue d’être germanisée : la bande frontière polonaise (Polnischer Grenzstreifen).

À la fin de l’année 1916, la solution allemande l’emporte. Le 5 novembre 1916, le général Hans Hartwig von Beseler, gouverneur général allemand, annonce la création prochaine d’un Royaume de Pologne. Consolation pour l’Autriche-Hongrie, le futur roi sera un Habsbourg. Un Conseil de régence est formé, ainsi qu’une armée. L’objectif est de renforcer les Légions polonaises, organisées au début du conflit par Józef Piłsudski. Le plan tourne court : en 1917, comprenant les plans allemands et considérant que les Puissances centrales sont en difficulté, Piłsudski interdit aux soldats polonais de prêter le serment rédigé par les autorité d’occupation — serment de fidélité envers un futur roi non nommé et qui lie les soldats polonais aux armées allemande et austro-hongroise. Piłsudski est emprisonné et les Légions polonaises dissoutes. Les quelques forces polonaises restantes sont intégrées dans l’armée austro-hongroise ou intégrée à l’Armée royale polonaise, intégrée à l’armée allemande et sous commandement allemand.

Le nouvel État, qui n’est reconnu que par les Puissances centrales, est rapidement mis sous tutelle économique et politique allemande. Le peu d’illusions que les Polonais pouvaient avoir quant à leur futur État se brisent lors de la signature du traité de Brest-Litovsk entre l’Ukraine et les Puissances centrales (9 février 1918) : la province de Chełm (Kholm en ukrainien) est considérée comme ukrainienne, ce qui signifie que le futur Royaume sera encore plus petit que le Royaume de Pologne créé en 1815.

Le Royaume de Pologne cesse d’exister avec la défaite des Puissances centrales. Le 6 octobre 1918, Beseler laisse l’administration aux autorités civiles polonaises et, le 23 octobre, leur transfère le commandement des unités polonaises sous commandement allemand et austro-hongrois. Le 6 novembre, dans un contexte de désagrégation de l’Autriche-Hongrie, une République polonaise est proclamée à Lublin, dans la zone d’occupation austro-hongroise. Cette nouvelle autorité entre en conflit avec le Conseil de régence. Piłsudski, libéré de prison et de retour à Varsovie le 10 novembre, réconcilie tout le monde. Le 11 novembre, alors que les troupes allemandes sont désarmées et commencent leur retrait de Pologne, le Conseil de régence confie le commandement de l’armée polonaise à Piłsudski, puis lui confie le pouvoir civil le 14. Le même jour, le gouvernement de Lublin reconnaît l’autorité de Piłsudski.

La défaite des trois puissances qui s’étaient partagé le territoire polonais garantit l’indépendance de la Pologne. Pour la Deuxième République polonaise, le combat pour la délimitation de ses frontières commence…

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Premières conquêtes arabo-musulmanes

Les premières conquêtes musulmanes

À partir de 610, Muhammad [traditionnellement Mahomet] (v. 570 – 632), un marchand de La Mecque, commence à prêcher l’existence d’un Dieu unique et la nécessité de rejeter le culte des idoles pour suivre la volonté de ce Dieu. Cette nouvelle religion menace son propre clan, le clan Quraysh, qui domine alors La Mecque et doit en partie sa fortune à la Ka’aba, un sanctuaire polythéiste.

Devant l’intensification de la persécution, Muhammad décide de mettre à l’abri sa communauté en la transportant dans la ville de Yathrib en 622 : cette migration (arabe hidjra, francisé en Hégire) marque la rupture avec les Quraysh — et l’an 1 du calendrier musulman. La ville de Yathrib est bientôt connue sous le nom de Médine, de l’arabe Madīnat al-Nabī (ville du prophète).

Le conflit entre Mecquois et Médinois se traduit notamment par des raids des musulmans pour perturber le commerce caravanier de La Mecque. C’est dans ce cadre que se déroule la bataille de Badr (17 Ramadan 2 AH / 13 mars 624 AD). Cette bataille est importante : la mort de plusieurs figures importantes du clan Quraysh et la victoire contre une force très supérieure en nombre sont perçues comme des signes du soutien de Dieu. Cependant, l’année suivante, les Mecquois prennent leur revanche lors de la bataille d’Uhud (7 Shawwal 3 AH / 23 mars 625 AD). Les forces mecquoises, qui ne menaient qu’un raid de représailles, se replient. Elles entament un véritable siège de Médine en 627. L’épisode, connu comme la bataille de la tranchée (Shawwal – Dhu al-Qidah 5 AH / mars-avril 627 AD) s’achève par la victoire des musulmans. En 630, les Mecquois sont tellement affaiblis que Muhammad s’empare de La Mecque pratiquement sans coup férir. À sa mort en 632, la péninsule arabique est unifiée dans une nouvelle structure politique et religieuse.

La mort de Muhammad est à l’origine d’une crise grave. Les tribus de l’intérieur rejettent l’autorité de son successeur, la calife Abu Bakr (r. 632-634). Ce rejet est considéré comme une apostasie (arabe ridda), ce qui conduit le calife à mener plusieurs campagnes pour rétablir l’unité de la péninsule : les guerres de Ridda (632-633). Peu avant sa mort, les raids sur la frontière avec l’Empire byzantin et l’Empire perse reprennent.

Son successeur, Umar (r. 634-644), est le véritable organisateur du Califat. Son règne voit le début de l’expansion de l’Islam hors de la péninsule arabique. Devant la menace musulmane, l’Empire byzantin et l’Empire perse, qui sortent d’un guerre longue et éprouvante, décident de monter une campagne commune contre la puissance montante de la région.

Umar ne peut faire face à une telle alliance et décide de vaincre séparément ses adversaires. Il expédie son meilleur général, Khalid ibn al-Walid avec d’importants renforts contre l’Empire byzantin, pendant qu’il entame des négociations de paix avec l’empereur perse, Yazdgard III (r. 632-651). Voyant la manœuvre, l’empereur byzantin, Héraclius (r. 610-641), demande à ses troupes de rester sur la défensive et d’attendre ses ordres mais ses commandants, voyant l’armée musulmane recevoir des renforts quotidiennement, décident de passer à l’offensive avant que le rapport de force ne soit trop défavorable. L’armée byzantine subit une défaite décisive lors de la bataille du Yarmouk (15-20 août 636) : le Levant et l’Égypte sont aisément conquis par les vainqueurs, mais l’Empire byzantin parvient à éviter la conquête totale.

Après la victoire, Umar ordonne la fin des négociations. Les Perses passent à l’attaque mais ils sont défaits par l’armée califale, renforcée par des troupes venues de Syrie, lors de la bataille d’al-Qādisiyyah (16-19 novembre 636). Cette autre victoire décisive ouvre tout le plateau iranien aux armées musulmanes et, bientôt, tout l’Empire perse est conquis.

Premières conquêtes arabo-musulmanes

Cette carte a été élaborée comme support des cours et formations de l’Institut européen en sciences des religions.

Projection projection azimutale équivalente de Lambert
Centre 25°N, 45°E
Datum WGS 84
Hydrographie (côtes, cours d’eau, lacs) GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)
Natural Earth

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La Pologne en 1815

Le partage de la Pologne en 1815

Le Duché de Varsovie devait son existence aux succès de Napoléon ; il fut entraîné dans sa chute. Au début de 1813, il est occupé par la Russie et la Prusse. Le congrès de Vienne procède à un nouveau partage.

L’essentiel du duché est transformé en Royaume de Pologne, théoriquement indépendant, mais dont le roi est l’empereur de Russie. Rapidement, le royaume est soumis à une politique de russification et d’intégration, renforcée après les soulèvements de 1830 et 1863. À la fin des années 1860, la région ne se distingue plus du reste de la Russie, et le nom de Pologne n’existe plus que dans la titulature de l’empereur de Russie — le territoire est administrativement désigné comme Territoire de la Vistule (Privislinskij kraj / Привислинский край).

L’ouest du duché est attribué à la Prusse sous la forme du grand-duché de Posen. Le grand-duché est théoriquement une entité autonome au sein du Royaume de Prusse. Cependant, le roi de Prusse est bien décidé à empêcher toute velléité autonomiste. En 1817, la région de Culm est retirée au grand-duché et directement annexée au royaume. Après le soutien apporté par la population au soulèvement de 1830, la politique anti-polonaise s’intensifie. Après une première révolte en 1846 suivie d’une autre en 1848, le grand-duché est transformé en province de Posen, sur le modèle des autres provinces du royaume.

La région de Cracovie conserve une forme d’indépendance en étant transformée en Ville libre de Cracovie. Après le soutien apporté à la révolte de 1830 dans la partie russe, l’autonomie de Cracovie est sévèrement limitée. En 1846, après une tentative de soulèvement, la Ville libre est annexée par l’Autriche.

Le partage de la Pologne en 1815

Projection projection conique conforme de Lambert
Parallèles standard 49°20’N et 55°40’N
Datum WGS 84
Hydrographie (côtes, cours d’eau, lacs) GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)

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Arabie préislamique

L’Arabie pré-islamique

La péninsule arabique est un espace mal connu avant l’apparition de l’islam. Les témoignages des civilisations extérieures (gréco-romaine et perse) sont complétées par l’archéologie et les témoignages postérieurs des auteurs arabes.

La péninsule arabique est un espace largement aride. Les tribus arabes sont sédentaires ou nomades. L’appartenance à la tribu est essentiel et permet la survie dans un environnement difficile.

Le sud, relativement bien arrosé, a été qualifié par les auteurs gréco-romain d’Arabia Felix, que l’on traduit habituellement par Arabie heureuse, mais qui signifie plus exactement Arabie fertile. D’importants royaumes s’y sont développés, notamment dans la région du Yémen. Au tournant des VIe et VIIe siècles, ces royaumes sont en état de guerre constant, ce qui permet à l’Empire perse de s’emparer d’une partie de la région.

Le centre de l’Arabie connaît un climat désertique. La vie se concentre autour de quelques oasis, qui vivent du commerce caravanier. Les Arabes de cette Arabia deserta sont appelés en grec Sarakēnoí (Σαρακηνοί), littéralement ceux qui vivent sous la tente — nom francisé en Sarrasins.

Au nord, les Nabatéens ont été intégrés à l’Empire romain au cours du Ier siècle de l’ère commune, avec la création d’une province spécifique, l’Arabia Petraea (Arabie Pétrée) au début du IIe siècle. À la fin du IIIe, les Ghassanides, venus du sud de l’Arabie, fonde un royaume sur les frontières de l’Empire romain, dont il devient un vassal et sert de tampon face aux autres tribus arabes. Pratiquement au même moment, une autre tribu venue du sud, les Lakhmides, fondent un royaume sur les frontières de l’Empire perse, qui l’annexe au début du VIIe siècle.

L’historiographie islamique qualifie cette période de jāhilīya (ignorance). Pour autant, les tribus arabes ne sont pas uniformément polythéistes. Si les religions traditionnelles de la péninsule sont majoritaires, de nombreuses tribus sont juives, chrétiennes ou zoroastriennes.

Arabie préislamiqueCette carte a été élaborée comme support des cours et formations de l’Institut européen en sciences des religions.

Projection projection azimutale équivalente de Lambert
Centre 25°N, 45°E
Datum WGS 84
Topographie ETOPO1
Hydrographie (côtes, cours d’eau, lacs) GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)
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Le Duché de Varsovie

Le Duché de Varsovie

Après les partages de la Pologne, nombre de Polonais ont vu dans la France le pays qui viendrait à leur secours, à cause de la constitution de 1791 qui rapprochait la Pologne des idéaux de la Révolution française, et surtout parce que les bénéficiaires des partages (monarchie des Habsbourgs, Prusse et Russie) sont les principaux adversaires de la France. Des volontaires polonais combattent aux côtés des troupes françaises, et Paris abritent plusieurs groupes s’efforçant de faire renaître la Pologne.

Lors des guerres de la Quatrième Coalition (1806-1807), la France occupe la Prusse. Le traité de Tilsit (9 juillet 1807) est sévère pour la Prusse : elle perd tous ses territoires à l’ouest de l’Elbe ainsi que la majeure partie des régions acquises lors des partages de la Pologne. Le Duché de Varsovie est constitué sur ces territoires cédés — sauf un fragment autour de Bialystok, annexé par la Russie. C’est une monarchie constitutionnelle gouvernée en union personnelle par un allié de Napoléon Ier : le roi de Saxe Frédéric-Auguste Ier. Dans les faits, c’est un État satellite de la France.

Lors des guerres de la Cinquième Coalition (1809), l’Autriche est à son tour battue par la France, avec le soutien des forces du Duché de Varsovie. Le traité de Schönbrunn (14 octobre 1809) prévoit le transfert de la Nouvelle Galicie (acquise lors du troisième partage de la Pologne) ainsi que la région autour de Zamość (annexée lors du premier partage).

Peut-être Napoléon avait-il prévu de faire rétrocéder par la Russie une partie de ses annexions lors des partages de la Pologne, mais l’histoire a pris un autre chemin.

Le Duché de Varsovie

Projection projection conique conforme de Lambert
Parallèles standard 49°20’N et 55°40’N
Datum WGS 84
Hydrographie (côtes, cours d’eau, lacs) GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)

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La victoire de Constantin 314-324

La victoire de Constantin

À la fin de l’année 313, la situation de l’Empire romain commence à se clarifier. Constantin et Licinius ont vaincu leurs adversaires ce qui a permis de réduire le nombre d’empereurs. Cependant, le nouvel équilibre est délicat.

Les rapports entre les deux empereurs se détériorent. Un premier conflit a lieu en 316-317, suivi d’un bref rabibochage. Au passage, Constantin s’est emparé de la majeure partie des Balkans. En 324, la rupture est définitive. Prenant pour prétexte la reprise des persécutions contre les chrétiens, Constantin envahit le territoire de Licinius. Après sa défaite lors de la bataille de Chrysopolis (18 septembre 324), Licinius est autorisé à vivre en simple particulier. L’année suivante, il fait arrêter et exécuter Licinius pour complot.

Constantin a réussi à rétablir l’unité de l’Empire. L’idée de direction collégiale de l’Empire a vécu, et le principe monarchique est bien établi.

La victoire de Constantin 314-324

 

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Projection Projection azimutale équivalente de Lambert
Centre 40°N, 19°E
Datum WGS 84
Hydrographie
(côtes, cours d’eau, lacs)
GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)
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Les partages de la Pologne

Les partages de la Pologne

À la fin du XVIIIe s., l’État polono-lituanien est victime de la voracité de ses voisins : la Prusse, la Russie et la monarchie des Habsbourgs. Dans un premier temps, ces trois États en pleine ascension se sont contentés du statu quo qui donnait pratiquement le contrôle du pays à la Russie, mais les victoires répétées de celle-ci contre l’Empire ottoman crée un déséquilibre des puissances à l’Est de l’Europe. À l’instigation de la Prusse, ils décident de procéder à un rééquilibrage en annexant une partie de la Pologne.

La Pologne-Lituanie est alors en proie à l’anarchie. Un groupe anti-russe, la Confédération de Bar, mène une révolte contre le roi Stanislas II Poniatowski (r. 1765-1795), perçu comme une marionnette russe. Prenant pour prétexte l’anarchie qui règne dans le pays, les armées autrichienne, prussienne et russe envahissent la Pologne-Lituanie au début du mois d’août 1772. L’accord de partage est signé le 5 août et ratifié le 22 septembre. Le 18 septembre 1773, la Diète réunie pour l’occasion signe le traité qui cède les régions déjà occupées à la Prusse, la Russie et le monarchie des Habsbourgs.

Le prétexte au deuxième partage est fourni par la constitution de 1791, qui s’efforce de redresser la Pologne-Lituanie en adoptant un mode de gouvernement plus efficace. Considérant que la Pologne a subi les mauvaises influences de la Révolution française, la Russie, à l’instigation d’un groupe de nobles polonais hostiles à la nouvelle constitution, déclare la guerre à la Pologne. Les Polonais doivent reconnaître leur défaite.

La Russie ne souhaitait pas procéder à un nouveau partage, mais la Prusse décide de monnayer son inaction — elle avait signé un traité défensif avec la Pologne en 1790 — et sa participation à la guerre contre la France révolutionnaire. La Prusse et la Russie signent un traité le 23 janvier 1793 prévoyant l’annulation des réformes en cours en Pologne et l’annexion de nouveaux territoire. La Diète accepte les annexions russes le 22 juillet 1793, et les annexions prussienne le 23 (ou 25) septembre 1793.

Devant cette humiliation qui apparaît comme le résultat de la trahison de la noblesse, et galvanisée par les succès de la Révolution française, la population polonaise se soulève. Le mouvement trouve un chef militaire en Tadeusz Kościusko. Malgré des succès initiaux, l’insurrection de Kościusko est écrasée par les forces prussiennes, russes et autrichiennes en novembre 1794.

Le 24 octobre 1795, les trois puissances victorieuses se rencontrent pour définir les modalités d’un dernier partage qui raye la Pologne de la carte.

Une longue lutte pour la restauration d’une Pologne indépendante commence

Les partages de la Pologne

Projection projection conique conforme de Lambert
Parallèles standard 49°20′ N et 55°40′ N
Datum WGS 84
Hydrographie
(côtes, cours d’eau, lacs)
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Allemagne de 1945 à 1949

L’Allemagne au lendemain de la Seconde Guerre mondiale

Les conférences interalliées, dont la dernière se tient à Potsdam (17 juillet – 2 août 1945), n’ont établi que quelques principes vagues concernant le sort de l’Allemagne, la décision finale revenant à la conférence de paix qui ne s’est pas tenue. Sur le plan intérieur, le pays devait être pacifié par la mise en place d’institutions démocratiques, la dissolution de l’armée et le démantèlement des grands cartels industriels. Les principaux dirigeants nazis seraient jugés à Nuremberg (ville des rassemblements du parti) pour répondre des crimes du nazisme. Comme les Alliés ne reconnaissent pas le gouvernement nazi, l’Allemagne serait gouvernée pas les vainqueurs. L’incapacité des vainqueurs à se mettre d’accord va conduire à une gestion locale, avec la recréation de Länder dans le cadre des zones d’occupation.

Sans surprise, les Alliés décident d’annuler toutes les annexions allemandes de la guerre, mais aussi l’Anschluß et les accords de Munich. Cette volonté de revenir aux frontières de 1937 trouble les projets de Staline, qui entend conserver l’essentiel des territoires annexés en 1939-1940. Le problème vient de la Pologne, qui fait partie de la Grande Alliance. Sa partie orientale est annexée par l’URSS en échange d’une compensation sur les territoires allemands à l’est de la ligne formée par l’Oder et la Neiße. Le port de Stettin est aussi attribué à la Pologne pour permettre à l’URSS d’annexer la région de Königsberg. Ces régions sont placées sous administration provisoire polonaise et soviétique dans l’attente de la conférence de paix. Elles sont annexées en 1945-1946. L’URSS et la Pologne n’auront de cesse de faire reconnaître ces nouvelles frontières.

La progression soviétique avait créé un mouvement de fuite des populations allemandes. L’après-guerre voit la mise en place d’une politique d’expulsion des populations allemandes dans les territoires annexés et des minorités germanophones présentes en Europe centrale et orientale. Les Allemands ne sont pas les seuls touchés : Polonais, Soviétiques, Baltes, Italiens, Hongrois, Roumains, Tchécoslovaques sont eux aussi relocalisés pour mettre fin à la présence de minorités nationales. Au total, on assiste à un mouvement de quelque 20 millions de personnes, dont 12 à 13 millions d’Allemands.

Projection projection conique conforme de Lambert
Parallèles standard 48°30 N et 54°30 N
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