Europe

Territoire Églises orthodoxess

Les Églises autocéphales

Territoire Églises orthodoxesLe monde orthodoxe est un monde mal connu, en particulier son organisation en Églises autocéphales. L’objectif de cette carte est donc de montrer les différents territoires canoniques et leur lien plus ou moins marqué avec les frontières des pays de tradition orthodoxe. Cela produit de nombreux points de contestation, signalés par des hachures, dont le plus important est L’Ukraine. L’histoire de cette complexification fait l’objet d’une série de cartes.

En plus des Églises autocéphales, j’ai représenté les Églises autonomes, ce qui est un moyen pour prendre en compte des spécificités locales.

Cette carte se concentre sur le cœur du monde orthodoxe mais, à ce titre comporte des manques. D’abord, il manque les territoires canoniques extra-européens : l’Église orthodoxe russe en Amérique (dont l’autocéphalie est partiellement reconnue), et les Églises autonomes de Chine et du Japon (patriarcat de Moscou). Étendre le domaine couvert aurait rendu la carte plus complexe pour un gain minime. La diaspora n’a pas non plus été prise en compte : son organisation très complexe nécessiterait plutôt une carte spécifique. Dernier manque : les Églises non canoniques, c’est-à-dire des Églises orthodoxes qui ne sont reconnues par aucune des Églises autocéphales, ne sont pas figurées, par crainte de rendre la carte trop complexe et illisible.

Logiciels utilisés : QGIS pour la conception de la carte, Illustrator pour la mise en forme.

Projection : projection azimutale de Lambert. Centre : 40°N x 29°E.

Côtes, lacs et cours d’eau : GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database) et Natural Earth.


Les Églises orthodoxes ont conservé le principe pentarchique issu des conciles œcuméniques et de la législation byzantine : l’Église est considérée comme une confédération d’Églises indépendantes, ou autocéphales, du grec autós (αὐτός) [soi-même] et kephalḗ (κεφαλή) [tête] — littéralement le fait d’être sa propre tête — ce qui signifie que le primat de chaque Église autocéphale ne dépend d’aucun autre évêque.

Si les principes n’ont pas changé, le nombre d’Églises autocéphales a connu d’importantes variations. La montée en puissance de nouveaux États s’est accompagnée de l’autocéphalie, l’indépendance de l’Église étant perçue comme le pendant spirituel de la pleine souveraineté politique. À l’inverse, la disparition d’un État entraîne souvent, à terme, l’absorption de l’Église par l’Église autocéphale liée au vainqueur. La création d’une Église autocéphale n’est pas un processus clairement défini faisant l’objet d’un consensus. En définitive, c’est souvent la situation de fait — la capacité à faire accepter cette autocéphalie — qui l’emporte.

Au début du XXIe s., il existe 14 Églises autocéphales reconnues par les autres Églises orthodoxes. Certains Églises autocéphales comprennent des Églises autonomes. Le degré d’autonomie peut varier, mais la désignation du chef de cette Église est au minimum soumis à l’approbation du chef de l’Église autocéphale, dont l’autorité s’exerce en dernier ressort. 2 Églises sont partiellement reconnues. L’Église orthodoxe en Amérique, qui a obtenu son autocéphalie du patriarcat de Moscou en 1970, n’est reconnue que par le patriarcat de Moscou, le patriarcat de Géorgie, le patriarcat de Bulgarie, l’Église orthodoxe autocéphale polonaise et l’Église orthodoxe des terres tchèques et de Slovaquie.

La décision du patriarcat de Constantinople de reconnaître l’autocéphalie de l’Église d’Ukraine a conduit à une rupture avec le patriarcat de Moscou le 15 octobre 2018. Ce schisme, paroxysme du conflit larvé qui oppose les deux patriarcats depuis des années, menace l’unité du monde orthodoxe. Le patriarcat de Moscou considère que la métropole de Kiev lui a été transférée à la fin du XVIIe s., et que, par conséquence, l’Église ukrainienne est dans le ressort de l’Église russe. Le patriarcat de Constantinople voit dans ce transfert un expédient lié aux circonstances, et estime que, de jure, la métropole de Kiev n’a jamais cessé de relever de son autorité. De nouvelles circonstances — l’existence d’un État ukrainien souhaitant parachever son indépendance en coupant les liens spirituels avec Moscou — lui ont permis de réaffirmer cette autorité, fondement de la reconnaissance de l’autocéphalie. Pour l’heure, le patriarcat de Constantinople est le seul à reconnaître l’autocéphalie de l’Église d’Ukraine…


Cette carte a été élaborée comme support des cours et formations de l’Institut d’étude des religions et de la laïcité.

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Le dépeçage de la Tchécoslovaquie 1938-1939

La destruction de la Tchécoslovaquie

Après l’annexion de l’Autriche, Hitler décide de tourner son attention vers la Tchécoslovaquie, qui abrite une importante minorité germanophone, essentiellement dans la région frontalière avec l’Allemagne, les Sudètes. En mars 1938, Hitler rencontre Konrad Heinlein, chef du Parti allemand des Sudètes (parti secrètement lié au Parti nazi) et lui demande de formuler des demandes que le gouvernement tchécoslovaque ne pourrait satisfaire. L’objectif est bien de procéder à une opération militaire contre la Tchécoslovaquie : à partir du mois de mai, le commandement allemand travaille sur le plan d’invasion. Hitler est certain que la politique d’apaisement menée par le Royaume-Uni et la France les conduira à ne pas intervenir. La perspective d’une guerre prématurée inquiète suffisamment pour que certains officiers en viennent à penser à un coup d’État pour renverser le régime nazi.

Le 30 septembre, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la France et l’Italie signent les « accords de Munich » qui acceptent la prise de contrôle des Sudètes par l’Allemagne. Isolée, la Tchécoslovaquie n’a d’autre choix que se soumettre.

La voracité des voisins de la Tchécoslovaquie conforte la position allemande de mise en avant du principe des nationalités. La Pologne en profite pour régler ses différends frontaliers en s’emparant de plusieurs régions frontalières, notamment la Zaolzie (région de Teschen), et la Hongrie annexe des régions peuplées de Hongrois.

Mais la Tchécoslovaquie vivait toujours et Hitler avait été frustré d’un succès militaire.

Le 14 mars 1939, à l’instigation de l’Allemagne, les Slovaques proclament leur indépendance. Ils sont bientôt suivis par les Ukrainiens de l’Ukraine carpatique. L’Allemagne déclare être contrainte d’intervenir pour contenir le chaos crée par l’effondrement de la Tchécoslovaquie… et crée au nord du pays le protectorat de Bohème-Moravie.

Au sud, la Hongrie conquiert l’Ukraine carpatique et attaque la Slovaquie, mais l’intervention de l’Allemagne parvient à limiter ses appétits.

Ce triomphe d’Hitler sera le dernier. Britanniques et Français ont compris que l’apaisement n’arrêtait pas l’Allemagne. De plus, le principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes apparaît véritablement comme un prétexte, car il avait été complètement piétiné. Le Royaume-Uni et la France optent pour la fermeté et commencent des négociations avec la Pologne et l’URSS en vue d’arrêter l’expansion allemande…

Le dépeçage de la Tchécoslovaquie 1938-1939

Projection Projection de Křovák
Datum WGS 84
Hydrographie (côtes, cours d’eau, lacs) GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)

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Les 5 patriarcats

La pentarchie

Les conciles œcuméniques fixent l’organisation de l’Église en cinq patriarcats — d’où le nom de pentarchie.

Dans son organisation, l’Église avait choisi de s’adapter aux structures administratives de l’Empire romain : c’est le principe d’accommodement. Dans chaque cité (unité administrative de base) se trouve un évêque. L’évêque de la cité qui sert de capitale à la province (une métropole, dans le vocabulaire administrative romain) porte le titre d’évêque métropolitain, ou métropolite, et supervise les évêques de la province.

Au-dessus, rien n’est prévu. Dioclétien (r. 284-305) établit les diocèses (civils) comme nouvel échelon administratif entre les provinces et le pouvoir central, mais l’Église ne s’adapte pas à cette nouvelle structure. C’est plus l’aura de tel ou tel évêque qui permet à un siège de rayonner au-delà de son ressort. Après le premier concile de Constantinople (381), Théodose Ier (r. 379-392 sur l’Orient, 392-395 sur tout l’Empire) organise la partie orientale de l’Empire alors sous son contrôle en cinq diocèses ecclésiastiques correspondant aux diocèses civils : Égypte (Alexandrie), Orient (Antioche), Asie (Éphèse), Pont (Césarée de Cappadoce), Thrace (Héraclée puis Constantinople). Cette organisation partielle est annulée de fait par les décisions des conciles postérieurs. Après leur subordination à Constantinople, les métropolites d’Éphèse, Césarée et Héraclée gardent le titre honorifique d’exarque.

Le concile de Nicée (325) reconnaissait un rôle particulier aux évêques de Rome, Alexandrie et Antioche. Rome a été illustrée par Pierre et Paul, et c’est la capitale de l’Empire. Alexandrie et Antioche sont les deux grands centres intellectuels de la Chrétienté. Le premier concile de Constantinople (381) confirme l’ordre de préséance, et ajoute que Constantinople, la Nouvelle Rome (et nouvelle capitale impériale), doit recevoir la deuxième place, après l’Ancienne Rome. Le concile de Chalcédoine (451) confirme l’ordre et ajoute, en cinquième position, l’évêque de Jérusalem, soustrait à l’autorité du métropolite d’Antioche.

Justinien applique le terme « patriarche » à ces cinq métropolites particuliers, et le concile in Trullo (692) fixe définitivement la hiérarchie des cinq patriarcats. Les métropolites de Rome et d’Alexandrie continuent d’utiliser leur titre traditionnel de « pape » — à la place de celui de patriarche pour Rome, en complément pour Alexandrie.

Cette organisation comporte quelques cas particuliers. Lors du concile d’Éphèse (431), l’archevêque de Chypre a fait reconnaître son indépendance vis-à-vis du métropolite d’Antioche. Il obtient ce qu’on appellera par la suite l’autocéphalie (c’est-à-dire l’indépendance).

Hors de l’Empire, l’organisation est moins nette. Les chrétiens d’Arménie, de Géorgie et de l’Empire perse sont dirigés par évêque général, en grec katholikòs epískopos (καθολικὸς ἐπίσκοπος), d’où le terme catholicos. Cet évêque est théoriquement subordonné à un métropolite (Césarée de Cappadoce pour le catholicos d’Arménie, Antioche pour les catholicoi de Géorgie et de l’Orient), mais le titre finit par impliquer l’autocéphalie, et devenir synonyme de patriarche, d’où l’utilisation dans certaines de ces Églises du titre catholicos-patriarche.

La pentarchie est comprise comme un système dans lequel l’unité de l’Église se fait par la coopération harmonieuse des cinq patriarches, chacun restant totalement indépendant, en termes d’administration, des autres. Cela conduit, au sein de l’orthodoxie, à la multiplication des Églises autocéphales. Au contraire, le pape de Rome développe l’idée que son rang n’est pas qu’une primauté honorifique, mais implique la direction effective de l’ensemble de l’Église. Ces deux conceptions opposées de l’organisation de l’Église sont à l’origine de l’éloignement progressif des Églises latine (future catholique) et byzantine (future orthodoxe).

Les 5 patriarcats

Cette carte a été élaborée comme support des cours et formations de l’Institut européen en sciences des religions.

Projection Projection azimutale équivalente de Lambert
Centre 40°N, 19°E
Datum WGS 84
Hydrographie
(côtes, cours d’eau, lacs)
GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)
Natural Earth

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Les conciles œcuméniques

Les conciles œcuméniques

Lorsque Constantin légalise le christianisme, il découvre une religion divisée par des débats sur la nature du Christ. Après sa victoire dans la guerre civile, il demande aux évêques de trancher et de définir une position qui vaudra pour toute l’Église et qu’il s’engage à faire appliquer. Il convoque donc à Nicée (Constantinople, sa nouvelle capitale, est alors en chantier) une réunion (en latin concilium, d’où concile) de l’ensemble des évêques (d’où le grec latinisé oecumenicus, universel).

Le concile de Nicée (325) condamne l’arianisme. Arius, prêtre et théologien d’Alexandrie, enseigne que Jésus est bien dieu, mais à un degré moindre que le Père. Le concile de Nicée rejette cette doctrine et, au contraire, affirme que Jésus, le Fils, est de même nature (en grec homooúsios) que le Père. Dans le cadre de cette réfutations, les participants au concile rédigent le début du Credo (en latin je crois), document important qui contient les fondements du dogme chrétien.

La condamnation de l’arianisme ne fait pas taire la querelle. Un arianisme modéré, capable de faire la jonction entre la position nicéenne et la position arienne, aparaît même : l’homoiousisme, qui professe que Jésus est de nature semblable (en grec homoioúsios) au Père. En 381, le concile de Constantinople renouvelle la condamnation de l’arianisme et condamne toute formule qui ne reconnaîtrait pas l’identité de nature entre le Père et le Fils. Le Credo est alors achevé dans la forme qu’on lui connaît aujourd’hui.

Les questions de christologie se déplacent alors vers le rapport entre les deux natures (humaine et divine) de Jésus. Nestorius (v. 380 – v. 450), moine et prêtre formé à Antioche, et dont les sermons sont tellement appréciés que l’empereur Théodose II (r. 402-450) le nomme archevêque de Constantinople en 428, insiste sur leur séparation radicale, au point que Jésus Christ est deux personnes (une divine, une humaine), et que Marie n’a donné naissance qu’à la personne humaine et ne peut donc être dite Theotókos (mère de Dieu), qualificatif très populaire.

Les propositions de Nestorius déclenchent une importante controverse au sein de la Chrétienté. Pour faire taire ses adversaires, Nestorius demande à l’empereur de réunir un concile, qui se réunit à Éphèse en 431. Le concile, dominé par un de ses adversaires les plus résolus, le patriarche Cyrille d’Alexandrie (r. 412-444), condamne le nestorianisme et affirme le principe de deux natures distinctes mais unies dans une seule personne. L’Église de l’Orient, qui regroupe les chrétiens vivant dans l’Empire perse, rejette les décisions du concile et se sépare du reste de la Chrétienté. Elle est à l’origine de l’Église apostolique assyrienne de l’Orient, dont un groupe a reconnu l’autorité du pape au XVIe s. et constitue l’Église catholique assyrienne.

Certains vont trop loin dans leur critique de Nestorius. Eutychès (v. 380 – v. 456), moine de Constantinople, insiste tellement sur l’unité des deux natures qu’il finit par affirmer que la nature divine a absorbé la nature humaine — on parle de monophysisme (nature unique). En 451, le concile de Chalcédoine condamne les conceptions d’Eutychès. Il en profite pour réitérer la condamnation du nestorianisme.

Le concile de Chalcédoine est à l’origine d’un nouveau schisme : le rejet des affirmations d’Eutychès est universel, mais les formulations employées par le concile, qui insistent sur la différence entre les deux natures (deux natures sans confusion, sans altération, sans division, sans séparation), sont rejetées comme nestoriennes par certaines Églises, notamment l’Église d’Alexandrie (aujourd’hui Église copte orthodoxe), bientôt rejointe par l’Église d’Antioche (aujourd’hui Église syriaque orthodoxe), l’Église arménienne ou l’Église éthiopienne. Ces Églises sont dites monophysites par les Églises chalcédoniennes, mais elles refusent ce qualificatif et condamnent le monophysisme : elles se disent non-chalcédoniennes ou Église des trois conciles. Leur christologie est en fait miaphysite (nature unifiée). Contrairement au monophysisme, il n’a pas absorption de la nature humaine par la nature divine : les deux continuent d’exister, mais elles sont unifiées en une nature (reflet de l’unicité de la personne), qui est à la fois humaine et divine.

Ce schisme est plus problématique que le schisme de l’Église de l’Orient : en effet, il touche les chrétiens à l’intérieur même de l’Empire, dans des régions dont la fidélité est primordiale pour la survie de l’Empire — L’Égypte, grenier à blé, la Syrie, frontière avec le vieil adversaire perse. Le pouvoir impérial tente donc de réduire cette fracture.

La première tentative revient à Justinien (r. 527-565). Lors du deuxième concile de Constantinople (553), il fait condamner trois théologiens tenus jusque là pour parfaitement orthodoxes mais considérés comme nestoriens par les miaphysites. Cette tentative est un échec puisque cela semble conforter les miaphysites, qui attendent que les chalcédoniens fassent le dernier pas et reconnaissent leur erreur.

La deuxième tentative est soutenue par Héraclius (r. 610-641). À l’instigation de l’empereur, le patriarche Serge (r. 610-638) explique qu’il y a une unité dernière les actions de Jésus (on parle de monoénergisme). Devant l’opposition suscitée, l’empereur interdit la discussion concernant les « énergies » de Jésus, mais mentionne une volonté unique : on parle désormais de monothélisme. Cette formule n’a pas plus de succès : le pape Martin Ier (r. 649-653) s’y oppose vigoureusement, ce qui lui vaut d’être arrêté et exilé en Crimée ; une autre figure de l’opposition est Maxime le Confesseur (580-662), qui a la langue arrachée et la main droite coupée avant d’être exilé dans le Caucase. En 680-681, le troisième concile de Constantinople condamne le monothélisme et proclame l’existence de deux volonté en Jésus, une humaine et une divine.

Les deuxième et troisième concile de Constantinople, contrairement aux autres conciles œcuméniques, n’avaient pas rédigé de canons sur l’organisation et la disciple de l’Église. L’empereur Justinien II (r. 685-695 et 705-711) réunit un concile dans le palais impérial, dans une salle à coupole (en grec troúlos) d’où le nom de concille in Trullo. On parle aussi de concile Quinisextum (en latin) ou Penthéktē (en grec), qui signifient 5-6, car il complète les décisions des cinquième et sixième conciles œcuméniques. Il reprend aussi l’ensemble de la législation conciliaire. Les Églises orthodoxes voient dans ce concile un simple addendum aux conciles œcuméniques, ce qui donne à ses décisions une portée générale, tandis que l’Église romaine, qui n’y a pas participé, considère qu’il ne s’agit, au mieux, que d’un concile local dont les décisions n’ont de portée que locale. En tout état de cause, c’est un concile fondamental pour les Églises orthodoxes.

Le septième concile œcuménique est réuni dans des circonstances différentes. au VIIIe s., l’empereur Léon III (r. 717-741) promeut l’iconoclasme, c’est-à-dire la suppression des images comme support de dévotion. Son fils, Constantin V (r. 741-775) réunit un concile à Hiéreia, qui débouche sur la condamnation des images. Cependant, la résistance à l’iconoclasme, conduite notamment par les moines, est très forte. En 787, l’impératrice Irène, agissant au nom de son fils mineur, Constantin VI (r. 780-797), convoque un concile œcuménique, qui se réunit symboliquement à Nicée — sans compter que la population de Constantinople est très favorable à l’iconoclasme. Le concile condamne l’iconoclasme et promeut une théologie complexe de vénération des images. L’iconoclasme est de nouveau remis à l’honneur entre 815 et 843 avant d’être définitivement condamné.

Il est à noter que l’Église romaine réunit par la suite 14 conciles qu’elle considère comme œcuméniques, mais qui ne sont pas reconnus par les autres Églises chrétiennes.

Les conciles œcuméniques

Cette carte a été élaborée comme support des cours sur l’histoire du christianisme et des formations sur l’orthodoxie de l’Institut européen en sciences des religions.

Projection projection de Gauss-Krüger
Méridien standard 29°1 E
Datum WGS 84
Topographie ETOPO1
Hydrographie (côtes, cours d’eau, lacs) GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)

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La reconquête byzantine

La reconquête byzantine

Au cours du VIIe s., l’Empire byzantin connaît une séries d’invasions qui réduisent considérablement son étendue territoriale et mettent en péril son existence même. Les empereurs des VIIIe et IXe s. ont réussi à stabiliser les frontières et à réorganiser l’Empire. Dans la seconde moitié du Xe s., l’Empire byzantin entre dans une phase d’expansion territoriale.

À l’Est, l’affaiblissement du Califat abbasside laisse, aux confins de l’Empire, une série d’émirats qui, s’ils peuvent se montrer menaçant, ne sont pas en mesure de s’opposer à la progression byzantine. L’émirat de Mélitène, qui a servi de base aux raids musulmans contre l’Empire et qui était son adversaire le plus redoutable dans la région, est conquis lors des campagnes de Jean Kourkouas en 927-934. Antioche est conquise par les Byzantins en 969 : c’est le retour dans l’Empire d’un siège patriarcal au passé prestigieux. La ville reste byzantine jusqu’à l’arrivée des Turcs à la fin du XIe siècle. Plus à l’est, les armées byzantines poussent dans les confins de l’Arménie et commencent la conquête des principautés arméniennes.

Au sud, les deux grandes îles de la Méditerranée orientale sont reprises par l’Empire. En 961, le futur empereur Nicéphore Phokas s’empare de l’émirat de Crète, ce qui met fin aux incursions arabo-musulmanes dans la mer Égée. Après une éphémère conquête pendant le règne de Basile Ier (r. 867-886), Chypre est durablement reprise en 965.

Dans les Balkans, depuis l’installation des Bulgares à la fin du VIIe s., la Bulgarie a été un formidable adversaire de l’Empire byzantin. À plusieurs reprises, les souverains bulgares ont assiégé vainement Constantinople. La conversion au christianisme n’a pas arrangé la situation : le khan bulgare a pris le titre d’empereur, et a obtenu l’indépendance de l’Église bulgare avec la création d’un patriarche. La conquête de la Bulgarie est longue est difficile. En 968, à l’instigation de l’Empire byzantin, le prince russe, Sventoslavŭ [en russe moderne Svjatoslav] (r. 945-972), envahit la Bulgarie et détruit sa capitale, Preslav. Les Byzantins, qui ne s’attendaient qu’à un raid, décident d’intervenir : Jean Ier Tzimiskès (r. 969-976) parvient à battre les Russes. Bien qu’il se présente en libérateur, il fait abdiquer le tsar Boris II (r. 969-971) et annexe l’est de la Bulgarie. Entre-temps, le patriarche Damjan (r. v. 944 – v. 972) a déplacé son siège ; un de ses successeurs, Filip (r. v. 1000 – v. 1015) se fixe à Ohrid, qui devient le nouveau centre de l’Empire bulgare.

Sous l’égide de Samuel, qui finit par être couronné tsar en 997, l’ouest de la Bulgarie oppose une résistance farouche à la conquête byzantine, jusqu’à ce que Basile II (r. 976-1025) inflige une défaite écrasante aux Bulgares lors de la bataille de Kleidion (29 juillet 1014). À l’occasion, il fait aveugler les prisonniers bulgares, sauf un sur cent qui est simplement éborgné pour pouvoir guider les autres sur le chemin du retour. L’empereur y gagne son surnom de Bulgaroktónos (tueur de Bulgares). En 1018, la Bulgarie a été conquise et la frontière de l’Empire rétablie sur le Danube. Dans la foulée, les Serbes et les Croates reconnaissent l’autorité de Byzance. Le patriarcat bulgare est supprimé et remplacé par un archevêché dépendant de Constantinople, avec haut clergé grec venu de la capitale.

À la même époque, l’unification de la Géorgie sous le roi Bagrat III (r. 1008-1014) conduit à l’élévation du catholicos en patriarche.

La reconquête byzantine

Cette carte a été élaborée comme support des cours et formations de l’Institut européen en sciences des religions.

Projection Projection conique conforme de Lambert
Parallèles standards 36°N et 44°N
Datum WGS 84
Hydrographie
(côtes, cours d’eau, lacs)
GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)

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La victoire de Constantin 314-324

La victoire de Constantin

À la fin de l’année 313, la situation de l’Empire romain commence à se clarifier. Constantin et Licinius ont vaincu leurs adversaires ce qui a permis de réduire le nombre d’empereurs. Cependant, le nouvel équilibre est délicat.

Les rapports entre les deux empereurs se détériorent. Un premier conflit a lieu en 316-317, suivi d’un bref rabibochage. Au passage, Constantin s’est emparé de la majeure partie des Balkans. En 324, la rupture est définitive. Prenant pour prétexte la reprise des persécutions contre les chrétiens, Constantin envahit le territoire de Licinius. Après sa défaite lors de la bataille de Chrysopolis (18 septembre 324), Licinius est autorisé à vivre en simple particulier. L’année suivante, il fait arrêter et exécuter Licinius pour complot.

Constantin a réussi à rétablir l’unité de l’Empire. L’idée de direction collégiale de l’Empire a vécu, et le principe monarchique est bien établi.

La victoire de Constantin 314-324

 

Cette carte a été élaborée comme support des cours et formations de l’Institut européen en sciences des religions.

Projection Projection azimutale équivalente de Lambert
Centre 40°N, 19°E
Datum WGS 84
Hydrographie
(côtes, cours d’eau, lacs)
GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)
Natural Earth

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Les partages de la Pologne

Les partages de la Pologne

À la fin du XVIIIe s., l’État polono-lituanien est victime de la voracité de ses voisins : la Prusse, la Russie et la monarchie des Habsbourgs. Dans un premier temps, ces trois États en pleine ascension se sont contentés du statu quo qui donnait pratiquement le contrôle du pays à la Russie, mais les victoires répétées de celle-ci contre l’Empire ottoman crée un déséquilibre des puissances à l’Est de l’Europe. À l’instigation de la Prusse, ils décident de procéder à un rééquilibrage en annexant une partie de la Pologne.

La Pologne-Lituanie est alors en proie à l’anarchie. Un groupe anti-russe, la Confédération de Bar, mène une révolte contre le roi Stanislas II Poniatowski (r. 1765-1795), perçu comme une marionnette russe. Prenant pour prétexte l’anarchie qui règne dans le pays, les armées autrichienne, prussienne et russe envahissent la Pologne-Lituanie au début du mois d’août 1772. L’accord de partage est signé le 5 août et ratifié le 22 septembre. Le 18 septembre 1773, la Diète réunie pour l’occasion signe le traité qui cède les régions déjà occupées à la Prusse, la Russie et le monarchie des Habsbourgs.

Le prétexte au deuxième partage est fourni par la constitution de 1791, qui s’efforce de redresser la Pologne-Lituanie en adoptant un mode de gouvernement plus efficace. Considérant que la Pologne a subi les mauvaises influences de la Révolution française, la Russie, à l’instigation d’un groupe de nobles polonais hostiles à la nouvelle constitution, déclare la guerre à la Pologne. Les Polonais doivent reconnaître leur défaite.

La Russie ne souhaitait pas procéder à un nouveau partage, mais la Prusse décide de monnayer son inaction — elle avait signé un traité défensif avec la Pologne en 1790 — et sa participation à la guerre contre la France révolutionnaire. La Prusse et la Russie signent un traité le 23 janvier 1793 prévoyant l’annulation des réformes en cours en Pologne et l’annexion de nouveaux territoire. La Diète accepte les annexions russes le 22 juillet 1793, et les annexions prussienne le 23 (ou 25) septembre 1793.

Devant cette humiliation qui apparaît comme le résultat de la trahison de la noblesse, et galvanisée par les succès de la Révolution française, la population polonaise se soulève. Le mouvement trouve un chef militaire en Tadeusz Kościusko. Malgré des succès initiaux, l’insurrection de Kościusko est écrasée par les forces prussiennes, russes et autrichiennes en novembre 1794.

Le 24 octobre 1795, les trois puissances victorieuses se rencontrent pour définir les modalités d’un dernier partage qui raye la Pologne de la carte.

Une longue lutte pour la restauration d’une Pologne indépendante commence

Les partages de la Pologne

Projection projection conique conforme de Lambert
Parallèles standard 49°20′ N et 55°40′ N
Datum WGS 84
Hydrographie
(côtes, cours d’eau, lacs)
GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)

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Allemagne de 1945 à 1949

L’Allemagne au lendemain de la Seconde Guerre mondiale

Les conférences interalliées, dont la dernière se tient à Potsdam (17 juillet – 2 août 1945), n’ont établi que quelques principes vagues concernant le sort de l’Allemagne, la décision finale revenant à la conférence de paix qui ne s’est pas tenue. Sur le plan intérieur, le pays devait être pacifié par la mise en place d’institutions démocratiques, la dissolution de l’armée et le démantèlement des grands cartels industriels. Les principaux dirigeants nazis seraient jugés à Nuremberg (ville des rassemblements du parti) pour répondre des crimes du nazisme. Comme les Alliés ne reconnaissent pas le gouvernement nazi, l’Allemagne serait gouvernée pas les vainqueurs. L’incapacité des vainqueurs à se mettre d’accord va conduire à une gestion locale, avec la recréation de Länder dans le cadre des zones d’occupation.

Sans surprise, les Alliés décident d’annuler toutes les annexions allemandes de la guerre, mais aussi l’Anschluß et les accords de Munich. Cette volonté de revenir aux frontières de 1937 trouble les projets de Staline, qui entend conserver l’essentiel des territoires annexés en 1939-1940. Le problème vient de la Pologne, qui fait partie de la Grande Alliance. Sa partie orientale est annexée par l’URSS en échange d’une compensation sur les territoires allemands à l’est de la ligne formée par l’Oder et la Neiße. Le port de Stettin est aussi attribué à la Pologne pour permettre à l’URSS d’annexer la région de Königsberg. Ces régions sont placées sous administration provisoire polonaise et soviétique dans l’attente de la conférence de paix. Elles sont annexées en 1945-1946. L’URSS et la Pologne n’auront de cesse de faire reconnaître ces nouvelles frontières.

La progression soviétique avait créé un mouvement de fuite des populations allemandes. L’après-guerre voit la mise en place d’une politique d’expulsion des populations allemandes dans les territoires annexés et des minorités germanophones présentes en Europe centrale et orientale. Les Allemands ne sont pas les seuls touchés : Polonais, Soviétiques, Baltes, Italiens, Hongrois, Roumains, Tchécoslovaques sont eux aussi relocalisés pour mettre fin à la présence de minorités nationales. Au total, on assiste à un mouvement de quelque 20 millions de personnes, dont 12 à 13 millions d’Allemands.

Projection projection conique conforme de Lambert
Parallèles standard 48°30 N et 54°30 N
Datum WGS 84
Hydrographie (côtes, cours d’eau, lacs) GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)

Licence Creative Commons
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Les montagnes monastiques

Les montagnes monastiques

Une des originalités du monachisme de la chrétienté orthodoxe est l’existence de montagnes monastiques, c’est-à-dire d’un ensemble de monastères installés sur une montagne. Ici, la montagne est un substitut aux déserts où se retirèrent les pères fondateurs du monachisme et de l’érémitisme. Aujourd’hui, seuls subsistent les Météores et le mont Athos, tous deux en Grèce, mais le phénomène a été bien plus important au Moyen Âge. Systématiquement, ces montagnes ont été le lieu de retraite d’ermites ; la popularité de ceux-ci a conduit à la construction de monastères pour leurs disciples, jusqu’au développement d’un nouveau modèle de laure, un établissement qui combine monastère cénobitique, avec quelques ermitages dépendants pour les moines prêts à se retirer plus encore du monde.

Les deux plus anciennes montagnes sont le mont Saint-Auxence et l’Olympe de Bithynie, où des ermites sont attestés respectivement aux Ve et VIe siècles. Pendant la crise iconoclaste (730-787 et 814-843), ce sont des bastions de la vénération des images. Le mont Saint-Auxence est mentionné une dernière fois à la fin du XIIIe siècle, les derniers monastères de l’Olympe de Bithynie sont attestés au XIVe siècle.

Les IXe-XIe siècles voient un renouveau de ces montagnes monastiques. La moins connue (jusqu’à sa localisation exacte) est le mont Kyminas, qui a eu l’existence la plus brève : les premiers moines sont attestés au milieu du IXe s., et les mentions disparaissent à la fin du Xe siècle. La tradition veut que le Latros ait abrité des moines fuyant les invasions arabo-musulmanes au VIIe s., mais l’activité monastique n’y est véritablement attestée qu’à la fin du VIIIe s. et ne cesse de croître… et périclite à la fin du XIIIe siècle. C’est à la fin du Xe s. qu’est fondée la plus prestigieuse de ces montagnes monastiques, au point qu’on la qualifie de sainte montagne : le mont Athos. Peu après, au début du XIe s., le mont Galèsion commence à accueillir ses premiers ermites. Au XIIIe s., il semble ne plus y avoir qu’un monastère du Galèsion, qui connaît un certain rayonnement. Le Galèsion cesse toute activité avec la conquête turque au XIVe siècle.

La dernière de ces fondations a lieu au début du XIVe siècle : les Météores, dont le développement a été aidé par l’arrivée de moines de l’Athos fuyant les raids des pirates turcs dont les monastères athonites étaient victimes dans la deuxième moitié du XIVe siècle.

montagne monastiques de la chrétienté orthodoxe

Cette carte a été élaborée comme support des cours du soir de l’Institut européen en sciences des religions.

Projection Transverse universelle de Mercator, fuseau 35 nord
Datum WGS 84
Topographie ETOPO1
Hydrographie (côtes, cours d’eau, lacs) GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)

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Naissance des États pontificaux

L’intervention franque en Italie

Au milieu du VIIIe s., la papauté est en difficulté. En condamnant l’iconoclasme, Grégoire II (r. 715-731) et Grégoire III (r. 731-741) s’aliènent les empereurs byzantins qui en sont les promoteurs. À cette époque, la conquête lombarde connaît une nouvelle accélération ; une étape décisive est franchie avec la conquête de l’exarchat de Ravenne en 751 (si vous avez raté cet épisode, allez-voir cette carte).

Alors que le roi des Lombards, Aistulf (r. 749-756), tourne son attention vers Rome, la papauté se tourne vers les Francs, avec lesquels elle noue une alliance solide et durable. Le pape Zacharie (r. 741-752) délie les Francs de leur serment, ce qui permet à Pépin le Bref, maire du palais, de devenir roi des Francs (r. 751-768). En 754, son successeur, Étienne II (r. 752-759) se rend à Saint-Denis, oint Pépin et sa famille (action considérée a posteriori comme le premier sacre) et signe un traité d’alliance par lequel Pépin s’engage à lui remettre les territoires récemment conquis par les Lombards (première donation de Pépin).

À l’issue d’une première campagne, Aistulf s’engage à restituer les territoires en question. À peine Pépin a-t-il franchi les Alpes que les Lombards assiègent Rome. En 756, Pépin mène une nouvelle campagne contre les Lombards. La victoire franque donne lieu à une nouvelle donation mais, cette fois, Pépin veille à la remise effective des villes.

Le problème lombard est définitivement réglé par Charlemagne (r. 768-814), qui conquiert purement et simplement le royaume des Lombards en 774. À cette occasion, il renouvelle les donations de Pépin. Par la suite, il procède à de nouvelles donations.

Avec les donations des rois francs, le pape devient un souverain temporel qui est définitivement sorti de l’orbite de l’Empire byzantin. Malgré de nombreuses vicissitudes, les États pontificaux traversent le temps jusqu’à la conquête de Rome par l’Italie en 1870. Le couronnement impérial de Charlemagne en 800 marque l’apogée de l’alliance entre la papauté et les rois francs, mais il met aussi en évidence son ambiguïté : Charlemagne va y chercher un renforcement de son pouvoir en lui donnant un caractère sacré, tandis que la papauté désigne son bras armé et le défenseur de l’Église.

Cette carte a été élaborée comme support des cours sur l’histoire du christianisme et des formations sur l’orthodoxie à l’Institut européen en sciences des religions.

Projection projection conique conforme de Lambert
Parallèles standard 38°40 N et 45°20 N
Datum WGS 84
Hydrographie (côtes, cours d’eau, lacs) GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)

Licence Creative Commons
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Conversion Europe orientale

La conversion de l’Europe orientale

À partir du IXe s., on observe un renouveau de l’effort missionnaire chrétien. Si dans l’ouest des Balkans, la progression du christianisme est le résultat d’une lente diffusion à partir des régions christianisées, ailleurs, cet effort vient en grande partie de la volonté des souverains d’Europe orientale d’entrer dans la Chrétienté. Pour les dirigeants de ces États en constitution, le christianisme apparaît aussi comme un moyen de renforcement de leur autorité. Du côté des États chrétiens, la conversion des voisins est un moyen pour étendre son influence et pour établir des relations pacifique — ils partent du principe que des chrétiens ne feront pas la guerre à leurs correligionnaires.

Lorsque le duc de Grande Moravie Ratislav (r. 846-870) fait appel au patriarche de Constantinople, il a deux objectifs : consolider le christianisme dans un pays en cours de conversion, et contrecarrer  l’influence du clergé franc venu de Germanie. Les frères Constantin (qui deviendra moine sous le nom de Cyrille) et Michel (moine sous le nom de Méthode) ont une action décisive en décidant de traduire en slavon la liturgie et les textes sacrés — en élaborant au passage un alphabet prenant en compte les spécificités de cette langue. Cependant, leur mission est captée par la papauté… et réduite à néant par Svatopluk (r. 870-894), qui chasse les disciples de Cyrille et Méthode.

La Bulgarie donne lieu à un accrochage plus grave entre les chrétientés latine et byzantine. Pour l’Empire byzantin, convertir les Bulgares est l’espoir de mettre fin à l’état de guerre quasi-permanent avec ces voisins particulièrement redoutables. De son côté, le khan Boris (r. 852-889) envisage l’adoption du christianisme dans le cadre du renforcement de son autorité : il ne s’agit donc pas de mettre en place une Église qui serait contrôlée par le patriarche de Constantinople. Le khan fait donc jouer la concurrence. Missionnaires latins et byzantins ont donc l’occasion de comparer leurs pratiques et de dénoncer leurs différences (pains azymes ou avec levain, mariage des prêtres, Filioque…) comme autant de déviances de l’orthodoxie, le tout envenimé par le conflit entre le pape Nicolas Ier (r. 858-867) et le patriarche Phôtios (r. 858-867 et 877-886). Finalement, Boris choisi Constantinople et se fait baptiser sous le nom de Mihail (Michel) : l’Église bulgare sera autocéphale (autonome) sous l’autorité théorique du patriarche. L’arrivée en Bulgarie des disciples de Cyrille et Méthode permet la consolidation de cette Église particulière, avec expulsion du clergé grec.

Dans l’ensemble, ce mouvement de conversion a plutôt bénéficié à l’Église latine. La plus belle réussie du patriarcat de Constantinople reste la conversion des Russes, ce qui garantit une alliance solide avec la grande puissance d’Europe de l’Est. Jusqu’au XVe s., la métropole de Kiev, malgré les velléités d’indépendance, est parfaitement tenue en mains par le patriarcat.

Conversion Europe orientale

 

Cette carte a été élaborée comme support des cours sur l’histoire du christianisme et des formations sur l’orthodoxie à l’Institut européen en sciences des religions.

Projection projection azimutale équivalente de Lambert
Centre 40° N et 19° E
Datum WGS 84
Topographie (ombrage) ETOPO1
Hydrographie (côtes, cours d’eau, lacs) GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)
Natural Earth

Licence Creative Commons
Cette œuvre est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution – Pas d’Utilisation Commerciale – Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.

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Carte de l'Italie lombarde 568-752

La conquête lombarde

Carte de l'Italie lombarde 568-752L’objectif de cette carte est de montrer la conquête progressive de l’Italie par les Lombards. Elle présente de nombreuses difficultés : marquer les grandes étapes de cette conquêtes, représenter la rétraction d’Empire byzantin et sa progression, sans compter, en périphérie, l’arrivée d’un nouveau venu avec le Califat.

Je ne suis pas sûr du résultat. Il aurait probablement fallu faire deux cartes. Cette carte est en position très élevée dans la liste des cartes à reprendre !

Logiciels utilisés : QGIS pour la conception de la carte, Illustrator pour la mise en forme.

Projection : projection conique conforme de Lambert ; parallèles standard : 38°40 N et 45°20 N.

Côtes, lacs et cours d’eau : GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)

La conquête du Royaume ostrogoth est un des grands succès du règne de Justinien (r. 527-565). Cependant, ce succès est illusoire : en 568, quinze ans après la fin de la Guerre gothique, un autre peuple germanique venu d’Europe centrale, les Lombards, submerge les maigres défenses byzantines et se répand dans la péninsule italienne. Sous la conduite du roi Alboïn (r. v. 560-572), ils s’emparent facilement de l’Italie du Nord, à laquelle ils laissent leur nom, tandis que d’autres groupes créent des duchés pratiquement indépendants autour de Spolète et Bénévent.

Après des troubles internes qui font marquer le pas à la conquête, l’expansion reprend sous le règne d’Agiluf (r. 591-616). Les Lombards cherchent à refaire l’unité de la péninsule à leur profit, mais progressent lentement. Trop occupé sur ses frontières orientales et balkaniques, l’Empire byzantin perd pied en Italie. L’exarchat de Ravenne a été divisé en duchés ; la difficulté des communications et la faiblesse des moyens engagés par l’Empire conduisent certains duchés, notamment ceux de Venise, Rome et Naples, à agir en États indépendants de fait.

La conquête lombarde franchit une étape décisive sous le règne du roi Aistulf (r. 749-756) avec la prise de Ravenne et la liquidation de l’exarchat en 751. Seuls le duché de Rome et le pape font obstacle au projet d’unification engagé par le roi des Lombards. Le pape n’entend pas passer sous domination lombarde, mais les moyens à sa disposition sont bien maigres.

Pour mettre fin à ce suspens insoutenable, allez voir cette carte.

Cette carte a été élaborée comme support des cours sur l’histoire du christianisme et des formations sur l’orthodoxie à l’Institut d’étude des religions et de la laïcité.

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