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Les conquêtes de Clovis

Le Royaume des Francs sous Clovis

Les conquêtes de ClovisLa carte du Royaume des Francs sous Clovis se trouve aisément sous diverses formes.

Ces cartes se concentrent surtout sur l’expansion territoriale franque. Je voulais indiquer aussi les évolutions des royaumes voisins. Comme souvent, j’ai choisi un système de contours pour indiquer la situation de départ, ce qui fait ressortir la situation finale.

J’ai ajouté les lieux (et dates) des trois batailles majeures qui rythment cette conquête : Soissons, Tolbiac et Vouillé. Et comme j’ai conçu cette carte pour mes cours sur l’histoire du christianisme, j’ai aussi marqué Reims, lieu du baptême de Clovis.

Logiciels utilisés : QGIS pour la conception de la carte, Illustrator pour la mise en forme.

Projection : projection azimutale équivalente de Lambert. Centre : 48°N x 5°E.

Côtes, lacs et cours d’eau : GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database).


Clovis peut être considéré comme le fondateur du Royaume des Francs. À son avènement en 481, il n’est qu’un chef parmi d’autres mais, en quelques années, il parvient à établir un royaume puissant et assurer la transmission du pouvoir à sa famille.

La Gaule est en pleine recomposition après la disparition de l’Empire romain en Occident (476). Au sud du territoire de Clovis se trouve une région qui tente de préserver les structures de l’Empire romain, sous l’autorité de Syagrius (le « Royaume de Soissons »). Celui-ci subit une défaite sévère lors de la bataille de Soissons (486), ce qui permet à Clovis de mettre ma main sur la Gaule au nord de la Loire.

Quelques années plus tard, les Alamans envahissent le domaine franc. Certains chefs se rallient à eux. Clovis remporte une victoire décisive lors de la bataille de Tolbiac (496 ou 506). Dans les années qui suivent, il consolide son emprise sur la Rhénanie.

La bataille de Tolbiac est à l’origine d’un autre épisode important du règne de Clovis. Le récit traditionnel, inspiré de la conversion de Constantin, Clovis, en difficulté, décide de s’en remettre au dieu chrétien. Après la victoire, il est baptisé à Reims par Remi. D’après les chroniqueurs francs, l’huile de l’onction post-baptismale est apportée miraculeusement par une colombe. Par la suite, cette onction post-baptismale est transformée est onction royale. L’originalité de Clovis ne vient pas de sa conversion, puisque les chefs barbares se convertissent progressivement. Les autres barbares choisissent l’hérésie arienne, ce qui permet de les distinguer des populations romanisées sous leur autorité. Clovis, lui, choisit le christianisme nicéen, qui est celui de ses sujets gallo-romains. Dès lors, il peut compter sur le soutien de l’Église et des élites locales.

Par la suite, le Royaume des Francs est suffisamment fort pour s’attaque au Royaume des Visigoths. Après la victoire de Vouillé (507), les Francs s’emparent de l’essentiel de l’Aquitaine.


Cette carte a été élaborée comme support des cours et formations de l’Institut d’étude des religions et de la laïcité.

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Les rééquilibrages entre empereurs 311-313

La recomposition de l’Empire

Ce que craignait Dioclétien — et qui l’avait conduit à mettre en place la Tétrarchie — est arrivé : l’Empire est divisé de fait entre plusieurs empereurs concurrents. Tous portent le titre d’auguste : deux par nomination dans le cadre du système (Galère et Licinius), trois par auto-proclamation (Constantin, Maxence et Maximin Daïa, qui n’entend pas rester le seul césar). Une fois de plus, l’affaire se résout par la guerre civile.

La mort de Galère (311) montre que l’unité de l’Empire a vécu : il n’y a ni promotion — de toute façon, il n’y a pas de césar à promouvoir — ni nomination de nouveau césar. Maximin Daïa et Licinius s’empressent de se partager le territoire de leur ex-collègue.

À l’ouest, les tensions croissantes entre Constantin et Maxence conduisent à un conflit ouvert. En 312, Constantin envahit l’Italie et inflige une série de défaites à Maxence, qui se noie dans le Tibre lors de la retraite qui suit la bataille du Pont Milvius (28 octobre 312). Surtout, dans l’historiographie chrétienne, la victoire a été accordée par le Dieu des chrétiens à Constantin, qui a accepté de s’en remettre à lui à la suite d’un présage.

En février 313, Constantin et Licinius scelle une alliance à Mediolanum (auj. Milan). Ils en profitent pour promulguer un édit autorisant les chrétiens à exercer leur culte, ce qui met fin de jure aux persécutions, du moins dans leur domaine. Quelques mois avant sa mort, Galère avait aussi promulgué un édit de tolérance, mais à la portée limitée puisque Maximin Daïa avait choisi de poursuivre les persécutions.

Peu après, Licinius bat Maximin Daïa lors de la bataille de Tzirallum (30 avril 313) et s’empare de tout l’Orient.

Les rééquilibrages entre empereurs 311-313

Cette carte a été élaborée comme support des cours et formations de l’Institut européen en sciences des religions.

Projection Projection azimutale équivalente de Lambert
Centre 40°N, 19°E
Datum WGS 84
Hydrographie
(côtes, cours d’eau, lacs)
GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)
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La Tétrarchie 308-311

L’effondrement de la Tétrarchie

Devant le chaos qui règne après la mort de Constance Chlore, Galère, comme empereur principal, tente de remettre la Tétrarchie sur les rails et mettre fin à la guerre civile qui s’annonce. À la fin de l’année 308, il se réunit avec Dioclétien, sorti de sa retraite, et Maximien à Carnuntum. Un nouvel auguste, Licinius, est nommé en Occident. Les démonstrations de fidélité de Constantin paient : il est nommé césar de Licinius. Maxence est déclaré usurpateur et sommé de renoncer au pouvoir. Maximien reçoit l’ordre de regagner sa retraite.

La conférence est un échec. Maxence refuse de se retirer. Les effets de la rupture avec son père, Maximien, commencent à se faire sentir. Les troupes stationnées en Afrique refusent de le suivre et proclament empereur Domitius Alexander, chargé des provinces africaines. La révolte est réduite et la région reprise par Maxence entre 309 et 311.

L’événement pousse probablement Maximien à s’enhardir  et à surestimer sa popularité auprès des légions. Au début de l’année 310, alors que Constantin est en campagne sur le Rhin, Maximien se révolte contre celui qui l’a recueilli… mais les légions ne le suivent pas. Rattrapé par Constantin, il est poussé au suicide.

La Tétrarchie 308-311

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Projection Projection azimutale équivalente de Lambert
Centre 40°N, 19°E
Datum WGS 84
Hydrographie
(côtes, cours d’eau, lacs)
GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)
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L'enrayement de la Tétrarchie

L’enrayement de la Tétrarchie

En mettant en place la Tétrarchie, Dioclétien (r. 284-305) a voulu mettre fin aux désordres qui touchaient l’Empire depuis des décennies. Son long règne semble prouver qu’il a réussi son pari. Cependant, le système doit tenir dans la durée.

En 305, après 20 ans de règne, Dioclétien abdique — et devient le premier empereur romain à volontairement quitter le pouvoir. C’est l’occasion d’organiser la transmission du pouvoir impérial dans le nouveau système. Il contraint son collègue Maximien à faire de même. Logiquement, les deux césars, Galère et Constance Chlore, sont promus auguste.

La désignation des nouveaux césars montre les principes généraux de la Tétrarchie, mais aussi ses faiblesses. Alors que le principe de transmission héréditaire est bien ancré, Dioclétien souhaite que la direction de l’Empire soit une charge à durée limitée exercée en fonction de la compétence. La nomination des césars surprend tout le monde : bien que préparés à exercer le pouvoir, les fils adultes de Maximien et Constance Chlore, Maxence et Constantin, sont laissés de côté au profit de Maximin Daïa (en Orient, pour seconder Galère) et Sévère (en Occident, pour seconder Constance Chlore).

La mort de Constance Chlore l’année suivante va rebattre les cartes… En toute logique, Sévère devrait être promu auguste, mais les légions de Constance Chlore proclament Constantin empereur (25 juillet 306) à Eboracum (auj. York). Sévère est promu auguste peu après, mais doit faire face à Maxence, qui est proclamé empereur à Rome par les légions restées fidèles à Maximien, qui sort de se retraite forcée pour rejoindre son fils.

Sévère, installé à Mediolanum (auj. Milan), tente de mettre Maxence au pas, mais il est battu, fait prisonnier et exécuté. Peu après, Galère échoue à son tour à soumettre Maxence. La position de l’empereur rebelle est suffisamment solide pour que ses légions refusent de suivre Maximien quand il tente de renverser son fils. L’ex empereur trouve alors refuge chez Constantin.

L’idée d’un gouvernement de l’Empire par la concorde entre quatre empereurs a vécu.

L'enrayement de la Tétrarchie

 

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Projection Projection azimutale équivalente de Lambert
Centre 40°N, 19°E
Datum WGS 84
Hydrographie
(côtes, cours d’eau, lacs)
GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)
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Le système tétrarchique 293-305

Dioclétien et la Tétrarchie

Dioclétien (r. 284-305) tente de mettre fin aux désordres qui troublaient l’Empire romain depuis plusieurs décennies et que l’on appelle parfois la « crise du IIIe siècle ». Parmi les nombreuses réformes qu’il met en œuvre, une réorganisation du pouvoir impérial appelée Tétrarchie — du grec tetrarchía, (τετραρχία) gouvernement des quatre.

Dans un Empire centralisé très vaste où les problèmes sont variés et se produisent sur tout le territoire, l’empereur doit voler d’une province à l’autre, ce qui est impossible et avait favorisé les usurpations locales. En 285, Dioclétien nomme un co-empereur pour l’aider dans la direction de l’Empire : Maximien, chargé de gouverner les provinces occidentales. Il ne s’agit pas de diviser l’Empire, mais de régionaliser l’autorité des empereurs. Pour marquer le rapport de subordination entre les deux, Dioclétien prend le titre d’auguste et donne celui de césar à Maximien. En 286, Maximien devient auguste et égale Dioclétien en titulature, même si ce dernier garde l’ascendant.

En 293, Dioclétien complète le système en nommant deux césars pour seconder chaque auguste : Galère en Orient et Constance Chlore en Occident. La tétrarchie est en place et va fonctionner pendant une dizaine d’années…

Le système tétrarchique 293-305

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Projection Projection azimutale équivalente de Lambert
Centre 40°N, 19°E
Datum WGS 84
Hydrographie
(côtes, cours d’eau, lacs)
GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)
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Église russe 1939-1953

Le retour du patriarcat de Moscou

L’importante contribution à la victoire des Alliés pendant la Seconde Guerre mondiale a permis à l’URSS de devenir une puissance de premier plan. Le changement d’attitude des autorités soviétiques à l’égard de l’Église orthodoxe russe a aussi permis un retour du patriarcat de Moscou, affaibli après la révolution russe. L’effort de mobilisation de la population s’est traduit par la fin des persécutions religieuses (du moment que les autorités religieuses n’appellent pas à des activités anti-soviétiques), avec notamment la reconnaissance de l’autocéphalie de l’Église géorgienne.

Sur un plan plus concret, le régime soviétique entend utiliser l’orthodoxie pour éviter que la religion ne devienne une source de contestation. Après l’annexion des pays baltes en 1940, l’URSS interdit les Églises locales rattachées au patriarcat de Constantinople et rétablit l’autorité du patriarcat de Moscou à travers un exarchat balte, dont l’autonomie de façade est supprimée lors de la reconquête de la région en 1944. Lors de l’effondrement de l’URSS, cela crée un conflit de juridiction en Estonie, dont le gouvernement autorise la réinstallation de l’Église orthodoxe rattachée à Constantinople et qui ne peut être soupçonnée de favoriser l’influence russe dans le pays.

La situation en Ukraine pendant l’occupation allemande montre bien les enjeux de cette question. Les Allemands ont mis en place un Commissariat du Reich (Reichskommissariat Ukraine) qui n’a pas pour objectif la création d’une Ukraine indépendante, mais la préparation de la colonisation allemande de la région. Du coup, ils passent à côté des problèmes religieux des Ukrainiens. Coupée de Moscou par l’invasion, la hiérarchie dépendant du patriarcat de Moscou s’organise localement dans l’esprit du précédent de 1920. On assiste aussi à une réinstallation de l’Église autocéphale ukrainienne avec l’aide de l’Église orthodoxe polonaise, et même à un rapprochement des deux hiérarchies ukrainiennes concurrentes. La reconquête de l’Ukraine par l’Armée rouge rétablit l’autorité du patriarcat de Moscou.

À la fin de la guerre, l’URSS fait du patriarcat de Moscou la seule autorité religieuse légitime du pays — sauf en Géorgie, où l’Église géorgienne a été autorisée en 1943 — ce qui entraîne des frictions avec l’Église roumaine, qui a étendu son autorité sur la Bessarabie (la République socialiste soviétique moldave pour l’URSS) pendant l’Entre-deux-guerres. On retrouve la politique menée lors de l’expansion de l’Empire russe, en particulier à l’égard des Églises dites uniates, qui sont contraintes de réunir des synodes de retour à l’Église orthodoxe, et ne survivent que dans la clandestinité et la diaspora. Cette politique est étendue à toute la zone d’influence soviétique : seules la Hongrie et la Yougoslavie laissent exister ces Églises. Néanmoins, l’URSS limite l’influence du patriarcat de Moscou à ses frontières : les orthodoxes de Tchécoslovaquie sont ainsi regroupé dans une Église spécifique, dont l’autocéphalie est proclamée par le patriarche de Moscou en 1951 ; elle n’est reconnue par Constantinople qu’en 1998.

On observe aussi une baisse des tensions au sein du monde orthodoxe : en 1945, la réconciliation entre le patriarcat de Constantinople et l’Église bulgare met fin au schisme bulgare qui dure depuis 1872 et permet la restauration du patriarcat de Bulgarie.

Église russe 1939-1953

Cette carte a été élaborée comme support des cours et formations de l’Institut européen en sciences des religions.

Projection projection azimutale équivalente de Lambert
Centre 51°N et 35°E
Datum WGS 84
Hydrographie (côtes, cours d’eau, lacs) GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)
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Église russe 1914-1939

Les Églises orthodoxes dans l’Entre-deux-guerres

Pendant l’Entre-deux-guerres, l’orthodoxie et les Églises orthodoxes ont connu de profondes réorganisations. La Première Guerre mondiale s’est achevée dans d’importants troubles liés à l’effondrement des grands empires multinationaux (Russie, Autriche-Hongrie, Empire ottoman), qui laissent place à des États-nations. La conception qui lie autocéphalie et souveraineté complète, est toujours à l’œuvre. Cette fois-ci, c’est l’Église russe qui perd le plus, avec une tentative du patriarcat de Constantinople pour reprendre la main.

Dans les Balkans, le processus qui a commencé un siècle auparavant s’achève. L’Église autocéphale albanaise est constitué en 1922. Depuis la fin du XIXe s., les orthodoxes albanais s’efforcent de créer une expression albanaise de l’orthodoxie pour qu’on cesse d’assimiler orthodoxes et Grecs, dans un contexte où l’Albanie indépendante doit faire face à l’irrédentisme grec et à la présence d’une importante minorité grecque dans le sud du pays. Le patriarcat de Constantinople reconnaît cette autocéphalie en 1937.

La création du Royaume des Serbes, Croates et Slovènes (qui devient Yougoslavie en 1929) permet l’extension de l’influence de l’Église serbe. En 1920, elle absorbe le patriarcat de Karlowitz (Carlovci), créé en 1848 par l’Autriche pour superviser l’Église serbe présente dans l’empire des Habsbourgs. Le métropolite de Belgrade prend alors le titre de patriarche serbe.

Dans le même ordre d’idées, le métropolite de Bucarest est élevé à la dignité de patriarche en 1925. En revanche, la situation de l’Église bulgare ne change pas du fait de la brouille entre l’exarque bulgare et le patriarche de Constantinople.

Les bouleversements les plus importants se produisent dans l’Église russe. À l’occasion de la révolution, l’Église russe procède à l’élection d’un patriarche, ce qui ne s’était pas produit depuis 1700, lorsque Pierre le Grand avait interdit qu’on élise un nouveau patriarche. La guerre civile (1918-1921) et l’offensive anti-religieuse du nouveau pouvoir conduisent le patriarche Tikhon (r. 1917-1925) à prendre une décision fondamentale. Le 7 novembre 1920, il autorise les évêques coupés du patriarcat à prendre localement les mesures nécessaires au bon fonctionnement de leur Église en attendant la normalisation de la situation. Cela conduit certaines Églises situées sur le territoire russe en 1914, mais en dehors de la Russie soviétique, à s’organiser en Églises autonomes. Les Églises finlandaise, estonienne et lettonne choisissent de se rattacher au patriarcat de Constantinople en échange du maintien de leurs traditions. C’est l’origine du conflit de juridiction sur l’Estonie qui a opposé Constantinople et Moscou et entraîné une brève rupture en 1996.

L’Église orthodoxe polonaise obtient l’autocéphalie en 1924. C’est un élément important pour le bon fonctionnement de l’Église, dans un contexte où l’État polonais restauré prend le contre-pied de la politique menée lors de la domination russe en soutenant le catholicisme, y compris l’Église grecque catholique, qui connaît un renouveau, et où les orthodoxes appartiennent surtout aux minorités nationales (Biélorusses et Ukrainiens) de l’Est du pays. Dans le tómos (décret) qui accorde l’autocéphale à l’Église orthodoxe polonaise (13 novembre 1924), le patriarche de Constantinople, Grégoire VII, développe une argumentation qui a des conséquences à long terme. Il rappelle d’abord que la tradition de l’Église orthodoxe est que l’Église s’adapte aux réalités politiques et administratives de son temps. Surtout, il affirme que la métropole de Kiev (dont est issue la métropole de Pologne) a été séparée du patriarcat de Constantinople contrairement au droit canon. Cet argument est repris lors dans le tómos accordant l’autocéphalie à l’Église ukrainienne (5 janvier 2019).

La diaspora russe organise l’Église orthodoxe russe hors frontières, qui s’installe en Yougoslavie, dans les bâtiments libérés par le patriarche serbe de Karlovci. Cette structure, qui répond au départ aux nécessités d’organisations évoquées par le patriarche Tikhon, se montre très critique du régime soviétique ; elle rompt avec le patriarcat de Moscou lorsque celui-ci décide de se soumettre aux autorités soviétiques (1925).

D’autres Églises n’ont pas eu le même succès. La tentative d’indépendance de l’Ukraine, qui se solde par une reprise en main par les Soviétiques après une terrible guerre civile (1918-1921), s’accompagne de la création d’une Église autocéphale ukrainienne, qui existe parallèlement à l’exarchat d’Ukraine mis en place par le patriarcat de Moscou pour accorder une forme d’autonomie à l’Église ukrainienne. Avec la victoire des communistes, et la création de l’URSS, dont l’Ukraine est une république fondatrice, le nouveau pouvoir favorise le patriarcat de Moscou et finit par dissoudre l’Église autocéphale ukrainienne, qui survit en partie dans la diaspora et se réinstalle en Ukraine avec la fin de l’URSS.

L’Église géorgienne tente de restaurer son indépendance perdue lors de la conquête russe du Caucase. Ici aussi, lorsque l’Armée rouge conquiert la Transcaucasie pour y établir un régime soviétique, l’Église géorgienne est dissoute, mais elle parvient à survivre dans la clandestinité avan d’être reconnue par les autorités soviétiques (et le patriarcat de Moscou) en 1943.

Église russe 1914-1939

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Projection projection azimutale équivalente de Lambert
Centre 51°N et 35°E
Datum WGS 84
Hydrographie (côtes, cours d’eau, lacs) GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)
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Patriarcat Moscou 1813-1914

Nationalités et autocéphalie au XIXe s.

Au XIXe s., le monde orthodoxe prend un nouveau visage avec la montée en puissance des nationalités. Dès la création du patriarcat bulgare au Moyen Âge, l’autocéphalie est devenue un élément de souveraineté. L’essor des États-nation tend à créer des Églises nationales, ce qui est en contradiction avec le principe de territorialité sur lequel est fondé l’orthodoxie — c’est -à-dire que le fidèle doit relever d’une Église en fonction du lieu où il se trouve et non selon sa nationalité. Cela crée des situations complexes en diaspora, où les Églises autocéphales ont mis en place des structures parallèles qui coexistent sur le même territoire : le fidèle ne relève pas de l’évêque orthodoxe du lieu (puisqu’il y en a plusieurs), mais de telle ou telle Église autocéphale en fonction de son pays d’origine (patriarcat de Constantinople pour les Grecs, patriarcat de Moscou pour les Russes, patriarcat serbe pour les pays de l’ex-Yougoslavie, etc.).

Au cours du XIXe s., la déprise de l’Empire ottoman dans les Balkans se traduit aussi par une rétraction du patriarcat de Constantinople. En effet, les nations de la région se construisent politiquement contre l’Empire ottoman, et religieusement contre le patriarcat de Constantinople, perçu comme trop proche du pouvoir. Dans un monde où l’Église et l’État sont liés, il ne peut y avoir d’indépendance nationale sans indépendance spirituelle.

Une crise importante a lieu en 1872 : l’Empire ottoman essaie d’enrayer la montée du nationalisme bulgare par la création d’un exarchat bulgare, installé à Constantinople, et qui proclame son indépendance vis-à-vis du patriarcat de Constantinople. Le patriarche refuse de voir une partie de son ressort lui échapper sur une base nationale (et non du fait d’une indépendance qu’il faut admettre) et réunit un synode qui condamne le phylétisme (qu’on pourrait traduire par nationalisme religieux), c’est-à-dire que l’Église ne saurait être confondue avec une nation ou un peuple. Ce faisant, le synode pose les bases d’un problème fondamental de l’orthodoxie à l’époque contemporaine.

Le schisme entre l’Église bulgare et le patriarcat de Constantinople n’est réduit qu’après la Seconde Guerre mondiale…

Patriarcat Moscou 1813-1914

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Projection projection azimutale équivalente de Lambert
Centre 51°N et 35°E
Datum WGS 84
Hydrographie (côtes, cours d’eau, lacs) GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)
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Église russe 1589-1839

L’expansion du patriarcat de Moscou

L’autocéphalie de la métropole de Moscou a entraîné la division de l’Église russe. Le patriarche de Constantinople a en effet réinstallé un métropolite de Kiev qui a autorité sur les orthodoxes de l’État de Pologne-Lituanie. L’extension progressive de la Russie laisse les deux pays face-à-face pour le contrôle de l’Europe orientale, ce qui a aussi des effets sur un plan religieux.

À la fin du XVIe s., les orthodoxes de la Pologne-Lituanie se trouvent dans un pays dont le souverain, catholique, se perçoit comme le promoteur de la Réforme catholique en Europe orientale. Sur un plan plus politique, leur foi les rend suspects d’accointances avec la Russie. Lors d’un synode à Brześć (auj. Brèst) en 1590, le métropolite de Kiev, Michał Rahoza (biélorusse Mihal Rahoza, ukrainien Mihajlo Rohoza), et ses évêques signent une déclaration sollicitant une union avec l’Église romaine : ils acceptent de reconnaître l’autorité du pape et la théologie latine (Filioque, purgatoire) en échange du maintien de leur liturgie, leur droit canon et leurs traditions. Le pape Clément VIII (r. 1592-1605) accepte, et l’union est formellement proclamée en 1595. L’Église est dite uniate parce qu’elle est unie à Rome — adjectif abandonné car utilisé de manière péjorative par les orthodoxes — et ruthène car c’est la translitération du latin Ruthenus, qui signifie russe.

La même logique d’union par petites touches se retrouve dans les territoires des Habsbourgs, où plusieurs Églises orthodoxes se rallient à l’Église romaine. Les Habsbourgs ne se limitent pas à la stratégie d’union : ils mettent en place une métropole serbe. Lors de la Grande Guerre turque (1683-1699), les troupes des Habsbourgs ont franchi le Danube, ce qui a conduit à un soulèvement des Serbes. Avec la fin de la rébellion, nombre d’entre eux, conduits par le patriarche Arsenije III, se réfugient dans les territoires des Habsbourgs. L’empereur Léopold Ier (r. 1658-1705) reconnaît Arsenije III comme le chef spirituel des Serbes dans ses États. Après la mort d’Arsenije en 1706, l’empereur Joseph Ier (r. 1705-1711) décide d’abolir le titre patriarcal et crée la métropole de Karlowitz comme siège de l’Église serbe dans la monarchie des Habsbourgs.

L’expansion de la Russie entraîne l’extension du ressort du patriarcat de Moscou. La conquête de Kiev (1667) est un événement majeur. Pour Moscou, la possession de la capitale du premier État russe est une étape importante dans le « rassemblement des terres russes ». Kiev est aussi le berceau du christianisme en Russie. Dans un premier temps, le métropolite orthodoxe réinstallé par le patriarche de Constantinople après l’union de Brest se réfugie à Czehryń (auj. Čyhyryn) en 1657. Voyant que le patriarche de Moscou est décidé à prendre en charge la métropole de Kiev (il nomme un métropolite en 1685), le patriarche se résout à trouver un terrain d’entente.

Dans une lettre de 1686, le patriarche de Constantinople confie au patriarche de Moscou l’intronisation du métropolite de Kiev, à condition que l’Église continue de commémorer le patriarche de Constantinople et que le métropolite soit élu par le clergé de la métropole. Ce document est au cœur de la crise actuelle entre les deux patriarcats. Moscou considère qu’il s’agit d’un transfert pur et simple, et que la métropole de Kiev relève du patriarcat de Moscou, ce qui permet l’unité de l’Église russe. Constantinople y voit au contraire un expédient, une « économie* » : le patriarche de Constantinople n’a pas la capacité de s’opposer à la prise en charge par Moscou, donc il vaut mieux s’y résoudre plutôt que de créer plus de troubles.

Comme cela avait été le cas avec l’Empire byzantin, les conquêtes russes se traduisent par une absorption des autres Églises. Au début du XIXe s., la conquête du Caucase entraîne la disparition des Églises géorgiennes. Le particularisme de l’Église géorgienne est formellement pris en compte par la création d’un exarchat au sein du patriarcat de Moscou… mais l’exarque et le haut clergé sont russes et ignorent tout de la Géorgie.

À l’ouest, le dépeçage de la Pologne produit des effets contrastés sur l’Église ruthène. Dans la partie autrichienne, elle est consolidée par la création d’une métropole à Lemberg (auj. Lviv) et la restructuration en Église grecque catholique : grecque de par sa tradition byzantine, catholique par son rattachement à Rome — l’expression grecque catholique a d’ailleurs finit par remplacer le terme uniate. En revanche, dans la partie russe, elle subit la pression des autorités, jusqu’à la réunion d’un synode à Polotsk (1839), où une partie du clergé de l’Église ruthène rejette l’union avec Rome et proclame son retour à l’orthodoxie dans le giron du patriarcat de Moscou. Une partie rejette l’accord et tente de faire survivre l’Église ruthène, dont tous les biens ont été transférés à l’Église orthodoxe russe, dans la clandestinité.

* l’économie, du grec oikonomía (οἰκονομία), désigne le fait de ne pas appliquer la loi ou la règle car cette application compliquerait la situation au lieu de résoudre le problème.

Église russe 1589-1839

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Projection projection azimutale équivalente de Lambert
Centre 51°N et 35°E
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Hydrographie (côtes, cours d’eau, lacs) GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)
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Église russe 988-1589

La naissance de l’Église russe

L’Église russe apparaît avec le baptême du prince Volodiměrŭ (Vladimir en russe, Volodymyr en ukrainien, Uladzimir en biélorusse) à la fin du Xe s. (la date traditionnellement retenue est 988). Comme cette conversion était un des éléments qui scellait l’alliance entre la Russie et l’Empire byzantin, le patriarcat de Constantinople a tout fait pour éviter que ne se reproduise le cas bulgare, où une Église locale avait donné naissance à une Église autocéphale. De fait, malgré son éloignement, la métropole de Kiev est solidement ancrée dans le patriarcat de Constantinople.

Le XIIIe s. connaît de profondes modifications des équilibres au sein du monde orthodoxe. Après la conquête de Constantinople par les croisés en 1204, le patriarche s’installe à Nicée, où les Laskarides tentent de reconstituer un État byzantin. Il entre en conflit avec l’archevêque d’Ochrid, qui soutient un concurrent installé dans les anciennes provinces occidentales. Pour saper l’autorité de ce dernier, qui a juridiction sur les Slaves des Balkans, le patriarche reconnaît l’autocéphalie de l’Église bulgare, recréée en 1185, et accorde même l’autocéphalie à l’Église serbe. Ces Églises disparaissent au profit du patriarcat de Constantinople avec la conquête ottomane tant elles apparaissent comme des éléments de souveraineté de la Bulgarie et de la Serbie.

En Russie, l’invasion mongole a parachevé le processus de désagrégation en principautés. Le métropolite de Kiev se réfugie au nord, auprès de princes restés indépendants, à Vladimir puis à Moscou. Le patriarcat de Constantinople garde cependant le contrôle de la situation malgré des velléités d’émancipation. L’unité de l’Église russe est parfois remise en cause par la création d’une autre métropole pour couvrir les terres russes occidentales.

L’union des Églises est à l’origine de l’autocéphalie de l’Église russe. Le concile de Ferrare-Florence met fin au schisme entre les Églises latine et byzantine. L’Église byzantine reconnaît notamment la primauté pontificale ou la doctrine du purgatoire afin que le pape prêche une croisade contre les Ottomans en passe d’achever la conquête de l’Empire byzantin. Cet expédient politique fait l’objet d’un important rejet dans le monde orthodoxe.

L’Église russe en profite pour couper les ponts avec Constantinople, dont le patriarche est considéré comme hérétique pour s’être rallié aux Latins. En 1448, les évêques russes élisent le métropolite de Kiev (qui devient métropolite de Moscou en 1461) sans en référer à Constantinople. En 1458, le patriarche de Constantinople réinstalle un métropolite de Kiev et de toute la Russie, mais dont l’autorité est de facto limitée au territoire de l’État polono-lituanien. Lors d’un voyage en Russie, le patriarche de Constantinople, Jérémie II (r. 1572-1579, 1580-1584 et 1587-1595) accepte l’élévation du métropolite de Moscou au rang de patriarche. Le 26 janvier (5 février en calendrier grégorien) 1589, le métropolite Iov (Job) est intronisé patriarche de Moscou et de toute la Russie.

Église russe 988-1589

Cette carte a été élaborée comme support des cours et formations de l’Institut européen en sciences des religions.

Projection projection azimutale équivalente de Lambert
Centre 51°N et 35°E
Datum WGS 84
Hydrographie (côtes, cours d’eau, lacs) GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)
Natural Earth

Licence Creative Commons
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Territoire Églises orthodoxess

Les Églises autocéphales

Territoire Églises orthodoxesLe monde orthodoxe est un monde mal connu, en particulier son organisation en Églises autocéphales. L’objectif de cette carte est donc de montrer les différents territoires canoniques et leur lien plus ou moins marqué avec les frontières des pays de tradition orthodoxe. Cela produit de nombreux points de contestation, signalés par des hachures, dont le plus important est L’Ukraine. L’histoire de cette complexification fait l’objet d’une série de cartes.

En plus des Églises autocéphales, j’ai représenté les Églises autonomes, ce qui est un moyen pour prendre en compte des spécificités locales.

Cette carte se concentre sur le cœur du monde orthodoxe mais, à ce titre comporte des manques. D’abord, il manque les territoires canoniques extra-européens : l’Église orthodoxe russe en Amérique (dont l’autocéphalie est partiellement reconnue), et les Églises autonomes de Chine et du Japon (patriarcat de Moscou). Étendre le domaine couvert aurait rendu la carte plus complexe pour un gain minime. La diaspora n’a pas non plus été prise en compte : son organisation très complexe nécessiterait plutôt une carte spécifique. Dernier manque : les Églises non canoniques, c’est-à-dire des Églises orthodoxes qui ne sont reconnues par aucune des Églises autocéphales, ne sont pas figurées, par crainte de rendre la carte trop complexe et illisible.

Logiciels utilisés : QGIS pour la conception de la carte, Illustrator pour la mise en forme.

Projection : projection azimutale de Lambert. Centre : 40°N x 29°E.

Côtes, lacs et cours d’eau : GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database) et Natural Earth.


Les Églises orthodoxes ont conservé le principe pentarchique issu des conciles œcuméniques et de la législation byzantine : l’Église est considérée comme une confédération d’Églises indépendantes, ou autocéphales, du grec autós (αὐτός) [soi-même] et kephalḗ (κεφαλή) [tête] — littéralement le fait d’être sa propre tête — ce qui signifie que le primat de chaque Église autocéphale ne dépend d’aucun autre évêque.

Si les principes n’ont pas changé, le nombre d’Églises autocéphales a connu d’importantes variations. La montée en puissance de nouveaux États s’est accompagnée de l’autocéphalie, l’indépendance de l’Église étant perçue comme le pendant spirituel de la pleine souveraineté politique. À l’inverse, la disparition d’un État entraîne souvent, à terme, l’absorption de l’Église par l’Église autocéphale liée au vainqueur. La création d’une Église autocéphale n’est pas un processus clairement défini faisant l’objet d’un consensus. En définitive, c’est souvent la situation de fait — la capacité à faire accepter cette autocéphalie — qui l’emporte.

Au début du XXIe s., il existe 14 Églises autocéphales reconnues par les autres Églises orthodoxes. Certains Églises autocéphales comprennent des Églises autonomes. Le degré d’autonomie peut varier, mais la désignation du chef de cette Église est au minimum soumis à l’approbation du chef de l’Église autocéphale, dont l’autorité s’exerce en dernier ressort. 2 Églises sont partiellement reconnues. L’Église orthodoxe en Amérique, qui a obtenu son autocéphalie du patriarcat de Moscou en 1970, n’est reconnue que par le patriarcat de Moscou, le patriarcat de Géorgie, le patriarcat de Bulgarie, l’Église orthodoxe autocéphale polonaise et l’Église orthodoxe des terres tchèques et de Slovaquie.

La décision du patriarcat de Constantinople de reconnaître l’autocéphalie de l’Église d’Ukraine a conduit à une rupture avec le patriarcat de Moscou le 15 octobre 2018. Ce schisme, paroxysme du conflit larvé qui oppose les deux patriarcats depuis des années, menace l’unité du monde orthodoxe. Le patriarcat de Moscou considère que la métropole de Kiev lui a été transférée à la fin du XVIIe s., et que, par conséquence, l’Église ukrainienne est dans le ressort de l’Église russe. Le patriarcat de Constantinople voit dans ce transfert un expédient lié aux circonstances, et estime que, de jure, la métropole de Kiev n’a jamais cessé de relever de son autorité. De nouvelles circonstances — l’existence d’un État ukrainien souhaitant parachever son indépendance en coupant les liens spirituels avec Moscou — lui ont permis de réaffirmer cette autorité, fondement de la reconnaissance de l’autocéphalie. Pour l’heure, le patriarcat de Constantinople est le seul à reconnaître l’autocéphalie de l’Église d’Ukraine…


Cette carte a été élaborée comme support des cours et formations de l’Institut d’étude des religions et de la laïcité.

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La population juive dans le monde

La population juive dans le monde

La population juive dans le monde

Les cartes sur les religions à l’échelle mondiale sont problématiques. Pour celle-ci, consacrée à la population juive, j’ai décidé de rester dans le cadre des différents pays, qui restent le moyen le moins mauvais pour avoir des statistiques. On trouve ici les deux moyens habituels pour représenter les données religieuses : la part de la population (aplats) et le nombre absolu (cercles proportionnels).

Selon les méthodes employées, il y entre 14 et 17 millions de Juifs dans le monde. La carte montre les pays où la population juive représente plus de 0,1% de la population totale ou plus de 20 000 personnes. Même avec ces seuils assez bas, certaines communautés juives restent invisibles sur la carte.

Logiciels utilisés : QGIS pour la conception de la carte, Illustrator pour la mise en forme.

Données : Les chiffres sont tirés de l’étude de Sergio DellaPergola (Université hébraïque de Jérusalem), dont le pdf est disponible ici.

Projection : projection de Robinson. Méridien standard : 11°E.

Côtes et lacs : Natural Earth.

Frontières : Natural Earth.


Cette carte a été élaborée comme support des cours et formations de l’Institut d’étude des religions et de la laïcité.

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