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La quatrième croisade

La quatrième croisade

En 1187, Saladin s’empare de Jérusalem. Dans la foulée, il s’empare de presque tous les territoires des États latins, réduits à quelques points sur le littoral. La troisième croisade (1187-1192) parvient à rétablir la situation, mais sans reprendre Jérusalem : les croisés se contentent d’un accord garantissant le libre accès aux pèlerins chrétiens. Au passage, les croisés se sont emparés de Chypre, territoire byzantin érigé en royaume latin et qui sert de base arrière aux États latins.

Peu satisfait de ce résultat, Innocent III (r. 1198-1216) appelle à une nouvelle croisade dès le début de son pontificat. Cet appel est peu suivi : contrairement à ce qui s’était passé pour les deux croisades précédentes, peu de seigneurs importants répondent présent.

La croisade peine à s’organiser. En 1202, l’essentiel des troupes arrive à Venise, dont les activités commerciales ont été ralenties pour pouvoir réunir une importante flotte de transport vers l’Égypte, base du sultanat ayyoubide. Les croisés n’ont pas les moyens de payer la somme demandée. Le doge propose aux croisés de l’aider à mener des démonstrations de force en Adriatique pour consolider la présence vénitienne. C’est ainsi que les croisés assiègent et prennent Zara, ville chrétienne mais qui s’éloignait de l’orbite vénitienne. Innocent III réagit en excommuniant les croisés.

La politique byzantine rattrape la croisade. En 1195, l’empereur Isaac II (r. 1185-1195) a été renversé, aveuglé et emprisonné par son frère Alexis III. Le fils d’Isaac, Alexis, vient trouver les croisés et leur demande de l’aider à rétablir son père sur le trône impérial en échange d’une aide substantielle qui permettra aux croisés de réussir leur entreprise.

En 1203, la croisade paraît devant Constantinople et assiège vainement la ville, mais Alexis III s’enfuit, Isaac II est tiré de prison et Alexis couronné empereur. Celui-ci ne peut respecter ses engagements (ne serait-ce que parce Alexis III est parti avec la caisse) et met ses sujets sous pression pour collecter la somme promise, allant jusqu’à faire fondre les métaux précieux des icônes ! À cela s’ajoute une cohabitation difficile entre les habitants de Constantinople et l’armée croisée qui campe devant les murailles. En janvier 1204, après la morte d’Isaac II, Alexis IV est chassé du pouvoir, et Alexis V est couronné empereur. Il refuse d’honorer les engagements de son prédécesseur et commence à renforcer les défenses.

Les croises décident de prendre la ville pour leur propre compte. Après plusieurs échecs, la ville est finalement prise le 13 avril et pillée pendant trois jours. L’événement a une portée considérable, car la ville avait résisté à tous les sièges depuis sa fondation par Constantin et passait pour imprenable. Les croisés Venise se partagent le territoire byzantin, mais il leur faudra conquérir effectivement ces territoires : l’Empire, déjà travaillé par d’importantes forces centrifuges, se désagrège, et de nouveaux États s’organisent autour d’autorités locales. Deux ont clairement l’ambition de reprendre Constantinople et restaurer l’Empire byzantin : l’État d’Arta (Michel Doukas) et l’Empire de Nicée (Théodore Laskaris).

La prise de Constantinople a des conséquences religieuses importantes. Pour les croisés, et bientôt pour l’Église latine, elle est le signe de la faveur divine et la preuve de la condamnation des Byzantins, mauvais chrétiens qui n’ont pas soutenu la croisade. Innocent III, au départ furieux du détournement de la croisade, admet l’état de fait et tente d’imposer l’autorité de l’Église romaine à l’Église byzantine. De leur côté, les Byzantins considèrent certes avoir été châtiés par Dieu, mais que les Latins ont montré leur nature barbare et qu’en s’en prenant à leur coreligionnaire, ils n’avaient guère de chrétien que le nom.

Plus que la dispute qui aboutit au « schisme » de 1054, la quatrième croisade creuse un fossé infranchissable entre les deux chrétientés.

La quatrième croisade

Cette carte a été élaborée comme support des cours et formations de l’Institut européen en sciences des religions.

Projection Projection conique conforme de Lambert
Parallèles standards 36°N et 44°N
Datum WGS 84
Hydrographie (côtes, cours d’eau, lacs) GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)

Licence Creative Commons
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Premières conquêtes arabo-musulmanes

Les premières conquêtes musulmanes

À partir de 610, Muhammad [traditionnellement Mahomet] (v. 570 – 632), un marchand de La Mecque, commence à prêcher l’existence d’un Dieu unique et la nécessité de rejeter le culte des idoles pour suivre la volonté de ce Dieu. Cette nouvelle religion menace son propre clan, le clan Quraysh, qui domine alors La Mecque et doit en partie sa fortune à la Ka’aba, un sanctuaire polythéiste.

Devant l’intensification de la persécution, Muhammad décide de mettre à l’abri sa communauté en la transportant dans la ville de Yathrib en 622 : cette migration (arabe hidjra, francisé en Hégire) marque la rupture avec les Quraysh — et l’an 1 du calendrier musulman. La ville de Yathrib est bientôt connue sous le nom de Médine, de l’arabe Madīnat al-Nabī (ville du prophète).

Le conflit entre Mecquois et Médinois se traduit notamment par des raids des musulmans pour perturber le commerce caravanier de La Mecque. C’est dans ce cadre que se déroule la bataille de Badr (17 Ramadan 2 AH / 13 mars 624 AD). Cette bataille est importante : la mort de plusieurs figures importantes du clan Quraysh et la victoire contre une force très supérieure en nombre sont perçues comme des signes du soutien de Dieu. Cependant, l’année suivante, les Mecquois prennent leur revanche lors de la bataille d’Uhud (7 Shawwal 3 AH / 23 mars 625 AD). Les forces mecquoises, qui ne menaient qu’un raid de représailles, se replient. Elles entament un véritable siège de Médine en 627. L’épisode, connu comme la bataille de la tranchée (Shawwal – Dhu al-Qidah 5 AH / mars-avril 627 AD) s’achève par la victoire des musulmans. En 630, les Mecquois sont tellement affaiblis que Muhammad s’empare de La Mecque pratiquement sans coup férir. À sa mort en 632, la péninsule arabique est unifiée dans une nouvelle structure politique et religieuse.

La mort de Muhammad est à l’origine d’une crise grave. Les tribus de l’intérieur rejettent l’autorité de son successeur, la calife Abu Bakr (r. 632-634). Ce rejet est considéré comme une apostasie (arabe ridda), ce qui conduit le calife à mener plusieurs campagnes pour rétablir l’unité de la péninsule : les guerres de Ridda (632-633). Peu avant sa mort, les raids sur la frontière avec l’Empire byzantin et l’Empire perse reprennent.

Son successeur, Umar (r. 634-644), est le véritable organisateur du Califat. Son règne voit le début de l’expansion de l’Islam hors de la péninsule arabique. Devant la menace musulmane, l’Empire byzantin et l’Empire perse, qui sortent d’un guerre longue et éprouvante, décident de monter une campagne commune contre la puissance montante de la région.

Umar ne peut faire face à une telle alliance et décide de vaincre séparément ses adversaires. Il expédie son meilleur général, Khalid ibn al-Walid avec d’importants renforts contre l’Empire byzantin, pendant qu’il entame des négociations de paix avec l’empereur perse, Yazdgard III (r. 632-651). Voyant la manœuvre, l’empereur byzantin, Héraclius (r. 610-641), demande à ses troupes de rester sur la défensive et d’attendre ses ordres mais ses commandants, voyant l’armée musulmane recevoir des renforts quotidiennement, décident de passer à l’offensive avant que le rapport de force ne soit trop défavorable. L’armée byzantine subit une défaite décisive lors de la bataille du Yarmouk (15-20 août 636) : le Levant et l’Égypte sont aisément conquis par les vainqueurs, mais l’Empire byzantin parvient à éviter la conquête totale.

Après la victoire, Umar ordonne la fin des négociations. Les Perses passent à l’attaque mais ils sont défaits par l’armée califale, renforcée par des troupes venues de Syrie, lors de la bataille d’al-Qādisiyyah (16-19 novembre 636). Cette autre victoire décisive ouvre tout le plateau iranien aux armées musulmanes et, bientôt, tout l’Empire perse est conquis.

Premières conquêtes arabo-musulmanes

Cette carte a été élaborée comme support des cours et formations de l’Institut européen en sciences des religions.

Projection projection azimutale équivalente de Lambert
Centre 25°N, 45°E
Datum WGS 84
Hydrographie (côtes, cours d’eau, lacs) GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)
Natural Earth

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Arabie préislamique

L’Arabie pré-islamique

La péninsule arabique est un espace mal connu avant l’apparition de l’islam. Les témoignages des civilisations extérieures (gréco-romaine et perse) sont complétées par l’archéologie et les témoignages postérieurs des auteurs arabes.

La péninsule arabique est un espace largement aride. Les tribus arabes sont sédentaires ou nomades. L’appartenance à la tribu est essentiel et permet la survie dans un environnement difficile.

Le sud, relativement bien arrosé, a été qualifié par les auteurs gréco-romain d’Arabia Felix, que l’on traduit habituellement par Arabie heureuse, mais qui signifie plus exactement Arabie fertile. D’importants royaumes s’y sont développés, notamment dans la région du Yémen. Au tournant des VIe et VIIe siècles, ces royaumes sont en état de guerre constant, ce qui permet à l’Empire perse de s’emparer d’une partie de la région.

Le centre de l’Arabie connaît un climat désertique. La vie se concentre autour de quelques oasis, qui vivent du commerce caravanier. Les Arabes de cette Arabia deserta sont appelés en grec Sarakēnoí (Σαρακηνοί), littéralement ceux qui vivent sous la tente — nom francisé en Sarrasins.

Au nord, les Nabatéens ont été intégrés à l’Empire romain au cours du Ier siècle de l’ère commune, avec la création d’une province spécifique, l’Arabia Petraea (Arabie Pétrée) au début du IIe siècle. À la fin du IIIe, les Ghassanides, venus du sud de l’Arabie, fonde un royaume sur les frontières de l’Empire romain, dont il devient un vassal et sert de tampon face aux autres tribus arabes. Pratiquement au même moment, une autre tribu venue du sud, les Lakhmides, fondent un royaume sur les frontières de l’Empire perse, qui l’annexe au début du VIIe siècle.

L’historiographie islamique qualifie cette période de jāhilīya (ignorance). Pour autant, les tribus arabes ne sont pas uniformément polythéistes. Si les religions traditionnelles de la péninsule sont majoritaires, de nombreuses tribus sont juives, chrétiennes ou zoroastriennes.

Arabie préislamiqueCette carte a été élaborée comme support des cours et formations de l’Institut européen en sciences des religions.

Projection projection azimutale équivalente de Lambert
Centre 25°N, 45°E
Datum WGS 84
Topographie ETOPO1
Hydrographie (côtes, cours d’eau, lacs) GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)
Natural Earth

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