Master et DU

Territoire Églises orthodoxess

Les Églises autocéphales

Territoire Églises orthodoxesLe monde orthodoxe est un monde mal connu, en particulier son organisation en Églises autocéphales. L’objectif de cette carte est donc de montrer les différents territoires canoniques et leur lien plus ou moins marqué avec les frontières des pays de tradition orthodoxe. Cela produit de nombreux points de contestation, signalés par des hachures, dont le plus important est L’Ukraine. L’histoire de cette complexification fait l’objet d’une série de cartes.

En plus des Églises autocéphales, j’ai représenté les Églises autonomes, ce qui est un moyen pour prendre en compte des spécificités locales.

Cette carte se concentre sur le cœur du monde orthodoxe mais, à ce titre comporte des manques. D’abord, il manque les territoires canoniques extra-européens : l’Église orthodoxe russe en Amérique (dont l’autocéphalie est partiellement reconnue), et les Églises autonomes de Chine et du Japon (patriarcat de Moscou). Étendre le domaine couvert aurait rendu la carte plus complexe pour un gain minime. La diaspora n’a pas non plus été prise en compte : son organisation très complexe nécessiterait plutôt une carte spécifique. Dernier manque : les Églises non canoniques, c’est-à-dire des Églises orthodoxes qui ne sont reconnues par aucune des Églises autocéphales, ne sont pas figurées, par crainte de rendre la carte trop complexe et illisible.

Logiciels utilisés : QGIS pour la conception de la carte, Illustrator pour la mise en forme.

Projection : projection azimutale de Lambert. Centre : 40°N x 29°E.

Côtes, lacs et cours d’eau : GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database) et Natural Earth.


Les Églises orthodoxes ont conservé le principe pentarchique issu des conciles œcuméniques et de la législation byzantine : l’Église est considérée comme une confédération d’Églises indépendantes, ou autocéphales, du grec autós (αὐτός) [soi-même] et kephalḗ (κεφαλή) [tête] — littéralement le fait d’être sa propre tête — ce qui signifie que le primat de chaque Église autocéphale ne dépend d’aucun autre évêque.

Si les principes n’ont pas changé, le nombre d’Églises autocéphales a connu d’importantes variations. La montée en puissance de nouveaux États s’est accompagnée de l’autocéphalie, l’indépendance de l’Église étant perçue comme le pendant spirituel de la pleine souveraineté politique. À l’inverse, la disparition d’un État entraîne souvent, à terme, l’absorption de l’Église par l’Église autocéphale liée au vainqueur. La création d’une Église autocéphale n’est pas un processus clairement défini faisant l’objet d’un consensus. En définitive, c’est souvent la situation de fait — la capacité à faire accepter cette autocéphalie — qui l’emporte.

Au début du XXIe s., il existe 14 Églises autocéphales reconnues par les autres Églises orthodoxes. Certains Églises autocéphales comprennent des Églises autonomes. Le degré d’autonomie peut varier, mais la désignation du chef de cette Église est au minimum soumis à l’approbation du chef de l’Église autocéphale, dont l’autorité s’exerce en dernier ressort. 2 Églises sont partiellement reconnues. L’Église orthodoxe en Amérique, qui a obtenu son autocéphalie du patriarcat de Moscou en 1970, n’est reconnue que par le patriarcat de Moscou, le patriarcat de Géorgie, le patriarcat de Bulgarie, l’Église orthodoxe autocéphale polonaise et l’Église orthodoxe des terres tchèques et de Slovaquie.

La décision du patriarcat de Constantinople de reconnaître l’autocéphalie de l’Église d’Ukraine a conduit à une rupture avec le patriarcat de Moscou le 15 octobre 2018. Ce schisme, paroxysme du conflit larvé qui oppose les deux patriarcats depuis des années, menace l’unité du monde orthodoxe. Le patriarcat de Moscou considère que la métropole de Kiev lui a été transférée à la fin du XVIIe s., et que, par conséquence, l’Église ukrainienne est dans le ressort de l’Église russe. Le patriarcat de Constantinople voit dans ce transfert un expédient lié aux circonstances, et estime que, de jure, la métropole de Kiev n’a jamais cessé de relever de son autorité. De nouvelles circonstances — l’existence d’un État ukrainien souhaitant parachever son indépendance en coupant les liens spirituels avec Moscou — lui ont permis de réaffirmer cette autorité, fondement de la reconnaissance de l’autocéphalie. Pour l’heure, le patriarcat de Constantinople est le seul à reconnaître l’autocéphalie de l’Église d’Ukraine…


Cette carte a été élaborée comme support des cours et formations de l’Institut d’étude des religions et de la laïcité.

Licence Creative Commons
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Les 5 patriarcats

La pentarchie

Les conciles œcuméniques fixent l’organisation de l’Église en cinq patriarcats — d’où le nom de pentarchie.

Dans son organisation, l’Église avait choisi de s’adapter aux structures administratives de l’Empire romain : c’est le principe d’accommodement. Dans chaque cité (unité administrative de base) se trouve un évêque. L’évêque de la cité qui sert de capitale à la province (une métropole, dans le vocabulaire administrative romain) porte le titre d’évêque métropolitain, ou métropolite, et supervise les évêques de la province.

Au-dessus, rien n’est prévu. Dioclétien (r. 284-305) établit les diocèses (civils) comme nouvel échelon administratif entre les provinces et le pouvoir central, mais l’Église ne s’adapte pas à cette nouvelle structure. C’est plus l’aura de tel ou tel évêque qui permet à un siège de rayonner au-delà de son ressort. Après le premier concile de Constantinople (381), Théodose Ier (r. 379-392 sur l’Orient, 392-395 sur tout l’Empire) organise la partie orientale de l’Empire alors sous son contrôle en cinq diocèses ecclésiastiques correspondant aux diocèses civils : Égypte (Alexandrie), Orient (Antioche), Asie (Éphèse), Pont (Césarée de Cappadoce), Thrace (Héraclée puis Constantinople). Cette organisation partielle est annulée de fait par les décisions des conciles postérieurs. Après leur subordination à Constantinople, les métropolites d’Éphèse, Césarée et Héraclée gardent le titre honorifique d’exarque.

Le concile de Nicée (325) reconnaissait un rôle particulier aux évêques de Rome, Alexandrie et Antioche. Rome a été illustrée par Pierre et Paul, et c’est la capitale de l’Empire. Alexandrie et Antioche sont les deux grands centres intellectuels de la Chrétienté. Le premier concile de Constantinople (381) confirme l’ordre de préséance, et ajoute que Constantinople, la Nouvelle Rome (et nouvelle capitale impériale), doit recevoir la deuxième place, après l’Ancienne Rome. Le concile de Chalcédoine (451) confirme l’ordre et ajoute, en cinquième position, l’évêque de Jérusalem, soustrait à l’autorité du métropolite d’Antioche.

Justinien applique le terme « patriarche » à ces cinq métropolites particuliers, et le concile in Trullo (692) fixe définitivement la hiérarchie des cinq patriarcats. Les métropolites de Rome et d’Alexandrie continuent d’utiliser leur titre traditionnel de « pape » — à la place de celui de patriarche pour Rome, en complément pour Alexandrie.

Cette organisation comporte quelques cas particuliers. Lors du concile d’Éphèse (431), l’archevêque de Chypre a fait reconnaître son indépendance vis-à-vis du métropolite d’Antioche. Il obtient ce qu’on appellera par la suite l’autocéphalie (c’est-à-dire l’indépendance).

Hors de l’Empire, l’organisation est moins nette. Les chrétiens d’Arménie, de Géorgie et de l’Empire perse sont dirigés par évêque général, en grec katholikòs epískopos (καθολικὸς ἐπίσκοπος), d’où le terme catholicos. Cet évêque est théoriquement subordonné à un métropolite (Césarée de Cappadoce pour le catholicos d’Arménie, Antioche pour les catholicoi de Géorgie et de l’Orient), mais le titre finit par impliquer l’autocéphalie, et devenir synonyme de patriarche, d’où l’utilisation dans certaines de ces Églises du titre catholicos-patriarche.

La pentarchie est comprise comme un système dans lequel l’unité de l’Église se fait par la coopération harmonieuse des cinq patriarches, chacun restant totalement indépendant, en termes d’administration, des autres. Cela conduit, au sein de l’orthodoxie, à la multiplication des Églises autocéphales. Au contraire, le pape de Rome développe l’idée que son rang n’est pas qu’une primauté honorifique, mais implique la direction effective de l’ensemble de l’Église. Ces deux conceptions opposées de l’organisation de l’Église sont à l’origine de l’éloignement progressif des Églises latine (future catholique) et byzantine (future orthodoxe).

Les 5 patriarcats

Cette carte a été élaborée comme support des cours et formations de l’Institut européen en sciences des religions.

Projection Projection azimutale équivalente de Lambert
Centre 40°N, 19°E
Datum WGS 84
Hydrographie
(côtes, cours d’eau, lacs)
GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)
Natural Earth

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Les conciles œcuméniques

Les conciles œcuméniques

Lorsque Constantin légalise le christianisme, il découvre une religion divisée par des débats sur la nature du Christ. Après sa victoire dans la guerre civile, il demande aux évêques de trancher et de définir une position qui vaudra pour toute l’Église et qu’il s’engage à faire appliquer. Il convoque donc à Nicée (Constantinople, sa nouvelle capitale, est alors en chantier) une réunion (en latin concilium, d’où concile) de l’ensemble des évêques (d’où le grec latinisé oecumenicus, universel).

Le concile de Nicée (325) condamne l’arianisme. Arius, prêtre et théologien d’Alexandrie, enseigne que Jésus est bien dieu, mais à un degré moindre que le Père. Le concile de Nicée rejette cette doctrine et, au contraire, affirme que Jésus, le Fils, est de même nature (en grec homooúsios) que le Père. Dans le cadre de cette réfutations, les participants au concile rédigent le début du Credo (en latin je crois), document important qui contient les fondements du dogme chrétien.

La condamnation de l’arianisme ne fait pas taire la querelle. Un arianisme modéré, capable de faire la jonction entre la position nicéenne et la position arienne, aparaît même : l’homoiousisme, qui professe que Jésus est de nature semblable (en grec homoioúsios) au Père. En 381, le concile de Constantinople renouvelle la condamnation de l’arianisme et condamne toute formule qui ne reconnaîtrait pas l’identité de nature entre le Père et le Fils. Le Credo est alors achevé dans la forme qu’on lui connaît aujourd’hui.

Les questions de christologie se déplacent alors vers le rapport entre les deux natures (humaine et divine) de Jésus. Nestorius (v. 380 – v. 450), moine et prêtre formé à Antioche, et dont les sermons sont tellement appréciés que l’empereur Théodose II (r. 402-450) le nomme archevêque de Constantinople en 428, insiste sur leur séparation radicale, au point que Jésus Christ est deux personnes (une divine, une humaine), et que Marie n’a donné naissance qu’à la personne humaine et ne peut donc être dite Theotókos (mère de Dieu), qualificatif très populaire.

Les propositions de Nestorius déclenchent une importante controverse au sein de la Chrétienté. Pour faire taire ses adversaires, Nestorius demande à l’empereur de réunir un concile, qui se réunit à Éphèse en 431. Le concile, dominé par un de ses adversaires les plus résolus, le patriarche Cyrille d’Alexandrie (r. 412-444), condamne le nestorianisme et affirme le principe de deux natures distinctes mais unies dans une seule personne. L’Église de l’Orient, qui regroupe les chrétiens vivant dans l’Empire perse, rejette les décisions du concile et se sépare du reste de la Chrétienté. Elle est à l’origine de l’Église apostolique assyrienne de l’Orient, dont un groupe a reconnu l’autorité du pape au XVIe s. et constitue l’Église catholique assyrienne.

Certains vont trop loin dans leur critique de Nestorius. Eutychès (v. 380 – v. 456), moine de Constantinople, insiste tellement sur l’unité des deux natures qu’il finit par affirmer que la nature divine a absorbé la nature humaine — on parle de monophysisme (nature unique). En 451, le concile de Chalcédoine condamne les conceptions d’Eutychès. Il en profite pour réitérer la condamnation du nestorianisme.

Le concile de Chalcédoine est à l’origine d’un nouveau schisme : le rejet des affirmations d’Eutychès est universel, mais les formulations employées par le concile, qui insistent sur la différence entre les deux natures (deux natures sans confusion, sans altération, sans division, sans séparation), sont rejetées comme nestoriennes par certaines Églises, notamment l’Église d’Alexandrie (aujourd’hui Église copte orthodoxe), bientôt rejointe par l’Église d’Antioche (aujourd’hui Église syriaque orthodoxe), l’Église arménienne ou l’Église éthiopienne. Ces Églises sont dites monophysites par les Églises chalcédoniennes, mais elles refusent ce qualificatif et condamnent le monophysisme : elles se disent non-chalcédoniennes ou Église des trois conciles. Leur christologie est en fait miaphysite (nature unifiée). Contrairement au monophysisme, il n’a pas absorption de la nature humaine par la nature divine : les deux continuent d’exister, mais elles sont unifiées en une nature (reflet de l’unicité de la personne), qui est à la fois humaine et divine.

Ce schisme est plus problématique que le schisme de l’Église de l’Orient : en effet, il touche les chrétiens à l’intérieur même de l’Empire, dans des régions dont la fidélité est primordiale pour la survie de l’Empire — L’Égypte, grenier à blé, la Syrie, frontière avec le vieil adversaire perse. Le pouvoir impérial tente donc de réduire cette fracture.

La première tentative revient à Justinien (r. 527-565). Lors du deuxième concile de Constantinople (553), il fait condamner trois théologiens tenus jusque là pour parfaitement orthodoxes mais considérés comme nestoriens par les miaphysites. Cette tentative est un échec puisque cela semble conforter les miaphysites, qui attendent que les chalcédoniens fassent le dernier pas et reconnaissent leur erreur.

La deuxième tentative est soutenue par Héraclius (r. 610-641). À l’instigation de l’empereur, le patriarche Serge (r. 610-638) explique qu’il y a une unité dernière les actions de Jésus (on parle de monoénergisme). Devant l’opposition suscitée, l’empereur interdit la discussion concernant les « énergies » de Jésus, mais mentionne une volonté unique : on parle désormais de monothélisme. Cette formule n’a pas plus de succès : le pape Martin Ier (r. 649-653) s’y oppose vigoureusement, ce qui lui vaut d’être arrêté et exilé en Crimée ; une autre figure de l’opposition est Maxime le Confesseur (580-662), qui a la langue arrachée et la main droite coupée avant d’être exilé dans le Caucase. En 680-681, le troisième concile de Constantinople condamne le monothélisme et proclame l’existence de deux volonté en Jésus, une humaine et une divine.

Les deuxième et troisième concile de Constantinople, contrairement aux autres conciles œcuméniques, n’avaient pas rédigé de canons sur l’organisation et la disciple de l’Église. L’empereur Justinien II (r. 685-695 et 705-711) réunit un concile dans le palais impérial, dans une salle à coupole (en grec troúlos) d’où le nom de concille in Trullo. On parle aussi de concile Quinisextum (en latin) ou Penthéktē (en grec), qui signifient 5-6, car il complète les décisions des cinquième et sixième conciles œcuméniques. Il reprend aussi l’ensemble de la législation conciliaire. Les Églises orthodoxes voient dans ce concile un simple addendum aux conciles œcuméniques, ce qui donne à ses décisions une portée générale, tandis que l’Église romaine, qui n’y a pas participé, considère qu’il ne s’agit, au mieux, que d’un concile local dont les décisions n’ont de portée que locale. En tout état de cause, c’est un concile fondamental pour les Églises orthodoxes.

Le septième concile œcuménique est réuni dans des circonstances différentes. au VIIIe s., l’empereur Léon III (r. 717-741) promeut l’iconoclasme, c’est-à-dire la suppression des images comme support de dévotion. Son fils, Constantin V (r. 741-775) réunit un concile à Hiéreia, qui débouche sur la condamnation des images. Cependant, la résistance à l’iconoclasme, conduite notamment par les moines, est très forte. En 787, l’impératrice Irène, agissant au nom de son fils mineur, Constantin VI (r. 780-797), convoque un concile œcuménique, qui se réunit symboliquement à Nicée — sans compter que la population de Constantinople est très favorable à l’iconoclasme. Le concile condamne l’iconoclasme et promeut une théologie complexe de vénération des images. L’iconoclasme est de nouveau remis à l’honneur entre 815 et 843 avant d’être définitivement condamné.

Il est à noter que l’Église romaine réunit par la suite 14 conciles qu’elle considère comme œcuméniques, mais qui ne sont pas reconnus par les autres Églises chrétiennes.

Les conciles œcuméniques

Cette carte a été élaborée comme support des cours sur l’histoire du christianisme et des formations sur l’orthodoxie de l’Institut européen en sciences des religions.

Projection projection de Gauss-Krüger
Méridien standard 29°1 E
Datum WGS 84
Topographie ETOPO1
Hydrographie (côtes, cours d’eau, lacs) GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)

Licence Creative Commons
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Premières conquêtes arabo-musulmanes

Les premières conquêtes musulmanes

À partir de 610, Muhammad [traditionnellement Mahomet] (v. 570 – 632), un marchand de La Mecque, commence à prêcher l’existence d’un Dieu unique et la nécessité de rejeter le culte des idoles pour suivre la volonté de ce Dieu. Cette nouvelle religion menace son propre clan, le clan Quraysh, qui domine alors La Mecque et doit en partie sa fortune à la Ka’aba, un sanctuaire polythéiste.

Devant l’intensification de la persécution, Muhammad décide de mettre à l’abri sa communauté en la transportant dans la ville de Yathrib en 622 : cette migration (arabe hidjra, francisé en Hégire) marque la rupture avec les Quraysh — et l’an 1 du calendrier musulman. La ville de Yathrib est bientôt connue sous le nom de Médine, de l’arabe Madīnat al-Nabī (ville du prophète).

Le conflit entre Mecquois et Médinois se traduit notamment par des raids des musulmans pour perturber le commerce caravanier de La Mecque. C’est dans ce cadre que se déroule la bataille de Badr (17 Ramadan 2 AH / 13 mars 624 AD). Cette bataille est importante : la mort de plusieurs figures importantes du clan Quraysh et la victoire contre une force très supérieure en nombre sont perçues comme des signes du soutien de Dieu. Cependant, l’année suivante, les Mecquois prennent leur revanche lors de la bataille d’Uhud (7 Shawwal 3 AH / 23 mars 625 AD). Les forces mecquoises, qui ne menaient qu’un raid de représailles, se replient. Elles entament un véritable siège de Médine en 627. L’épisode, connu comme la bataille de la tranchée (Shawwal – Dhu al-Qidah 5 AH / mars-avril 627 AD) s’achève par la victoire des musulmans. En 630, les Mecquois sont tellement affaiblis que Muhammad s’empare de La Mecque pratiquement sans coup férir. À sa mort en 632, la péninsule arabique est unifiée dans une nouvelle structure politique et religieuse.

La mort de Muhammad est à l’origine d’une crise grave. Les tribus de l’intérieur rejettent l’autorité de son successeur, la calife Abu Bakr (r. 632-634). Ce rejet est considéré comme une apostasie (arabe ridda), ce qui conduit le calife à mener plusieurs campagnes pour rétablir l’unité de la péninsule : les guerres de Ridda (632-633). Peu avant sa mort, les raids sur la frontière avec l’Empire byzantin et l’Empire perse reprennent.

Son successeur, Umar (r. 634-644), est le véritable organisateur du Califat. Son règne voit le début de l’expansion de l’Islam hors de la péninsule arabique. Devant la menace musulmane, l’Empire byzantin et l’Empire perse, qui sortent d’un guerre longue et éprouvante, décident de monter une campagne commune contre la puissance montante de la région.

Umar ne peut faire face à une telle alliance et décide de vaincre séparément ses adversaires. Il expédie son meilleur général, Khalid ibn al-Walid avec d’importants renforts contre l’Empire byzantin, pendant qu’il entame des négociations de paix avec l’empereur perse, Yazdgard III (r. 632-651). Voyant la manœuvre, l’empereur byzantin, Héraclius (r. 610-641), demande à ses troupes de rester sur la défensive et d’attendre ses ordres mais ses commandants, voyant l’armée musulmane recevoir des renforts quotidiennement, décident de passer à l’offensive avant que le rapport de force ne soit trop défavorable. L’armée byzantine subit une défaite décisive lors de la bataille du Yarmouk (15-20 août 636) : le Levant et l’Égypte sont aisément conquis par les vainqueurs, mais l’Empire byzantin parvient à éviter la conquête totale.

Après la victoire, Umar ordonne la fin des négociations. Les Perses passent à l’attaque mais ils sont défaits par l’armée califale, renforcée par des troupes venues de Syrie, lors de la bataille d’al-Qādisiyyah (16-19 novembre 636). Cette autre victoire décisive ouvre tout le plateau iranien aux armées musulmanes et, bientôt, tout l’Empire perse est conquis.

Premières conquêtes arabo-musulmanes

Cette carte a été élaborée comme support des cours et formations de l’Institut européen en sciences des religions.

Projection projection azimutale équivalente de Lambert
Centre 25°N, 45°E
Datum WGS 84
Hydrographie (côtes, cours d’eau, lacs) GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)
Natural Earth

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Arabie préislamique

L’Arabie pré-islamique

La péninsule arabique est un espace mal connu avant l’apparition de l’islam. Les témoignages des civilisations extérieures (gréco-romaine et perse) sont complétées par l’archéologie et les témoignages postérieurs des auteurs arabes.

La péninsule arabique est un espace largement aride. Les tribus arabes sont sédentaires ou nomades. L’appartenance à la tribu est essentiel et permet la survie dans un environnement difficile.

Le sud, relativement bien arrosé, a été qualifié par les auteurs gréco-romain d’Arabia Felix, que l’on traduit habituellement par Arabie heureuse, mais qui signifie plus exactement Arabie fertile. D’importants royaumes s’y sont développés, notamment dans la région du Yémen. Au tournant des VIe et VIIe siècles, ces royaumes sont en état de guerre constant, ce qui permet à l’Empire perse de s’emparer d’une partie de la région.

Le centre de l’Arabie connaît un climat désertique. La vie se concentre autour de quelques oasis, qui vivent du commerce caravanier. Les Arabes de cette Arabia deserta sont appelés en grec Sarakēnoí (Σαρακηνοί), littéralement ceux qui vivent sous la tente — nom francisé en Sarrasins.

Au nord, les Nabatéens ont été intégrés à l’Empire romain au cours du Ier siècle de l’ère commune, avec la création d’une province spécifique, l’Arabia Petraea (Arabie Pétrée) au début du IIe siècle. À la fin du IIIe, les Ghassanides, venus du sud de l’Arabie, fonde un royaume sur les frontières de l’Empire romain, dont il devient un vassal et sert de tampon face aux autres tribus arabes. Pratiquement au même moment, une autre tribu venue du sud, les Lakhmides, fondent un royaume sur les frontières de l’Empire perse, qui l’annexe au début du VIIe siècle.

L’historiographie islamique qualifie cette période de jāhilīya (ignorance). Pour autant, les tribus arabes ne sont pas uniformément polythéistes. Si les religions traditionnelles de la péninsule sont majoritaires, de nombreuses tribus sont juives, chrétiennes ou zoroastriennes.

Arabie préislamiqueCette carte a été élaborée comme support des cours et formations de l’Institut européen en sciences des religions.

Projection projection azimutale équivalente de Lambert
Centre 25°N, 45°E
Datum WGS 84
Topographie ETOPO1
Hydrographie (côtes, cours d’eau, lacs) GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)
Natural Earth

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La victoire de Constantin 314-324

La victoire de Constantin

À la fin de l’année 313, la situation de l’Empire romain commence à se clarifier. Constantin et Licinius ont vaincu leurs adversaires ce qui a permis de réduire le nombre d’empereurs. Cependant, le nouvel équilibre est délicat.

Les rapports entre les deux empereurs se détériorent. Un premier conflit a lieu en 316-317, suivi d’un bref rabibochage. Au passage, Constantin s’est emparé de la majeure partie des Balkans. En 324, la rupture est définitive. Prenant pour prétexte la reprise des persécutions contre les chrétiens, Constantin envahit le territoire de Licinius. Après sa défaite lors de la bataille de Chrysopolis (18 septembre 324), Licinius est autorisé à vivre en simple particulier. L’année suivante, il fait arrêter et exécuter Licinius pour complot.

Constantin a réussi à rétablir l’unité de l’Empire. L’idée de direction collégiale de l’Empire a vécu, et le principe monarchique est bien établi.

La victoire de Constantin 314-324

 

Cette carte a été élaborée comme support des cours et formations de l’Institut européen en sciences des religions.

Projection Projection azimutale équivalente de Lambert
Centre 40°N, 19°E
Datum WGS 84
Hydrographie
(côtes, cours d’eau, lacs)
GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)
Natural Earth

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Judée

La Judée au début de l’ère chrétienne

La deuxième moitié du Ier s. av. J.-C., l’Empire romain s’installe au Proche Orient. Entre la création de la province de Syrie (64 av. J.-C.) et l’annexion de l’Égypte (30 av. J.-C.), il s’impose comme un acteur majeur de la région. Le royaume de Judée parvient à conserver, au moins formellement, son indépendance, mais il ne peut échapper aux ingérences romaines.

À la mort d’Hérode (4 av. J.-C.), son royaume est divisé entre trois de ses fils et sa sœur, mais Rome refuse le titre de roi à Hérode Archelaüs. Il doit se contenter de celui d’ethnarque, qui désigne le chef d’une population. En 6 ap. J.-C., après un règne troublé, Archelaüs est déposé par les Romains qui prennent le contrôle direct de la Judée qui est, dans un premier temps, administrée comme une annexe de la province de Syrie.

Cette carte a été élaborée comme support des cours sur l’histoire du christianisme à l’Institut européen en sciences des religions.

Projection Transverse universelle de Mercator, fuseau 36 nord
Datum WGS 84
Topographie (ombrage) SRTM 30 (Shuttle Radar Topography Mission)
Hydrographie (côtes, cours d’eau, lacs) GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)

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Naissance des États pontificaux

L’intervention franque en Italie

Au milieu du VIIIe s., la papauté est en difficulté. En condamnant l’iconoclasme, Grégoire II (r. 715-731) et Grégoire III (r. 731-741) s’aliènent les empereurs byzantins qui en sont les promoteurs. À cette époque, la conquête lombarde connaît une nouvelle accélération ; une étape décisive est franchie avec la conquête de l’exarchat de Ravenne en 751 (si vous avez raté cet épisode, allez-voir cette carte).

Alors que le roi des Lombards, Aistulf (r. 749-756), tourne son attention vers Rome, la papauté se tourne vers les Francs, avec lesquels elle noue une alliance solide et durable. Le pape Zacharie (r. 741-752) délie les Francs de leur serment, ce qui permet à Pépin le Bref, maire du palais, de devenir roi des Francs (r. 751-768). En 754, son successeur, Étienne II (r. 752-759) se rend à Saint-Denis, oint Pépin et sa famille (action considérée a posteriori comme le premier sacre) et signe un traité d’alliance par lequel Pépin s’engage à lui remettre les territoires récemment conquis par les Lombards (première donation de Pépin).

À l’issue d’une première campagne, Aistulf s’engage à restituer les territoires en question. À peine Pépin a-t-il franchi les Alpes que les Lombards assiègent Rome. En 756, Pépin mène une nouvelle campagne contre les Lombards. La victoire franque donne lieu à une nouvelle donation mais, cette fois, Pépin veille à la remise effective des villes.

Le problème lombard est définitivement réglé par Charlemagne (r. 768-814), qui conquiert purement et simplement le royaume des Lombards en 774. À cette occasion, il renouvelle les donations de Pépin. Par la suite, il procède à de nouvelles donations.

Avec les donations des rois francs, le pape devient un souverain temporel qui est définitivement sorti de l’orbite de l’Empire byzantin. Malgré de nombreuses vicissitudes, les États pontificaux traversent le temps jusqu’à la conquête de Rome par l’Italie en 1870. Le couronnement impérial de Charlemagne en 800 marque l’apogée de l’alliance entre la papauté et les rois francs, mais il met aussi en évidence son ambiguïté : Charlemagne va y chercher un renforcement de son pouvoir en lui donnant un caractère sacré, tandis que la papauté désigne son bras armé et le défenseur de l’Église.

Cette carte a été élaborée comme support des cours sur l’histoire du christianisme et des formations sur l’orthodoxie à l’Institut européen en sciences des religions.

Projection projection conique conforme de Lambert
Parallèles standard 38°40 N et 45°20 N
Datum WGS 84
Hydrographie (côtes, cours d’eau, lacs) GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)

Licence Creative Commons
Cette œuvre est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution – Pas d’Utilisation Commerciale – Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.

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Conversion Europe orientale

La conversion de l’Europe orientale

À partir du IXe s., on observe un renouveau de l’effort missionnaire chrétien. Si dans l’ouest des Balkans, la progression du christianisme est le résultat d’une lente diffusion à partir des régions christianisées, ailleurs, cet effort vient en grande partie de la volonté des souverains d’Europe orientale d’entrer dans la Chrétienté. Pour les dirigeants de ces États en constitution, le christianisme apparaît aussi comme un moyen de renforcement de leur autorité. Du côté des États chrétiens, la conversion des voisins est un moyen pour étendre son influence et pour établir des relations pacifique — ils partent du principe que des chrétiens ne feront pas la guerre à leurs correligionnaires.

Lorsque le duc de Grande Moravie Ratislav (r. 846-870) fait appel au patriarche de Constantinople, il a deux objectifs : consolider le christianisme dans un pays en cours de conversion, et contrecarrer  l’influence du clergé franc venu de Germanie. Les frères Constantin (qui deviendra moine sous le nom de Cyrille) et Michel (moine sous le nom de Méthode) ont une action décisive en décidant de traduire en slavon la liturgie et les textes sacrés — en élaborant au passage un alphabet prenant en compte les spécificités de cette langue. Cependant, leur mission est captée par la papauté… et réduite à néant par Svatopluk (r. 870-894), qui chasse les disciples de Cyrille et Méthode.

La Bulgarie donne lieu à un accrochage plus grave entre les chrétientés latine et byzantine. Pour l’Empire byzantin, convertir les Bulgares est l’espoir de mettre fin à l’état de guerre quasi-permanent avec ces voisins particulièrement redoutables. De son côté, le khan Boris (r. 852-889) envisage l’adoption du christianisme dans le cadre du renforcement de son autorité : il ne s’agit donc pas de mettre en place une Église qui serait contrôlée par le patriarche de Constantinople. Le khan fait donc jouer la concurrence. Missionnaires latins et byzantins ont donc l’occasion de comparer leurs pratiques et de dénoncer leurs différences (pains azymes ou avec levain, mariage des prêtres, Filioque…) comme autant de déviances de l’orthodoxie, le tout envenimé par le conflit entre le pape Nicolas Ier (r. 858-867) et le patriarche Phôtios (r. 858-867 et 877-886). Finalement, Boris choisi Constantinople et se fait baptiser sous le nom de Mihail (Michel) : l’Église bulgare sera autocéphale (autonome) sous l’autorité théorique du patriarche. L’arrivée en Bulgarie des disciples de Cyrille et Méthode permet la consolidation de cette Église particulière, avec expulsion du clergé grec.

Dans l’ensemble, ce mouvement de conversion a plutôt bénéficié à l’Église latine. La plus belle réussie du patriarcat de Constantinople reste la conversion des Russes, ce qui garantit une alliance solide avec la grande puissance d’Europe de l’Est. Jusqu’au XVe s., la métropole de Kiev, malgré les velléités d’indépendance, est parfaitement tenue en mains par le patriarcat.

Conversion Europe orientale

 

Cette carte a été élaborée comme support des cours sur l’histoire du christianisme et des formations sur l’orthodoxie à l’Institut européen en sciences des religions.

Projection projection azimutale équivalente de Lambert
Centre 40° N et 19° E
Datum WGS 84
Topographie (ombrage) ETOPO1
Hydrographie (côtes, cours d’eau, lacs) GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)
Natural Earth

Licence Creative Commons
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Carte du Mont Athos Grèce

Mont Athos

Le mont Athos (aujourd’hui République monastique du mont Athos) est une montagne monastique qui abrite vingt grands monastères associés à des ermitages (skites). C’est un des lieux emblématiques du monde orthodoxe.

La fortune du mont Athos commence avec la fondation par Athanase du monastère de la Grande Laure (ou monastère de Lavra) en 963. Cette fondation rompt avec la tradition qui prévalait alors sur la Sainte Montagne, où vivaient des ermites attirés par ce lieu difficile d’accès.  Désormais, le passage dans un monastère est conçu comme une étape qui prépare à la vie érémitique.

Le succès est immédiat. Les disciples d’Athanase fondent de nouveaux monastères, et des moines venus de tout le monde orthodoxe (Géorgiens, Russes, Bulgares, Serbes, Roumains…) s’installent à leur tour. Les fondations bénéficient du soutien de l’empereur, du patriarche et des princes locaux. Au fil du temps, le mont Athos devient la forteresse de l’orthodoxie où, comme l’écrit Jean Cantacuzène au XIVe s., les moines de l’Athos sont « comme Atlas et soutiennent le monde par leurs prières ».

Carte du Mont Athos Grèce

Cette carte a été élaborée comme support des cours sur l’histoire du christianisme et des formations sur l’orthodoxie de l’Institut européen en sciences des religions.

Projectionprojection de Gauss-Krüger
Méridien standard24°15 E
DatumWGS 84
TopographieEU-DEM (Digital elevation model over Europe)
CôtesOpenStreetMap
Licence Creative Commons


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