La conversion de l’Europe orientale

À partir du IXe s., on observe un renouveau de l’effort missionnaire chrétien. Si dans l’ouest des Balkans, la progression du christianisme est le résultat d’une lente diffusion à partir des régions christianisées, ailleurs, cet effort vient en grande partie de la volonté des souverains d’Europe orientale d’entrer dans la Chrétienté. Pour les dirigeants de ces États en constitution, le christianisme apparaît aussi comme un moyen de renforcement de leur autorité. Du côté des États chrétiens, la conversion des voisins est un moyen pour étendre son influence et pour établir des relations pacifique — ils partent du principe que des chrétiens ne feront pas la guerre à leurs correligionnaires.

Lorsque le duc de Grande Moravie Ratislav (r. 846-870) fait appel au patriarche de Constantinople, il a deux objectifs : consolider le christianisme dans un pays en cours de conversion, et contrecarrer  l’influence du clergé franc venu de Germanie. Les frères Constantin (qui deviendra moine sous le nom de Cyrille) et Michel (moine sous le nom de Méthode) ont une action décisive en décidant de traduire en slavon la liturgie et les textes sacrés — en élaborant au passage un alphabet prenant en compte les spécificités de cette langue. Cependant, leur mission est captée par la papauté… et réduite à néant par Svatopluk (r. 870-894), qui chasse les disciples de Cyrille et Méthode.

La Bulgarie donne lieu à un accrochage plus grave entre les chrétientés latine et byzantine. Pour l’Empire byzantin, convertir les Bulgares est l’espoir de mettre fin à l’état de guerre quasi-permanent avec ces voisins particulièrement redoutables. De son côté, le khan Boris (r. 852-889) envisage l’adoption du christianisme dans le cadre du renforcement de son autorité : il ne s’agit donc pas de mettre en place une Église qui serait contrôlée par le patriarche de Constantinople. Le khan fait donc jouer la concurrence. Missionnaires latins et byzantins ont donc l’occasion de comparer leurs pratiques et de dénoncer leurs différences (pains azymes ou avec levain, mariage des prêtres, Filioque…) comme autant de déviances de l’orthodoxie, le tout envenimé par le conflit entre le pape Nicolas Ier (r. 858-867) et le patriarche Phôtios (r. 858-867 et 877-886). Finalement, Boris choisi Constantinople et se fait baptiser sous le nom de Mihail (Michel) : l’Église bulgare sera autocéphale (autonome) sous l’autorité théorique du patriarche. L’arrivée en Bulgarie des disciples de Cyrille et Méthode permet la consolidation de cette Église particulière, avec expulsion du clergé grec.

Dans l’ensemble, ce mouvement de conversion a plutôt bénéficié à l’Église latine. La plus belle réussie du patriarcat de Constantinople reste la conversion des Russes, ce qui garantit une alliance solide avec la grande puissance d’Europe de l’Est. Jusqu’au XVe s., la métropole de Kiev, malgré les velléités d’indépendance, est parfaitement tenue en mains par le patriarcat.

Conversion Europe orientale

 

Cette carte a été élaborée comme support des cours sur l’histoire du christianisme et des formations sur l’orthodoxie à l’Institut européen en sciences des religions.

Projection projection azimutale équivalente de Lambert
Centre 40° N et 19° E
Datum WGS 84
Topographie (ombrage) ETOPO1
Hydrographie (côtes, cours d’eau, lacs) GSHHG (Global, Self-consistent, Hierarchical, High-resolution, Geography Database)
Natural Earth

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